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Lorsque la terre ne tremble pas en Palestine

mercredi 7-mai-2008

L’accalmie proposée au Hamas n’est pas uniquement destinée à sauver les Palestiniens de l’embargo qui les étouffe mais elle est une occasion d’activer la résistance contre l’occupation. Cependant elle intervient à un moment où ni le mouvement du Hamas ni la plupart des factions palestiniennes ne sont à la hauteur de réviser et de réévaluer la performance de la résistance. D’autant plus que cette réévaluation est une question de vie ou de mort pour la cause palestinienne et la lutte armée qui se trouvent dans une impasse obscure surtout en l’absence d’une quelconque lutte civile. Il est possible que cette accalmie soit l’accès à l’activation de la résistance civile après qu’il a été prouvé que l’action militaire n’a pas ébranlé l’occupation.

Les incessants cris de vengeance dont regorge le discours de la résistance palestinienne voilà 10 ans ont joué la carte de la nécessité de secouer l’occupation et de faire trembler la terre sous ses godillots. Ce discours de vengeance a été lié au recul de l’action palestinienne qui s’est cantonnée tout simplement à réagir face au terrorisme abject de l’Etat hébreu. La machine d’oppression israélienne a réussi à investir pour son compte la confusion dans les esprits du monde entier entre les opérations de commandos et l’action de la résistance qui a été dénuée de la vision et de la vigilance nécessaire. Cette dernière a été incapable de convaincre le monde que la résistance est un droit élémentaire que le devoir de lutte contre le terrorisme caché sous des appellations islamistes ne doit pas annuler.

Et le résultat dont nous sommes témoins aujourd’hui a été la transformation de la résistance en des actes sporadiques non organisés commis par des groupes de combattants fermés qui se sont détachés de leur peuple. Ce qui a bien sûr graduellement éloigné toutes les factions palestiniennes y compris le Hamas de la cause noble. L’un des témoignages les plus connus sur cet état de faits fut celui de Ghazi Hamad le porte-parole du gouvernement du Hamas et l’un des proches de son président Ismaïl Hanniya publié dans le journal palestinien Al-Ayam dans l’édition du 26 août 2006. C’est-à-dire 10 mois avant l’escalade du conflit militaire entre son mouvement et le Fatah. Il a déclaré que les factions de la résistance sont devenues de simples manifestations de force des différentes factions palestiniennes et que certains de leurs membres se dandinent dans les rues pour reprendre ses propos. Il a également dit que les deux grandes factions se sont préoccupées à s’entre-tuer au lieu de résister à l’ennemi. Il a signalé qu’à ce moment-là ceux qui prétendent faire face à l’ennemi se contentent uniquement de lancer les cris menaçant de faire trembler la terre sous les pieds de l’occupant. Cependant d’habitude le tremblement de terre qu’ils menacent de provoquer se solde par de fragiles actions de militantisme que les gens détectent à peine. Il est vrai que certaines d’entre elles comportent des opérations héroïques mais ces dernières restent cependant inférieures en nombre voire même rares si l’on les compare aux opérations non organisées qui ont lieu fréquemment. Ces dernières se limitent actuellement au lancement de missiles primitifs fabriqués dans de petits ateliers pour la première fois en septembre 2001 dans le cadre de la militarisation du soulèvement d’Al-Aqsa.

Les rares opérations des feddayins ou commandos exécutées n’ont pas changé l’image stéréotype négative que le monde entier connaît de la résistance militaire palestinienne et qu’il considère une des marques d’Al-Qaëda.

Les dommages de cet aspect non organisé de la résistance militaire ces 7 dernières années ne se limitent pas à ce qui a été précédemment mentionné. Mais ils sont allés plus loin et ont permis à Israël de construire le fameux mur et d’isoler Jérusalem et environ 10 % de la superficie de la Cisjordanie. L’un des résultats a été également la séparation entre la Cisjordanie et Gaza et le déploiement des centaines de barrages militaires l’installation d’un réseau routier et de transports pour servir exclusivement les colons. En d’autres termes Israël a réussi à instaurer un système d’apartheid.

Ainsi la faillite des factions militaires a été dévoilée en l’absence de possibilités d’une résurrection immédiate de la résistance civile qui repose sur la participation de toutes les catégories du peuple et non pas uniquement sur des jeunes capables de porter des armes ou les membres des différentes factions.

La différence entre la résistance armée et civile ne se situe pas uniquement dans les moyens utilisés elle se rapporte également à la participation même. La résistance civile est ouverte à tous hommes femmes et enfants toutes catégories et tout âge confondus et n’est pas réservée uniquement à une minorité. D’ailleurs c’étaient les femmes et les enfants le fer de lance de l’Intifada de 1987 qui a réimposé avec force la cause palestinienne sur l’agenda international.

L’Intifada de 1987 a réussi à faire trembler la terre avec force en dessous des Israéliens comme jamais auparavant. Il faut savoir cependant que la terre ne tremble pas en réaction aux voix vindicatives qui reflètent le manque de conscience et de moyens des personnes qui les lancent sur la nature du conflit. Nous partageons avec cet ennemi un long conflit historique et une cause de droit et d’équité. La cause n’est pas une question de vengeance ou de course de tueries réciproques dans laquelle nous cherchons de prendre la revanche de nos martyrs.  Il est temps de ressusciter l’esprit de l’Intifada de la fin des années 1980 et des mouvements populaires organisés. Ceci nécessite de former un commandement pour la résistance civile qui planifie coordonne distribue les rôles et détermine les contours de la lutte sur le terrain. Cette dernière doit être à même de reformuler la balance des forces qui a connu un déséquilibre au profit de l’occupation et de ses pratiques terroristes.

Ceci ne veut pas dire jeter les armes mais surtout geler leur usage. Car il est possible qu’on les utilise dans une étape ultérieure. Mais actuellement il n’y a pas d’alternatives à la résistance civile si nous voulons sauver la cause palestinienne qui s’évapore jour après jour. Lorsque l’arme échoue à faire trembler la terre sous les godillots de l’occupation il devient nécessaire de lancer un mouvement populaire. Un mouvement qui a prouvé à la fin des années 1980 qu’il détenait des capacités de résistance plus coriaces que les armes.

 

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