Thu 4-July-2024

Israël attaque l’Université Birzeit et arrête des étudiants

samedi 30-mars-2019

Les forces israéliennes déguisées en Palestiniens ont assailli le campus de l’université Birzeit mardi et enlevé trois étudiants.
« Les kidnappeurs sont entrés sur le campus en cassant la porte principale de l’université avec une machine spéciale ils ont fait irruption dans la pièce où se trouvent des guichets automatiques près du bâtiment du Conseil Étudiant et ont arrêté Abu Qaraa Udai Nakhla et Tawfiq Abu Arqoub” selon ce qu’a déclaré l’université.
Des media locaux ont fait circuler des photos des étudiants à la suite de leur arrestation ainsi que des photos montrant les dommages causés par l’attaque.
Abu Arqoub s’était réfugié sur le campus de son université depuis le mois dernier pour éviter une arrestation par les forces de l’Autorité Palestinienne qui travaille étroitement avec Israël selon Addameer le groupe de défense des droits des prisonniers palestiniens.
Abu Arqoub a été emprisonné plusieurs fois par Israël et par l’Autorité Palestinienne ce qui a gravement interrompu son cursus universitaire pendant des années.
Birzeit a condamné l’enlèvement de ses étudiants disant de l’attaque israélienne que c’était « une violation directe de l’inviolabilité des universités et une attaque éhontée contre le droit à l’éducation qui est garanti par tout le droit international et les conventions internationales ».
« L’attaque d’institutions académiques palestiniennes par les forces d’occupation israéliennes résulte de la culture très répandue de l’impunité au sein des autorités d’occupation » a déclaré Addameer.
Mercredi des étudiants de Birzeit ont protesté contre l’arrestation de leurs pairs et ont manifesté pour montrer leur solidarité avec les prisonniers palestiniens dans le Naqab.

Opération clandestine

Il y a un an des agents infiltrés de la police des frontières israélienne déguisés en journalistes ont pris d’assaut Birzeit et ont arrêté Omar Kiswani la tête du Conseil Étudiant.
Les agents israéliens ont blessé des étudiants en tirant des coups de feu lors de leur incursion.
Les agents israéliens infiltrés – appelés mistaravim- s’habillent en palestiniens pour enlever blesser et infiltrer des groupes de civils souvent durant des manifestations contre l’occupation militaire israélienne.
Israël a même employé des mistaravim pour kidnapper et tuer des Palestiniens dans des hôpitaux.

Attaques d’écoles

La semaine dernière des bulldozers israéliens ont démoli un bâtiment de l’école al-Razi du camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem Est sous prétexte qu’il avait été construit sans permis et aussi pour « raisons de sécurité » (voir vidéo ici).
Les forces israéliennes ont attaqué et frappé le directeur de l’école des enseignants et des habitants pendant la démolition.
Israël accorde rarement des permis de construire à des Palestiniens sur leur propre terre ce qui les force à faire face à leurs besoins de logement et autres par des constructions qui désobéissent aux ordres de l’occupation.
Alqam a dit que l’école n’avait pas été préalablement avertie de la démolition du bâtiment selon l’agence de presse palestinienne Safa.
La municipalité israélienne qui régit Jérusalem Est a exigé de l’école en novembre dernier qu’elle cesse de construire également sous un prétexte de sécurité et Alqam a dit que la construction s’était effectivement arrêtée.
Il a ajouté qu’il pouvait prouver devant un tribunal israélien à partir de prises de vues aériennes et de cartes que le bâtiment existe depuis environ 45 ans et qu’il était en réparation ; et il a fait appel de la décision de démolir.
Mais sa demande a été rejetée.
L’école devait être prête au début de septembre pour recevoir 400 élèves dans l’espoir de soulager le manque de salles de classe et d’espaces éducatifs pour les Palestiniens à Jérusalem Est.
Mardi des dizaines de colons israéliens ont essayé de s’introduire dans deux écoles de la localité de Tuqu près de la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée.
Des enseignants et des villageois ont réussi à empêcher les colons d’entrer dans les écoles malgré la façon dont les soldats protégeaient les colons en se servant contre eux d’armes de contrôle des foules.
« Les écoles du village qui sont contiguës à une route utilisée par les colons ont été régulièrement attaquées par des colons et soldats israéliens » a rapporté le journal Al-Quds Al-Arabi.
Une augmentation marquée de la violence liée à l’occupation s’est produite dans ou à proximité d’écoles palestiniennes de Cisjordanie au cours de l’année scolaire actuelle.

Attaques sur la presse

Parallèlement Israël cherche à exiler de force le photojournaliste Mustafa al-Kharouf âgé de 33 ans après un long emprisonnement.
Al-Kharouf qui travaille pour l’agence de presse turque Anadolu a été arrêté chez lui dans le quartier de Wadi-al-Joz de Jérusalem Est occupée le 22 janvier et emmené à la prison de Givon à Ramle dans l’actuel Israël où des demandeurs d’asile et d’autres personnes sous menace d’expulsion sont généralement détenus.
En février un tribunal israélien lui a refusé le regroupement familial en invoquant « une base sécuritaire » et a prononcé à son encontre un ordre d’expulsion vers la Jordanie a dit son avocat Adi Lustigman au Comité de Protection des Journalistes (CPJ).
Al-Kharouf n’a pas de lien avec la Jordanie.
« Même en étant son avocat je n’ai pas d’autorisation d’accès à l’information sur la base de laquelle le ministère a fondé son refus de lui accorder le regroupement familial parce que c’est la façon dont le système juridique fonctionne en ce qui concerne les cas posant des problèmes de sécurité » a dit Lustigman.
Mais l’avocat a dit au CPJ que les questions posées lors de l’audience sur le regroupement familial de la famille d’Al-Kharouf se sont concentrées sur une photo qu’il avait prise et postée sur sa page Facebook montrant des graffiti critiques vis-à-vis d’Israël.
La veille de son arrestation Al-Kharouf avait fait appel en vue de régulariser son statut à Jérusalem Est occupée où il réside depuis l’âge de 12 ans. Al-Kharouf est né en Algérie d’un père palestinien et d’une mère algérienne mais il n’est citoyen d’aucun pays selon le CPJ.
Sous le régime discriminatoire israélien tout colon juif israélien est libre de s’installer à Jérusalem Est et dans les colonies environnantes.
Dans le même temps Israël traite la population palestinienne indigène de Jérusalem et les familles élargies comme des résidants étrangers permanents en les soumettant à des procédures de « regroupement familial » et de résidence qui ont été utilisées pour briser des familles et en forcer des milliers à quitter la ville.

Arrestations d’artistes

Par ailleurs Israël a arrêté le designer et militant Hafez Omar le 13 mars et le détient sans accusation ni accès à un avocat depuis lors. Le dessin qu’il a fait d’un prisonnier palestinien anonyme est devenu un avatar pour d’innombrables facebookers et twitters.
En 2012 Omar a créé des images iconiques pour attirer l’attention sur les grèves de la faim de prisonniers politiques en particulier de Khader Adnan. Ces images ont été largement diffusées dans des campagnes de solidarité sur les réseaux sociaux.
Un tribunal militaire israélien a rejeté l’appel d’Omar contre la prolongation de sa détention et il est toujours dans le centre d’interrogatoires d’Ashkelon selon Addameer.
« L’avocat d’Addameer a informé le tribunal de sa forte préoccupation sur des mauvais traitements ou torture auxquels serait soumis Hafez » a jouté le groupe.
Israël a aussi prolongé la détention administrative de Ayman Nasser le coordinateur juridique d’Addameer détenu par les forces d’occupation depuis septembre dernier.
Nassser âgé de 48 ans a reçu un ordre de détention administrative peu après son arrestation et celui-ci a été renouvelé une fois de plus au début de ce mois.
Cela veut dire qu’il sera détenu sans accusation pour encore au moins six mois.

|Tamara Nassar pour The Electronic Intifada|Traduction SF pour l’AURDIP

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