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Comment l’évacuation forcée d’une colonie sauvage en Cisjordanie sert à confisquer encore plus de terres palestiniennes

dimanche 17-décembre-2017

Quand la Justice israélienne ordonne chose assez exceptionnelle le déman¬tèle¬ment d’un “avant-poste illégal” – entendez une colonie juive embryonnaire érigée sans l’autorisation des autorités d’occupation 1 – que croyez-vous qu’il advient des anciens résidents des militants particulièrement enragés du “mouvement des colons” ? Ils sont relogés par les soins des pouvoirs publics sur d’autres terres privées confisquées à des Palestiniens sous prétexte d’une prétendue “utilité publique”. C’est l’histoire que conte Yotam Berger dans un récent article publié par Haaretz.
Située non loin de Ramallah la colonie d’Amona – créée à la fin des années 1990 – a été au centre d’un de ces psychodrames dont les Israéliens ont le secret. En 2006 déjà des centaines de policiers israéliens avaient été mobilisés pour prendre le contrôle de neuf maisons de la colonie sauvage dont la destruction avaient été ordonnée par la Justice israélienne. De violents affrontements avaient eu lieu faisant au moins 171 blessés selon des sources médicales.
En février 2017 il s’agissait d’une évacuation totale les tribunaux ayant reconnu au terme de plusieurs années de bataille judiciaire qu’Amona avait été construite sur des terres privées appar¬tenant à des Pales¬tiniens. Non moins de 3.000 policiers israéliens – sans armes ! – ont donc entrepris le 1er fé¬vrier au matin l’éva¬cuation des 200 à 300 résidents de la colonie (40 familles). Ils se sont heurtés à une résistance acharnée de centaines de jeunes colons pour une grande part des adolescents venus des colonies voisines. Les jeunes ont brûlé ce qui leur tombait sous la main dressé des barricades de fortune et fait barrage de leurs corps pour empêcher la progression des policiers. Une bataille rangée amplement médiatisée qui dura deux jours entiers et qui permit aux colons d’extrême-droite de se faire passer pour des victimes dans l’opinion israélienne. Le point culminant de la “bataille d’Amona” fut le siège de synagogue à l’intérieur de laquelle des colons fanatiques appartenant à l’extrême-droite s’étaient barricadés.
Les colons juifs qui ont été expulsés en février d’Amona ont été relogés dans des maisons mobiles installées sur des terres… dont les propriétaires privés palestiniens avaient auparavant été expropriés sous prétexte d’“utilité publique” mais dont l’occupant n’avait en réalité rien fait du tout. Ces terres sont situées dans la zone de Givat Zvi dans la colonie de Ofra au nord de Jérusalem.
Ce transfert d’une terre palestinienne volée à une autre – sous un habillage de grand respect pour des formes juridiques strictes – n’avait rien d’une improvisation : certaines habitations destinées aux colons expulsés d’Amona ont été installées plusieurs semaines avant leur évacuation forcée. Mais à l’époque les résidents d’Amona ont dit qu’ils n’avaient aucune intention de déménager volontairement.
La saga des colons d’Amona ne s’arrête cependant pas là : ils ont l’intention de quitter leur lieu de résidence actuel pour s’installer dans la colonie de Amihai qui est construite spécialement pour eux mais dont les travaux d’infrastructure ne sont pas achevés. Récemment l’Administration civile 2 a fait arrêter des travaux d’aménagement à Givat Zvi après que des colons anciennement résidents d’Amona aient refusé de s’y installer avec leurs mobilhomes. Haaretz signale que ce site de Givat Zvi – qui n’est qu’à quelques centaines de mètres de l’endroit où se trouvait Amona – est vide et abandonné.
Pourtant l’obstination du mouvement des colons n’étant pas un vain mot le conseil régional de Mateh Binyamin le gouvernement local de la région a fait reprendre des travaux – toujours sur ce qui était des terres palestiniennes privées – et des ouvriers ont été vus sur le site où plusieurs mobilhomes supplémentaires ont été installées dont certains partiellement (mais partiellement seulement) sur des terrains expropriés jadis pour une soi-disant “utilité publique” mais jamais utilisés. Aucune autorisation d’aucune sorte n’a été délivrée souligne Haaretz. Le conseil régional affirme agir “dans l’urgence” étant donné la nécessité impérieuse de reloger les colons expulsés d’Amona… qui refusent absolument de s’installer.
En résumé des efforts considérables et apparemment désordonnés sont menés à bien pour reloger quelques dizaines d’occupants illégaux qui font preuve d’autant de mauvaise volonté que possible face à toute cette sollicitude à leur égard. Pour une raison simple : cela permet de multiplier les faits accomplis de vol de terres palestiniennes sur lesquels – si flagrante que soit l’illégalité – il sera toujours extrêmement difficile long pénible et coûteux de revenir. Si ce n’est pas tout simplement impossible car l’entreprise colonialiste continue jour après jour.
Au moment même où Amona était spectaculairement évacuée le gouvernement israélien faisait savoir que 3.000 logements supplémentaires seraient construite en Cisjordanie pour des colons juifs.

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