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Le moment de vérité dAbbas

mardi 6-mai-2008

Le Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas est très déprimé ces jours-ci après que le Président Bush lui ait dit sans cérémonie que l’administration US n’exercerait aucune pression sur Israël pour mettre fin à l’expansion des colonies ni ne s’engagerait dans un retrait israélien total des territoires palestiniens occupés en 1967.

Certains des conseillers d’Abbas ont décrit sa visite récente à Washington comme « la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. » Abbas lui-même a décrit la visite comme « un échec patent ».

Un commentateur palestinien de Ramallah l’a qualifiée de « fiasco gigantesque et monumental » arguant qu’elle représentait un effondrement virtuel de la stratégie d’Abbas toute entière qui consistait à s’en remettre à l’administration Bush pour créer un Etat palestinien viable et contigu avec Jérusalem Est comme capitale.

Selon des sources à Amman Abbas a informé Bush qu’il ne se représenterait pas une deuxième fois au poste de Président de l’Autorité Palestinienne.

Une source cite un conseiller d’Abbas disant que le Président a conclu sa rencontre avec Bush par ces mots : « Vous pouvez chercher un autre âne pour présider l’Autorité Palestinienne ».

Le Président de l’AP aurait demandé à Bush de déclarer son soutien à la création d’un Etat palestinien sur la totalité de la Cisjordanie de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est et également de faire pression sur Israël pour mettre fin à l’expansion de la colonisation juive dans les territoires occupés en particulier à Jérusalem Est.

Abbas selon des conseillers est resté sans voix lorsque Bush lui a dit qu’il ne pouvait pas répondre aux demandes palestiniennes car ce serait une violation de la lettre de garantie qu’il avait donnée à l’ancien Premier Ministre israélien Ariel Sharon le 14 avril 2004. De plus Bush a indiqué que toute entorse à la tristement célèbre lettre conduirait à la chute du gouvernement du Premier Ministre israélien Ehud Olmert.

« Le Président Abbas a eu l’impression qu’il parlait à un mur » a déclaré un responsable palestinien. « Tant Bush que [la secrétaire d’Etat Condoleezza] Rice ont refusé de discuter des détails qui se rattachent aux pourparlers de paix actuels avec Israël. Nous sommes très abattus. »

Rice est arrivée en Israël-Palestine samedi soir le 3 mai apparemment pour sauver « le processus de paix » d’un danger imminent d’effondrement.

Rice a dit aux médias israéliens que l’objet de sa visite était de faire pression sur le Ministre de la Défense Ehud Barak pour qu’il retire quelques-uns des barrages routiers que l’armée d’occupation israélienne maintient partout en Cisjordanie pour punir torturer et contrôler les Palestiniens qui vivent en Cisjordanie estimés à 25 millions.

Les USA ont demandé à Israël pour la énième fois d’enlever ces barrages pour soulager la vie quotidienne des Palestiniens et relancer la popularité d’Abbas aux yeux du peuple.

Pour sa part Israël a maintes fois promis d’enlever les barrières mais sans suite. Le mois dernier le gouvernement israélien a dit qu’il supprimerait certains des barrages clés de Cisjordanie pour faciliter la circulation des marchandises et des services à travers la Cisjordanie.

Cependant les Palestiniens les militants de la paix et les organisation de droits de l’homme oeuvrant dans les territoires occupés ont accusé l’armée israélienne de duperie et d’installer des barrières fictives le matin pour les enlever le soir et donner ainsi à Washington l’impression fausse qu’Israël tient les promesses faites à Rice.

Cette remise au lendemain prolongée et persistante en l’absence de tout progrès substantiel dans les discussions israélo-palestiniennes en particulier sur les dossiers centraux comme Jérusalem les réfugiés et les colonies exaspère à l’évidence la direction palestinienne désespérément impatiente « de s’agripper à une réalisation » qu’elle utiliserait pour convaincre les masses palestiniennes de plus en plus désespérées et sceptiques que la manière de faire d’Abbas et non celle du Hamas était la seule bonne manière de faire pour arracher les droits palestiniens des mains parcimonieuses d’Israël.

Maintenant cependant l’effet manifestement délétère de la politique d’Abbas qui a totalement fait confiance et s’en est entièrement remis à l’administration Bush est maintenant évident.

Abbas réalise maintenant certainement trop tard que Bush n’a jamais sérieusement voulu soutenir une résolution digne et équitable du sort des Palestiniens.

Je dis « certainement trop tard » parce qu’Abbas a presque brisé ses relations avec son propre peuple en particulier depuis les événements à Gaza cette dernière année dans le but d’apaiser Bush et Rice et de recevoir d’eux un certificat de bonne conduite.

Il pensait par naïveté ignorance et faiblesse de caractère que les néocons de Washington le récompenseraient pour sa servilité et son obséquiosité en faisant pression sur Israël pour mettre fin à l’occupation et au vol continu de la terre palestinienne.

Cependant la gaffe la plus scandaleuse d’Abbas a été sa conviction irréaliste que le grand menteur de Washington l’homme qui a envahi occupé et détruit deux pays musulmans souverains à partir de mensonges se comporterait honnêtement et avec droiture envers les Palestiniens.

Aujourd’hui Abbas aura beaucoup de mal à sauver son héritage en défaisant ou du moins en rectifiant quelques-unes des gaffes que lui et son régime ont commises contre les masses palestiniennes et leur cause durable et juste tout ça pour faire plaisir à Washington.

En tant que Président de l’Autorité Palestinienne Abbas et ses parasites ont enlevé détenu torturé et même tué des opposants politiques pour montrer au duo malveillant US/Israël l’engagement palestinien pour la paix. Ceci arrive à un moment où Israël continue d’assassiner les Palestiniens en masse et s’empare de toujours plus de terre palestinienne pour l’expansion de la colonisation juive.

Abbas a également facilement accepté sinon accueilli l’interférence délibérée américaine dans les affaires palestiniennes internes jusqu’au point d’autoriser Washington à conspirer avec certains officiers palestiniens de sécurité au minage et au renversement du gouvernement démocratiquement élu dirigé par le mouvement Hamas.

Et de plus Abbas a été jusqu’à collaborer tacitement avec Israël et les USA pour maintenir le blocus nazi de 15 million de Gazans tout ça pour affaiblir le Hamas.

Je ne sais pas si Abbas aura le courage moral et l’honnêteté intellectuelle de dire à Washington que « ça suffit ».

S’il l’a il doit le faire maintenant parce que demain pourrait être trop tard.
 
 
  Traduction : MR pour ISM 

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