Thu 4-July-2024

Réponse à l’article de Monsieur Alain Gresh intitulé « Antisionisme antisémitisme et idéologie coloniale » (*)

jeudi 28-mars-2019

Après lecture de cet article qui explique clairement le mouvement colonial sioniste en Palestine le dernier paragraphe m’a interpellé à plusieurs titres et le premier est : quelle fin décalée pour un article comme celui-ci !
« (…) D’autre part même s’il a été bâti sur une injustice Israël est désormais un État reconnu par la communauté internationale par les Nations unies. Penser comme l’ont fait et continuent de le faire certains que l’on peut « expulser » les Israéliens les renvoyer « chez eux » n’est ni moralement défendable ni politiquement réaliste. Une injustice ne peut être réparée par une autre injustice. Vivent désormais en Terre sainte deux peuples l’un israélien l’autre palestinien.»
« (…) On peut rêver comme le font quelques intellectuels palestiniens et israéliens qu’un seul État pourrait les regrouper ; c’est une belle utopie que notre génération ne verra pas se réaliser. Et quoi qu’il en soit aucune solution ne pourra être imposée de façon unilatérale aux Palestiniens ni aux Israéliens. »

Plusieurs questions me viennent à l’esprit.
Décrire si précisément le mouvement colonial ses origines sa pensée ses leaders ses méthodes dont l’expulsion et les massacres de Palestiniens par des colons venus de différents pays prêts au pire pour accomplir une des pages les plus noires du colonialisme dans le monde pour finir par légitimer ce même Etat colonial.
La première question Monsieur Gresh : les colons que vous décrivez dans votre article hier et aujourd’hui qui prennent leurs terres aux Palestiniens forment-ils un peuple comme vous le prétendez ? Si oui quel serait son guide moral ?
Vous dites dans ce dernier paragraphe : « Israël est désormais un État reconnu par la communauté internationale par les Nations unies. »
Quand bien même la communauté internationale reconnaît cet Etat cela lui donne-t-il une once de légitimité ?
Pour les Nations-Unies c’est encore pire elles partagent le 29 novembre 1947 une terre qui ne leur appartient pas pour en donner une partie aux colons sionistes. Dans ce cas Monsieur Gresh quelle est cette légitimité que vous sous-entendez dans la reconnaissance par les Nations-Unies ?
Vous déclarez aussi : « Et quoi qu’il en soit aucune solution ne pourra être imposée de façon unilatérale aux Palestiniens ni aux Israéliens. »
La question qui vient à l’esprit est : Mais pourquoi Monsieur Gresh vous attachez-vous tant à décrire l’injustice qu’a subi le peuple palestinien qui de fait devient la victime des sionistes et donc par la même des Israéliens pour finalement mettre sur le même niveau victime et bourreau en disant qu’il ne faut rien imposer aux Israéliens qui sont comme vous le dites des colons depuis la fondation du mouvement sioniste ?
Dois-je comprendre Monsieur Gresh qu’en tant que Palestiniens nous devons accepter le statu quo ? A savoir que le spoliateur a tous les droits et le spolié n’en a aucun ?
Doit-on comprendre que le bourreau « l’Etat d’Israël » ne mérite aucune sanction ?
Dans ce cas il n’aurait fallu imposer aucune solution unilatérale concernant l’Algérie « française » ou en l’Afrique du sud de l’Apartheid ?
Pour finir Monsieur Gresh une dernière question sur la moralité.
Vous déclarez : « Penser comme l’ont fait et continuent de le faire certains que l’on peut « expulser » les Israéliens les renvoyer « chez eux » n’est ni moralement défendable ni politiquement réaliste. Une injustice ne peut être réparée par une autre injustice. »
Cette affirmation pose la question : quelle attitude adopter en tant que Palestiniens ou en tant que soutien au peuple palestinien qui subit comme vous le décrivez si bien la négation par le mouvement colonial sioniste de son identité de sa légitimité et de sa souveraineté sur sa terre hier comme aujourd’hui ?
Car nous sommes d’accord la colonisation qui est à son apogée aujourd’hui et qui expulse tous les jours les Palestiniens de leurs terres porte les germes d’une nouvelle expulsion de masse comme la Nakba en 1947/1948.
La solution Monsieur Gresh ne passe-t-elle pas par un processus de justice historique qui reconnaît aux Palestiniens l’injustice qui leur a été faite et qui finalement leur permettrait de retourner sur les terres dont ils ont été chassés depuis 1948 ?
Cette solution Monsieur Gresh ne serait-elle pas le minimum qui doit être imposé à Israël et aux Israéliens ?
La moralité « acceptable » serait-elle de ne pas expulser les Israéliens et de laisser les Palestiniens sous l’occupation et la colonisation sans parler des Palestiniens vivant en exil ?
Et l’implantation des colonies sionistes commencée au moment de l’occupation anglaise en 1917 à partir de quand devient-elle légitime et inexpulsable Monsieur Gresh ?
Est-il moral Monsieur Gresh de considérer qu’une colonie sioniste implantée comme vous le décrivez au détriment des droits des Palestiniens devienne Morale ?
La spoliation des biens et des terres des Palestiniens est tout aussi inacceptable que la spoliation des biens des Français juifs pendant la seconde guerre mondiale. Et il est tout à fait moral que les Palestiniens puissent récupérer leurs biens 71 ans après la Nakba.
Les Israéliens savent tous qu’ils ont spolié les Palestiniens. C’est à eux de prendre leurs responsabilités et de rendre justice aux Palestiniens. Mais visiblement les Israéliens et leurs dirigeants ont pris le chemin d’une plus grande radicalité envers les Palestiniens qui leur rendent maintenant coup pour coup. La résistance palestinienne hier comme aujourd’hui n’est que la conséquence de l’occupation.
Pour finir Monsieur Gresh l’expulsion des Israéliens ne dépend que des Israéliens eux-mêmes et de leur attitude face à la volonté des Palestiniens de recouvrer leurs droits légitimes sur leur terre historique de la mer au fleuve Jourdain la Palestine.
Et il serait immoral de faire porter la responsabilité morale de l’expulsion des Israéliens colons comme vous les décrivez aux Palestiniens ou à leurs soutiens.
Les Palestiniens sont les victimes et ils se défendent sur et pour leur terre et leurs droits et il n’y a aucune légitimité à défendre un Etat colonial comme Israël.
Je trouve que de votre part Monsieur Gresh vous qui vous présentez comme un homme de gauche il est irresponsable moralement et politiquement de soutenir un Etat colonial et finalement de vouloir sauver le soldat Israël et d’employer de tels arguments.
La légitimité d’une cause se fonde uniquement sur la justice et le droit or Israël n’applique ni l’un ni l’autre.

Walid Atallah
Membre de l’association des Palestiniens en France

(*) https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/antisionisme-antisemitisme-et-ideologie-coloniale2921

Lien court:

Copied