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L’attaque de Trump contre l’UNRWA est une attaque contre les réfugiés palestiniens

mercredi 5-septembre-2018

L’élimination de l’UNRWA a pour objectifs la consolidation d’un apartheid un état unique et l’échec de la lutte palestinienne
Pendant le week-end la télévision israélienne a rapporté que le gouvernement des Etats-Unis projetait d’aggraver ses attaques contre les réfugiés palestiniens non seulement en rejetant explicitement leur droit au retour mais aussi en redéfinissant unilatéralement ce qui constitue un réfugié de manière à réduire leur nombre à exactement un demi-million. Depuis le diplomate américain Nikki Haley a affirmé que les Etats-Unis ne soutiendraient l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) que si l’organisation « changeait le nombre de réfugiés pour arriver à un compte correct ». Il est maintenant rapporté que le gouvernement Trump a décidé d’annuler toute subvention des Etats-Unis à l’UNWRA.

Un droit humain de base

Il est inutile de nous arrêter longuement sur l’indigence des arguments avancés par les politiciens américains et israéliens. Le droit au retour est un droit humain de base et comme cela a été remarqué par le directeur de l’UNRWA Pierre Krähenbühl de même que par le département d’Etat américain en 2015 et 2012 les enfants et petits-enfants des réfugiés sont couramment reconnus comme réfugiés dans les situations de longue durée.
En février quand le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu a suggéré au Secrétaire général des Nations Unis Antonio Guterres que les subventions pour les réfugiés palestiens pourraient passer par l’UNHCR [Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] plutôt que par l’UNRWA Guterres a fait remarquer que l’UNHCR promouvait le rapatriement : « Êtes-vous sûr de vouloir que l’organisation onusienne des réfugiés commence à travailler au retour des réfugiés palestiniens ? » a-t-il demandé.
Mais il est important de se demander en allant au-delà de la rhétorique dans quelle mesure la position américaine émergente diffère en pratique de celle des précédents gouvernements américains.
Pendant plus d’un quart de siècle de processus de paix aucun gouvernement américain n’a jamais appuyé l’implémentation concrète du droit au retour des réfugiés palestiniens et de leur droit à une compensation au lieu d’accepter la position d’Israël selon laquelle l’exigence de maintenir une majorité juive de citoyens éclipse le droit des Palestiniens expulsés à retourner dans leur pays natal.

Une approche crue et simpliste

Alors qu’est-ce qui est différent ici ? Le premier élément est que le gouvernement Trump comme il l’a déjà montré de multiples façons ne manifeste aucun intérêt à jouer le jeu qui caractérise d’habitude les « pourparlers de paix » organisés par les Etats-Unis. Cette élimination a débouché sur une approche crue et simpliste qui a rendu impossible même pour quelqu’un comme le président palestinien Mahmoud Abbas de retourner à la table de négociations.
Le second élément est qu’une droite israélienne enhardie et ses compagnons idéologiques à Washington sentent qu’ils ont l’opportunité de porter à l’UNRWA un coup fatal et donc selon leur point de vue de liquider une fois pour toutes la question des réfugiés palestiniens.
Quelques mois après l’intronisation de Trump Netanyahu déclara que l’UNRWA devait être « démantelé » remarque qui constituait une escalade frappante dans les attaques israéliennes officielles contre l’Office. Le gendre et conseiller de Trump Jared Kushner pendant ce temps appuyait un « sincère effort pour désorganiser l’UNRWA » .
Saluant le dernier rapport sur les plans de Trump pour redéfinir les réfugiés palestineins et mettre fin au financement de l’UNRWA l’ancien ambassadeur israélien Ron Prosor a déclaré qu’il « avait oeuvré pendant des années pour la fermeture de l’UNRWA » et espérait que le gouvernement israélien « adopterait le plan sans réserve ».
Pour la droite dure israélienne la décision de Trump d’« enlever Jérusalem de la table des négociations » était la preuve que l’unilatéralisme israélien finit par obtenir des résultats. Le déplacement à Jérusalem [de l’ambassade des Etats-Unis] a instillé de l’espoir — et même une confiance complète— sur d’autres questions comme l’annexion et les réfugiés palestiniens.
Comme le ministre des Affaires de Jérusalem Ze’ev Elkin l’a exprimé en parlant des mesures américaines contre l’UNRWA « cet exemple prouve que quand Israël croit en sa route et quand le peuple israélien s’unit derrière nos intérêts nationaux le monde accepte finalement la vérité et se rallie à notre position ».
« C’est ce qui arrive maintenant avec le droit au retour [palestinien] c’est ce qui est arrivé avec la décision de déplacer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem et cela arrivera dans d’autres domaines si nous montrons assez de détermination » a-t-il ajouté.
L’UNRWA reçoit son mandat de l’Assemblée générale des Nations Unies mandat qui ne sera pas soumis à renouvellement avant juin 2020 (et a été la dernière fois reconduit par 167 votes contre 1). L’Assemblée générale est le seul forum qui peut changer le mandat de l’Office par un vote majoritaire.

Des conséquences négatives

Donc les Etats-Unis et Israël peuvent avoir décidé que détruire l’Office financièrement et bloquer ses opérations en territoire palestinien occupé constitue leur meilleure option à l’avenir avec le désir du gouvernement Trump de balayer l’existence des réfugiés palestiniens.
Certains ont suggéré que couper les fonds de l’UNRWA ou le démanteler aura des conséquences négatives pour Israël. Mais que quelques « sources de sécurité » israéliennes soutiennent l’UNRWA pour combattre « l’extrémisme » ou pour subventionner les coûts de l’occupation n’invalide pas les arguments en sa faveur.
Cette dernière attaque contre l’UNRWA est manifestement une attaque motivée politiquement contre les droits des réfugiés palestiniens.
Dans le contexte de la loi israélienne de « l’état nation juif » la reconnaissance américaine de Jérusalem et les gestes vers une annexion du territoire de Cisjordanie ceux qui cherchent à éliminer l’UNRWA envisagent sa disparition comme une partie cruciale de la consolidation de l’apartheid d’un état unique et l’échec de la lutte palestinienne.

– Ben White est l’auteur du livre récent Cracks in the Wall: Beyond Apartheid in Palestine/Israel. Il est journaliste freelance et écrivain et ses articles ont été publiés par Al Jazeera al-Araby Huffington Post the Electronic Intifada the Guardian’s Comment is Free et d’autres médias.

Les opinions exprimées dans cetarticle sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement laligne éditoriale de Middle East Eye.

Source : Middle East Eye
Traduction : CG pour l’Agence Média Palestine

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