Daté de novembre 2009 le document de l’ambassade étasunienne à Tel-Aviv résume un briefing donné par Claudio Bisorgniero secrétaire général adjoint de l’OTAN pendant sa visite en Israël.
À la sortie de l’entretien avec Avigdor Liebermann ministre des affaires étrangères israélien Bisorgniero a signalé qu’Israël souhaitait signer un Accord sur le statut des forces (SOFA) avec l’alliance. Un tel accord prévoit les règles régissant les troupes du pays lorsqu’ elles opèrent à l’étranger.
L’idée d’un SOFA (acronyme ridicule) entre Israël et l’Alliance est défendue par le lobby sioniste depuis quelques années. Moins de deux semaines avant la rédaction du télégramme la publication politique Europe’s World a publié un article de Matthew Mark Horn du congrès juif américain sur les relations d’Israël avec l’OTAN. Il a indiqué qu’un accord sur le statut des forces permettrait à Israël de se joindre aux opérations de l’OTAN plus rapidement qu’il ne l’a fait jusqu’à maintenant. Horn ancien officiel du département de la défense US a rongé son frein quand il a fallu deux ans de négociation avant qu’un officier Israélien ne puisse être détaché au siège de l’opération Active Endeavour à Naples. À l’origine cette patrouille méditerranéenne faisait partie de la réponse de l’OTAN aux atrocités du 11 septembre 2001 ; sa mission avait été ultérieurement étendue pour lui permettre d’intervenir afin d’empêcher les étrangers pauvres de naviguer vers l’Europe.
« Question délicate »
Bisorgniero a qualifié l’idée israélienne concernant SOFA de « délicate ». Il a laissé entendre qu’il pourrait être difficile à l’OTAN de conclure un tel accord avec Israël à moins que des arrangements similaires puissent être passés avec certains pays arabes. Depuis 1994 l’OTAN a participé à un dialogue méditerranéen avec les états voisins de l’Alliance. Outre Israël ces Etats comprennent l’Égypte l’Algérie la Tunisie le Maroc la Jordanie et la Mauritanie. Israël a toutefois utilisé ce forum de dialogue pour forger des liens avec l’Alliance plus étroits que ceux de tous les autres pays. Il est révélateur que le télégramme ne parle pas une seule fois de l’opération Plomb durci attaque israélienne menée contre Gaza en 2008 et 2009. L’OTAN a donné son approbation tacite à cet acte d’agression au début de la même année. Lorsque Gabi Ashkenazi chef militaire israélien qui a supervisé Plomb durci a visité Bruxelles en janvier il a été invité à un dîner d’adieu pour marquer son départ imminent à la retraite en tant que chef de « l’armée la plus morale » du monde.
Aucun sentiment de culpabilité concernant les massacres
Sous la direction d’Ashkenazy cette armée a tué 22 membres de la famille al-Dayah – dont deux enfants et une femme enceinte-lorsqu’elle a bombardé la maison de la famille à Gaza au début de 2009. Les commandants de l’OTAN se sont peut-être senti des affinités avec Ashkenazy ce mois-ci quand ils ont essayé d’excuser un massacre encore plus sanglant en Libye. La nuit du 8 août l’OTAN a attaqué des zones résidentielles de Zliten ville du district de Misrata. Selon les autorités libyennes il y a eu 85 victimes dont 33 enfants et 32 femmes selon certains rapports.
Si vous n’avez pas entendu parler de ce massacre ne vous frappez pas ; c’est à peine s’il a été mentionné dans la presse occidentale. Matthew Price s’est rendu sur le site de l’attaque et il a admis avoir vu des corps de femmes et d’enfants à la morgue. Mais il a également essayé de valider la version de l’OTAN selon laquelle la cible frappée était légitime (selon l’expression du propagandiste Roland Lavoie) puisque les partisans de Kadhafi s’y étaient réfugiés. « Le front n’est pas loin » disait Price. « On peut voir des fumées blanches monter du site où les combats ont eu lieu. Il serait logique que les soldats aient besoin de se reposer quelque part dans la zone ». Les commandants de l’OTAN et ses laquais dans les médias n’éprouvent même pas le moindre remords d’avoir assassiné des enfants. Il serait donc logique que l’OTAN s’assure que son flirt avec Israël conduise à un mariage en bonne et due forme.
* David Cronin est l’auteur de Europe’s Alliance With Israel : Aiding the Occupation (Pluto Press 2011). Il a notamment écrit pour The Guardian The Wall Street Journal Europe European Voice the Inter Press Service The Irish Times et The Sunday Tribune. Militant politique il a essayé de procéder à l’arrestation citoyenne de Tony Blair et d’Avigdor Lieberman pour crimes contre l’humanité.
25 août 2011 – The Electronic Intifada – Ce texte peut être consulté ici :
http://electronicintifada.net/blog/…
Traduction : Anne-Marie Goossens