Gaza – Centre Palestinien d’Information
Ils ne sont pas seulement des chiffres, mais des dizaines de milliers d’histoires de perte, de tristesse et de douleur intense que les familles à Gaza portent, alors que plus de vingt mille enfants restent dans l’incertitude. Un nombre similaire d’enfants se retrouvent sans leurs familles, dans une situation qui aggrave la tragédie des familles à Gaza et la douleur insupportable qui persiste depuis le début de l’agression le 7 octobre dernier.
Ahmed Hammad, qui a perdu la majorité de sa famille lors d’un bombardement à Deir al-Balah en janvier dernier, raconte : « Ma tristesse pour ma femme et mes enfants martyrs d’un côté, mais ma tristesse pour pour Hadi est la ^plus douloureuse. Il est le seul que nous n’avons pas réussi à dégager des décombres parmi tous les martyrs de cette nuit tragique, et je ne sais pas s’il reste quelque chose de son petit corps à enterrer ou s’il a été réduit en cendres par la force de l’explosion et du feu. »
Cette histoire de douleur concerne Hadi, qui n’a que 5 ans, l’un des milliers d’enfants portés disparus, qu’ils soient sous les décombres de leurs maisons détruites par les forces d’occupation, ou parmi ceux qui n’ont pas atteint l’âge de 18 ans et ont été arrêtés par les forces d’occupation dans diverses zones du secteur après le déclenchement de la guerre le 7 octobre dernier. D’autres encore ont un destin inconnu, selon des sources officielles et non gouvernementales.
21 000 anges disparus à Gaza
L’organisation britannique « Save the Children » estime qu’environ 21 000 enfants à Gaza ont été perdus à cause de la guerre néonazie dans le secteur, selon leurs estimations les plus récentes.
Les estimations indiquent que beaucoup de ces enfants disparus sont piégés sous les décombres, détenus, enterrés dans des tombes inconnues ou égarés loin de leurs familles.
Les déplacements récents causés par l’attaque sioniste barbare sur la ville de Rafah ont dispersé encore plus d’enfants et ont accru la pression sur les familles et les communautés qui les soutiennent.
Affiches de recherche d’enfants
Pendant ce temps, les affiches de recherche d’enfants disparus commencent à apparaître parmi les tentes des déplacés et dans certaines zones peuplées de Gaza.
Abdullah Abu al-Qomssan, qui a perdu son jeune fils lors de la guerre, part chaque matin pour coller des annonces de recherche de son fils Fouad, disparu après avoir été blessé lors d’un bombardement à Jabalia en octobre 2023, selon un rapport des Nations Unies.
Abu al-Qomssan explique qu’il était chez des parents dans le camp nord de Gaza le 31 octobre 2023 lorsque, vers 14h30 heure locale, une frappe aérienne a atteint la maison, tuant ses parents. Lui et son fils Fouad sont restés sous les décombres pendant une demi-heure avant d’être secourus.
Il ajoute qu’il tenait son fils, qui était conscient et a été soigné par la suite, mais il ne sait pas à quel hôpital il a été transféré.
Depuis, Abu al-Qomssan n’a pas cessé de chercher son fils, utilisant tous les moyens disponibles, des médias sociaux aux affiches qu’il distribue parmi les déplacés et dans les rues, cherchant le moindre signe d’espoir concernant le sort de son enfant.
Il ajoute que, tout au long de ses neuf mois de recherche, il a rencontré des cas similaires et d’autres encore plus difficiles pour les familles en quête de leurs enfants.
Ce n’est pas seulement l’affiche de Fouad qui est répandue parmi les tentes des déplacés. Les caméras des Nations Unies ont également capturé de nombreuses autres affiches à la recherche d’enfants disparus pendant la guerre et la période de déplacement que vit la population de Gaza.
Des chiffres choquants
Les estimations de l’UNICEF indiquent qu’au moins 17 000 enfants à Gaza sont séparés de leurs familles ou non accompagnés. Cela représente 1 % du nombre total de déplacés – 1,7 million de personnes.
Ces chiffres sont des estimations car il est presque impossible de recueillir et de vérifier les informations dans les conditions sécuritaires et humanitaires actuelles.
Recherche immédiate des enfants disparus
Un spécialiste de la protection de l’enfance de « Save the Children » a déclaré que la situation à Gaza empire chaque jour pour les enfants qui ont perdu leurs parents ou qui sont laissés sans soins dans les circonstances actuelles.
Il a ajouté : « Nous travaillons en collaboration avec nos partenaires locaux pour identifier et aider les enfants non accompagnés à Gaza, mais il n’y a pas d’endroit sûr pour ces enfants. »
Il a expliqué que les familles qui hébergent des enfants seuls rencontrent de grandes difficultés pour répondre à leurs besoins fondamentaux tels que le logement, la nourriture et l’eau.
Le sort inconnu des enfants « WCNSF » (enfant blessé sans parents vivants)
Un certain nombre d’orphelins de Gaza risquent de devenir des enfants sans identité. Certains ont été retrouvés très jeunes et incapables de parler ou d’identifier leurs parents et leur famille, ou les traumatismes ou les handicaps subis les rendent incapables de le faire.
Ces enfants sont désignés par l’acronyme « WCNSF », qui signifie « enfant blessé sans parents vivants ». Le nombre exact de ces enfants est inconnu à ce jour, et leur avenir reste incertain s’ils ne peuvent pas être réunis avec leur famille d’origine.
Dans une déclaration au Guardian, James Elder, porte-parole de l’UNICEF, a déclaré : « Les ailes des hôpitaux sont remplies d’enfants blessés qui n’ont plus de famille vivante (…) Nous avons eu une fille de 14 ans qui est sortie d’une zone de guerre à Gaza, en état de choc, silencieuse et couverte de sang, et elle n’avait absolument personne. »
Elder a ajouté : « Combien d’enfants sont dans cette situation ? Nous ne le savons tout simplement pas. » Il a souligné que la présence de ces cas nombreux « confirme la nature aléatoire et brutale » de l’agression israélienne sur Gaza, où « des familles entières ont été décimées ».
