Fri 2-May-2025

Entre l’oignon et sa pelure…on ne tire que pestilence

vendredi 2-mai-2025

Ramallah – Centre Palestinien d’Information 

La décision du président de l’ « Autorité » Palestinienne, Mahmoud Abbas, de nommer Hussein Al-Sheikh comme son vice-président a suscité un mécontentement populaire et politique au sein de la scène palestinienne. Cette décision intervient dans un contexte politique sensible pour la cause palestinienne, alimentant les débats sur les conséquences de cette nomination et l’impact d’une classe politique palestinienne fragmentée, en plus d’un système politique palestinien privé de son cadre institutionnel. 

Les plateformes de réseaux sociaux ont été submergées par une vague de colère et de critiques acerbes contre cette décision, beaucoup la considérant comme une continuation de la monopolisation du pouvoir et une consolidation de l’absence de légitimité démocratique. Les citoyens ont exprimé leur crainte que cette nomination n’approfondisse le fossé politique qui n’a cessé de se creuser depuis 18 ans, surtout en l’absence d’élections présidentielles et législatives depuis de nombreuses années. 

Le rejet de la nomination d’Al-Sheikh (65 ans) ne s’est pas limité à la rue, mais des factions palestiniennes ont également exprimé leur opposition à cette décision. 

L’écrivain politique Yassin Ezz El-Din a adressé un message aux factions palestiniennes :

« Mon conseil au Hamas et à toutes les factions de la résistance : c’est une occasion unique de sauver le peuple palestinien de cette direction malfaisante. Vous devez déclarer que vous ne reconnaissez pas Hussein Al-Sheikh ni aucune décision qu’il prend, suspendre votre reconnaissance de l’ « Autorité » Palestinienne et cesser toute coopération avec l’OLP. »

Il a poursuivi dans une série de publications sur X : « Si vous ne le faites pas, nous serons coincés avec Hussein Al-Sheikh pour les années à venir, exécutant littéralement ce que l’occupation veut pour détruire notre peuple. Il est essentiel de comprendre que les condamnations ne suffisent pas. J’ai vu des déclarations excellentes ces derniers jours, mais il faut aller plus loin : ne pas traiter du tout avec Hussein Al-Sheikh. Le condamner puis travailler avec lui, c’est si « vous critiquez, mais vous cédez ». »* 

Il a ajouté : « Pendant des années, les analystes et les médias pensaient qu’un conflit sanglant éclaterait au sein du Fatah pour la succession de Mahmoud Abbas, mais j’étais sûr qu’ils imposeraient Hussein Al-Sheikh sans opposition. Sa nomination comme héritier d’Abbas vient de Beit El [siège du gouvernement de l’entité sioniste en Cisjordanie] et l’entité ne veut pas de conflits au sein du Fatah, car cela pourrait entraîner l’effondrement de ladite « Autorité ». » 

Il a souligné qu’Al-Sheikh « est là pour exécuter tout ce que l’entité sioniste veut, mieux qu’aucun officier de l’administration civile. Ils l’ont nommé vice-président d’Abbas et lui transféreront progressivement les pouvoirs du vivant d’Abbas pour éviter tout problème ou contestation. ». 

Yassin a également évoqué une rumeur selon laquelle Al-Sheikh aurait été arrêté il y a vingt ans sur ordre du défunt président Yasser Arafat, affirmant que « cette histoire a été inventée par Hussein Al-Sheikh lui-même à l’époque et fuite dans la presse. Il n’a jamais été poursuivi… Il a simplement voulu surfer sur la vague et prouver à l’entité sioniste qu’elle pouvait compter sur lui. »

Où en est le Fatah ? 

L’activiste politique Tamer a écrit sur X : « Où va le Fatah ? De plus en plus vers l’abîme ! Le Fatah n’a trouvé personne de mieux que Hussein Al-Sheikh pour succéder à Abbas et devenir son vice-président. Le pire, c’est que cela est présenté comme une « réforme ». » 

Il a ajouté : *« Le désastre est encore plus grand quand on prétend qu’il s’agit d’un « sang neuf » ! Hussein Al-Sheikh a détruit le Fatah et l’ « Autorité » Palestinienne. C’est lui qui a développé la coordination sécuritaire avec l’entité sioniste, et il est au cœur de la corruption au sein de l’ « Autorité » et du Fatah depuis des années. Le Fatah n’a-t-il plus de compétences ni de cadres qualifiés ? Le Fatah s’est auto-détruit, anéantissant tout espoir de réforme et sacrifiant ses propres membres avant tout. »

De nombreux tweets et commentaires ont souligné que Hussein Al-Sheikh est une figure controversée en raison de ses relations étroites avec l’occupation, notamment via son rôle dans la coordination sécuritaire, ce qui le rend inapte à représenter les aspirations du peuple palestinien à la libération et à la résistance. Son comportement politique et médiatique reflète également une approche autoritaire et une marginalisation des institutions. 

Des questions ont également été soulevées sur la légitimité de cette nomination, surtout en l’absence d’élections ou de consultations avec les factions palestiniennes. Certains internautes ont suggéré que la nomination d’Al-Sheikh pourrait aggraver les divisions au sein du Fatah après le départ d’Abbas. 

Une ascension rapide

Le Conseil Central Palestinien, à l’issue de sa 32e session, a créé le poste de vice-président du Comité Exécutif de l’OLP et de vice-président de l’État de Palestine, à pourvoir parmi les membres du Comité Exécutif, sur proposition du président et approbation des membres. Le titulaire peut être chargé de missions, révoqué ou accepter sa démission. 

La nomination d’Al-Sheikh comme vice-président du Comité Exécutif s’inscrit dans une série de décisions préparant son ascension. Une semaine seulement après sa désignation comme vice-président, Abbas l’a également nommé à la tête du Comité des Ambassades Palestiniennes, chargé de superviser la diplomatie palestinienne. 

Le 18 janvier 2022, le Comité Central du Fatah a recommandé au Conseil Central de l’OLP de proposer Al-Sheikh comme secrétaire général du Comité Exécutif, succédant à feu Saeb Ereikat, décédé le 10 novembre 2021. Le 8 février de la même année, le Conseil Central (141 membres) l’a nommé au Comité Exécutif, avant qu’il ne prenne officiellement le poste d’Ereikat en mai 2022. 

Traditionnellement, celui qui occupe ce poste se pave la voie vers la présidence de l’OLP, comme l’a fait Mahmoud Abbas après la mort d’Arafat en 2004. 

« Le « père » de la coordination sécuritaire » 

Le magazine américain Foreign Policy a publié un long rapport sur le parcours politique de cet homme controversé, qui ne bénéficie d’aucun soutien politique ou populaire. 

Le rapport indique que les dirigeants sionistes l’apprécient et le voient comme le successeur d’Abbas, en raison de ses liens étroits avec les services de sécurité sioniste et de son hostilité envers le Hamas. 

Le magazine décrit aussi le train de vie luxueux d’Al-Sheikh et sa position privilégiée auprès d’Abbas et de l’entité sioniste. Il est perçu par les décideurs sionistes comme « un partenaire pragmatique doté d’une capacité exceptionnelle à établir une coordination commune ». 

Un ancien haut responsable du Shin Bet l’a décrit comme « notre homme à Ramallah ». Beaucoup de Palestiniens le considèrent comme l’homme des « vils œuvres »* en raison de ses contacts permanents avec l’occupation. 

Al-Sheikh défend la coordination sécuritaire avec l’occupation comme un « intérêt national palestinien », indépendamment des crimes de l’occupation. En août 2021, il a déclaré soutenir « fermement »* les forces de sécurité palestiniennes, y compris leur répression des manifestations en Cisjordanie. 

En juin 2020, il a affirmé que l’ « Autorité » Palestinienne « continuerait à assurer la sécurité des sionistes, même sans coordination formelle », qualifiant cette approche de « stratégique ». « Si nous apprenons qu’un Palestinien prépare une attaque, nous l’arrêterons s’il est encore en Cisjordanie. S’il est déjà à l’entité sioniste, nous préviendrons les autorités via un intermédiaire », a-t-il déclaré, insistant sur la prévention de « la violence et du chaos ». 

Contrairement à ses pairs du Fatah et de l’ « Autorité » Palestinienne, Hussein Al-Sheikh est très actif sur les réseaux sociaux, où il suscite régulièrement des polémiques. Sur X, il bloque ceux qui critiquent sa collaboration avec l’entité sioniste et attaque les partisans du Hamas, qu’il qualifie de « courant obscurantiste ». 

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