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Palestine-Israël: Mahmoud Abbas appelle à expier la Déclaration Balfour

lundi 8-janvier-2018

Dans cette chronique le Président palestinien également président du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine exhorte à mettre fin à l’injustice subie par son peuple. Beaucoup de Britanniques ne connaissent pas Sir Arthur James Balfour un ministre des affaires étrangères du début du XXe siècle. Mais pour 12 millions Palestiniens ce nom est trop familier. À l’occasion du 100ème anniversaire de la déclaration Balfour le gouvernement britannique devrait saisir l’occasion pour redresser la situation.

À son bureau à Londres le 2 novembre 1917 Balfour a signé une lettre promettant la terre de Palestine à la Fédération sioniste un mouvement politique récemment établi dont le but était la création d’un État juif. Il a promis une terre qu’il n’était pas à promettre sans tenir compte des droits politiques de ceux qui y vivaient déjà. Pour le peuple palestinien – mon peuple – les événements déclenchés par cette lettre ont été aussi dévastateurs et ont eu des conséquences profondes pour notre peuple.

Cette politique britannique visant à soutenir l’immigration juive en Palestine niant le droit arabo-palestinien à l’autodétermination a créé de graves tensions entre les immigrants juifs européens et la population palestinienne indigène. La Palestine (le dernier point de l’ordre du jour de la décolonisation) et nous ses peuples qui recherchaient notre droit inaliénable à l’autodétermination avons plutôt souffert notre plus grande catastrophe – en arabe la Nakba.

En 1948 les milices sionistes ont expulsé de force plus de 800 000 hommes femmes et enfants de leur patrie perpétrant des massacres horribles et détruisant des centaines de villages. J’avais 13 ans au moment de notre expulsion de Safad. L’occasion où Israël célèbre sa création en tant qu’État représente pour nous les Palestiniens le jour le plus sombre de notre histoire.

La déclaration Balfour n’est pas quelque chose qui peut être oublié. Aujourd’hui les Palestiniens comptent plus de 12 millions de personnes dispersés dans le monde entier. Certains ont été chassés de leur patrie en 1948 et plus de 6 millions vivent encore en exil à ce jour. Ceux qui ont réussi à rester dans leurs maisons comptent environ 175 million de personnes et vivent dans un système de discrimination institutionnalisée dans ce qui est maintenant l’état d’Israël.

Environ 29 millions vivent en Cisjordanie sous une occupation militaire draconienne devenue une colonisation dont 300 000 sont des habitants de Jérusalem qui ont jusqu’à présent résisté aux politiques visant à les expulser de leur ville. Deux millions de personnes vivent dans la bande de Gaza une prison ouverte soumise à des destructions régulières par la force de l’appareil militaire israélien.

La déclaration Balfour n’est pas une occasion à célébrer – certainement pas tant que l’un des peuples touchés continue de subir une telle injustice. La création d’une patrie pour un peuple a abouti à l’expulsion et à la poursuite de la persécution d’un autre – maintenant un profond déséquilibre entre occupant et occupé. L’équilibre doit être rétabli et la Grande-Bretagne assume une grande part de la responsabilité en ouvrant la voie. Les célébrations doivent attendre le jour où tout le monde dans cette terre a la liberté la dignité et l’égalité.

L’acte physique de la signature de la déclaration Balfour est passé- ce n’est pas quelque chose qui peut être changé. Mais c’est quelque chose qui peut être corrigé. Cela nécessitera de l’humilité et du courage. Cela exigera de se réconcilier avec le passé de reconnaître les erreurs et de prendre des mesures concrètes pour corriger ces erreurs.

Je salue l’intégrité de ces Britanniques qui appellent leur gouvernement à prendre de telles mesures: les 274 députés qui ont voté en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine; les milliers de personnes qui ont demandé à leur gouvernement de présenter des excuses pour la déclaration Balfour; les ONG et les groupes de solidarité qui défilent dans la rue défendent sans relâche nos droits en tant que Palestiniens.

Malgré les horreurs que nous avons endurées au cours du siècle dernier le peuple palestinien est resté inébranlable. Nous sommes une nation fière avec un riche héritage de civilisations anciennes et le berceau des religions abrahamiques. Au fil des années nous nous sommes adaptés aux réalités qui nous entourent- la série d’événements déclenchée en 1917 – et avons fait des compromis profondément douloureux pour la paix en commençant par accepter un État sur seulement 22% de notre patrie historique tout en reconnaissant l’Etat d’Israël sans aucune réciprocité jusqu’ici.

Nous avons adopté la solution des deux États au cours des 30 dernières années une solution qui devient de plus en plus impossible avec chaque jour qui passe. Tant que l’État d’Israël continuera à être célébré et récompensé plutôt qu’être tenu responsable des normes universelles pour ses violations continues de la loi internationale il n’aura aucune raison de mettre fin à l’occupation. C’est à courte vue.

Israël et les amis d’Israël doivent se rendre compte que la solution des deux États pourrait bien disparaître mais le peuple palestinien sera toujours là. Nous continuerons à lutter pour notre liberté que cette liberté passe par la solution des deux États ou au bout du compte par des droits égaux pour tous ceux qui habitent la Palestine historique. Il est temps que le gouvernement britannique fasse sa part. Des mesures concrètes pour mettre fin à l’occupation sur la base du droit international et des résolutions y compris la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations Unies et la reconnaissance de l’état de Palestine sur la frontière de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale peuvent contribuer à droits politiques du peuple palestinien.

Ce n’est qu’une fois que cette injustice aura été réglée que nous aurons les conditions d’une paix juste et durable au Moyen-Orient – pour le bien des Palestiniens des Israéliens et du reste de la région.

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