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La couverture médiatique de la débâcle sioniste en bande de Gaza.

mardi 6-février-2007

Gaza- CPI

La débandade sioniste de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie constitue sans doute un coup dur porté à l’encontre de l’ensemble du projet sioniste en Palestine. Ce retrait a bénéficié de l’attention des médias locaux arabes et mondiaux. Il constitue en effet une première dans l’Histoire coloniale sioniste en Palestine et ce depuis la création de l’entité sioniste il y a plus de 57 ans.

 

Jusqu’à présent la couverture médiatique n’a considéré la débâcle sioniste que d’un seul angle : les opérations d’évacuation des colons et les scènes théâtrales qui les ont accompagné ; où les colons essaient de montrer leur attachement à cette terre. En effet cela donne l’impression à l’opinion mondiale que Sharon fait des « pas douloureux » pour la « paix » !!.

 

Nous ne pouvons continuer à discuter de la couverture médiatique concernant la débandade sioniste de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie sans s’assurer que ce retrait est le résultat naturel et inévitable des opérations de la résistance et des sacrifices du peuple palestinien. Ce peuple qui a présenté pendant cinq ans de Intifada Al Aqsaa des milliers de martyrs et de blessés en plus de milliers de détenus et de torturés dans les geôles israéliennes.

 

Plus de neuf milles d’entre eux demeurent encore prisonniers parmi eux : cent femmes et près de trois cents enfants. Le coté sioniste est devenu par ailleurs convaincu que le peuple palestinien est décidé a persévérer dans la voie de « la résistance à l’occupation jusqu’à son expulsion quelques soient les sacrifices. »

 

Or puisque les loges politiques considèrent que différents visages existent au Droit en fonction des intérêts ; la fonction des médias devient alors de dévoiler tout ces visages et de prendre leur défense… néanmoins les « vérités » faussées demeurent incapables de faire face aux vérités limpides lorsqu’on procède à l’étalage et à l’exposition de ces dernières.

 

Les médias sionistes

 

Les médias sionistes ont eu une présence importante dans la couverture médiatique des opérations de retrait sioniste et de l’évacuation des colons. en effet ces médias restent à la base proches du lieu des faits et leurs équipes ont bénéficié de toutes les facilités leurs permettant de pénétrer dans n’importe quel zone militaire interdite aux autres médias palestiniens arabes et étrangers.

 

Les médias sionistes ont focalisé leur intérêt sur « l’image déplorable » et triste de la sortie des colons certains ont été interviewés lors de leur transfert. Les femmes et les enfants colons se plaignaient pleuraient et s’attristaient dans une tentative d’émouvoir l’opinion mondiale.

 

Les différentes chaînes télévisées sionistes ont réalisé des dizaines d’interviews avec des colons à l’intérieur de leurs maisons. La première et la deuxième chaîne focalisaient l’objectif de la camera sur les visages tristes les yeux larmoyants les petits enfants de même que sur des biens que les colons considéraient comme chers à leurs yeux tel les jardins les écoles et les synagogues. Les médias ont également montré que les soldats qui participent aux opérations d’évacuation sont très émus et affectés en faveur des colons. Au point où certaines images de hauts officiers en larmes étreignant les colons sont apparues.  Les médias ont ainsi insisté sur le taux de discipline régnant dans les rangs de l’armée d’occupation.

 

Il est clair que le plan de retrait dans sa forme Sharonienne et sujette à débats a provoqué dès son lancement au congrès de Hertsylya en 2003 une sorte d’agitation et de discorde dans le camp national sioniste. Ces agitations sont dues aux implications d’une mise à exécution de ce plan : l’anéantissement du rêve du « grand Israël » ; et la défaite même partielle de l’idéologie de ce camp national et de sa pensée politique coloniale expansionniste.

 

Néanmoins et pour certaines raisons obscures les regards et les plumes de la plupart des observateurs et analystes de l’entité sioniste ne se sont pas préoccupés de discuter et d’analyser les conséquences et l’impact de l’exécution de ce plan sur le camp national sioniste laïque partisan de la droite. Tous n’ont focalisé leur intérêt que sur les impacts directs futurs et probables de ce plan sur le camp sioniste religieux.

 

A ce propos l’analyste politique Saïd Ayach dit dans l’un de ses articles : « cette focalisation s’est surtout manifestée  dans l’énorme quantité d’articles d’analyses et de rapports qui abondèrent dans les pages des journaux hébreux. Ces articles sont pour la plupart rédigés par des plumes d’écrivains d’envoyés spéciaux et de commentateurs appartenants au courant centriste laïque du mouvement sioniste. Cette focalisation ne provient pas d’un hasard ou d’une simple coïncidence de même cette focalisation n’est absolument pas naïve ni innocente.

 

Cette focalisation a en effet des objectifs et des buts bien précis et ces objectifs possèdent des significations claires et limpides. » Il éclaire certaines de ces significations et dit : « la focalisation des regards sur l’impact du plan d’ « évacuation et de séparation » (le retrait) sur le camp religieux sioniste et très précisément son courant colonialiste a pour but d’éloigner les regards de la chose suivante : l’évacuation et le démantèlement de toutes les colonies de la bande de Gaza ou en d’autres termes le retrait total attendu de cette région constitue en premier lieu une défaite au projet du mouvement colonialiste expansionniste sioniste dans son ensemble. C’est une défaite même si jusque maintenant elle n’est subie que sur une partie des territoires palestiniens occupés depuis 67. C’est aussi la déchéance du courant national religieux et de sa profession de foi extrémiste.

 

Grâce à une large couverture médiatique cette focalisation donnait l’impression que la mise en application et les impacts du plan de « séparation et d’évacuation » ne concernaient que les partisans de ce courant national religieux et de sa branche colonialiste. Cette focalisation de même faisait penser que la majorité de l’Etat Hébreu épaulait ce plan mais elle avait en fait pour objectif de détourner les regards loin des crises et de la colère qui ont doublé d’intensité au sein de la classe politique de l’Etat hébreu et de ses principaux partis politiques surtout au sein du Likoud dirigé par le premier ministre Ariel Sharon.

 

Ces objectifs principaux n’ont pas été pris en compte dans la majeure partie du discours médiatique concernant l’application du plan de « séparation et d’évacuation ». Ils ont néanmoins trouvé de nombreuses analyses dans les journaux hébreux durant ces derniers jours ; elles sont en apparence de type différent mais en réalité elles convergent vers un même objectif : insister sur le « coup douloureux » porté par le plan à l’encontre de la pensée sioniste religieuse. Ainsi dans le numéro du « Yediot Ahranot » daté du 19/8/2005 l’écrivain journalistique « Ehodah Littani » et son collègue « gauchiste » l’écrivain « Yarone London » écrivent : « la vérité c’est que ce qui est en train de se passer à Gaza n’est pas un combat entre une dogme et des ordres […] c’est en fait un combat entre deux dogmes et deux types d’ordres issus de l’un ou de l’autre de ces dogmes. »

 

La rédaction du journal « Haaretz » est encore allée plus loin dans son éditorial du lundi 22/8/2005 lorsqu’elle affirma : « ils [ils : les rabbins de la droite extrémiste religieuse sioniste.] sont et non l’Etat ceux qui ont transformé le combat pour « Goch Qatif » d’un désaccord politique légitime à une guerre sans merci entre l’Etat et la religion. »

La rédaction du journal considère que « les exhortations avortées lancées par les rabbins du courant messianique aux soldats et à leurs partisans afin de ne pas obéir aux ordres d’évacuation ont fait perdre espoir au grand public que ces rabbins prétendaient diriger. »

 

D’autre part plusieurs hommes de lettres appartenant au courant centriste laïque du mouvement sioniste se sont mobilisés afin d’ « intensifier la tristesse générale » apparue chez une grande partie de la société israélienne à la lumière de l’évacuation des colonies juives de la bande de Gaza. Ainsi dans son article paru dans le « Yedioot Ahranot » le célèbre écrivain « gauchiste » : A.B. Yahochouaa a résumé uniquement dans le titre de l’article toute l’émotion ressentie lors des pleurs des colons : « les yeux des enfants colons me rattrapent et troublent mon sommeil. »

 

Cependant l’avis le plus intéressant parmi tout ce qui fut écrit à ce sujet est ce qu’à exprimé l’écrivain appartenant au courant de « l’après sionisme » : Baroch Kalimerling dans un article à « Haaretz » daté du 21/8/2005. Il considère que l’opération d’évacuation des colonies de la bande de Gaza et les scènes qui l’ont accompagné et qui ont bénéficié d’une couverture médiatique sans précédent ne constituent en fait qu’une « pièce » bien orchestrée.

 

L’Etat Hébreu et surtout le producteur de cette pièce : le premier ministre Ariel Sharon chercheraient à travers celle-ci à faire parvenir un message à l’ensemble du monde. Ce message révèle que l’Etat hébreu « n’est pas capable de résister à l’occasion d’autres évacuations (retraits) ». Sharon et l’Etat hébreu se présentent dans cette « pièce » comme des « héros de la paix » ayants offert un présent unilatéral aux palestiniens (le retrait) et attendant de recevoir en contrepartie le prix convenable de la part des palestiniens des arabes et du monde.

 

Les chaînes Aljazeera et Alarabia

 

Non susceptibles d’être accusés de tomber dans le jeu du premier ministre sioniste Ariel Sharon les chaînes d’information Aljazeera et Alarabia ont préparé spécialement d’importants moyens pour couvrir en direct les opérations de débâcle sioniste de la bande de Gaza.

 

Attirants des millions de téléspectateurs arabes ces deux chaînes ont renforcé la présence de leurs équipes médiatiques sur les territoires palestiniens. La chaîne Aljazeera basée à Dawha a dépêchée six journalistes tandis qu’ Alarabia basée à Dubaï a enrôlé une équipe composée de sept journalistes.

 

Les deux chaînes ont transmit en direct les images de l’entrée des forces d’occupation dans les colonies les affrontements entre colons et soldats et les bulldozers rampant pour détruire les maisons évacuées. Les deux chaînes ont continué à transmettre à partir des emplacements des colonies à Gaza mais sans interviewer les colons.

 

Les deux chaînes se sont entretenues avec des palestiniens habitants les villages envoisinant les colonies évacuées. Ces entrevues ont dévoilé la pauvre vie que menaient les populations sous l’occupation sioniste.

Chirine Abou Aqlah l’envoyée spéciale d’Aljazeera a dévoilé la situation de pauvreté et d’humiliation que vivent les palestiniens sous l’occupation. Les cameras ont également filmer des écritures et des dessins anti-arabe et anti-palestinien tracés par les colons peu avant leur départ sur les murs des colonies sionistes. Aljazeera a même pris toute la journée du 15 août afin de couvrir le retrait sous le titre : « une journée de Gaza ».

 

D’autre part Aymane Jaballah vice président d’Aljazeera dit : « nous étions parfaitement conscient que « Israël » pourrait profiter médiatiquement de cet évènement. Nous avons alors débattu en direct comment « Israël » pourrait bien profiter de la couverture médiatique. ».

 

Il ajoute que : « nous avons tenu à couvrir ce fait très précisément et nous avons laissé l’ensemble des côtés expliquer leurs points de vue. »

De son coté la chaîne Alarabia a consacré une journée spéciale pour les palestiniens de Gaza. Ainsi Nakhlah Al Hajj directeur des médias et des programmes à Alarabia raconte : « nous avons pris toute une journée pour couvrir et avoir une idée de la vie des palestiniens pêcheurs paysans et commerçants. » Par ailleurs la chaîne a également interviewé des sionistes auxquels elle a accordée une place dans ses débats. Néanmoins certains téléspectateurs et quelques penseurs ont considéré que les deux chaînes ont rendu service consciemment ou pas aux intérêts de Sharon.

 

Un cirque comique médiatique

 

Par ailleurs pour Abdellbari Attouane rédacteur en chef du journal « Al Quds Al Arabi » (Al Quds arabe) publié à Londres : « nous comprenons que les médias internationaux tombent dans le piège des colons en couvrant en direct leur résistance à ces opérations d’évacuations (…).

 

Néanmoins nous ne comprenons pas comment tombent certains médias arabes dans ce même piège servant par là les intérêts de Sharon sans même s’en rendre compte. » il explique que : « l’opinion mondiale s’est trouvée abusée par les larmes des colons. Alors qu’elle ne s’est pas arrêtée sur l’image des enfants de Rafah de Jénine et de Jabaliah cherchant leurs livres affaires et uniformes scolaires parmi les décombres de leurs maisons détruites » Il a par ailleurs décrit le retrait sioniste de Gaza et le profit qu’en tire Sharon comme étant un grand cirque comique médiatique.

 

L’impuissance arabe

 

Tout au long de la semaine dernière aucun évènement ne fut médiatisé dans les mêmes proportions que le retrait sioniste de Gaza. En effet les faits ou affaires médiatiques couverts pour une longue période par les médias arabes sont généralement de grands évènements liés directement à une majeure partie de leurs téléspectateurs. Le début du retrait sioniste de la bande de Gaza a été sans doute un évènement important.

 

Mais « quelque chose » dans cet évènement eu un impact dans la manière dont furent traités ses détails par les médias. En effet les heures de couverture médiatique n’ont pas procuré au téléspectateur arabe ce que l’on peut appeler : une joie « limpide ». De même pas beaucoup de rapports ne sont apparus concernant les réactions des citoyens des pays arabes face au retrait et à quel point ils se sentent concerné. A ce propos un journaliste arabe dit : « les médias arabes restent noyé dans leur système traditionnel reposant à la base sur la glorification du roi ou du président le considérant lui comme le plus grand des « évènements » ou même que le retrait de Gaza n’est que l’un de ses succès !!. »

 

Ainsi la réalité arabe s’est reflétée sur la couverture médiatique des opérations de débandades sionistes « au point où la joie du retrait sioniste tant désiré par l’arabe de son territoire fut une joie amoindrie. »

L’écrivaine Egyptienne Houaydah Taha raconte : « sans la couverture médiatique du retrait ces images n’auraient pas entraîné en notre sein mille interrogations et mille sentiments de colère.

 

Le premier angle de cette image : des colonies apparaissant comme des paradis touristiques : de belles petites villas. Alors que de l’autre coté : de petites ruelles des maisons qui tombent en ruines des routes encore plus délabrées et toute la pauvreté et la misère dans les territoires palestiniens de la bande de Gaza. Le plus étonnant reste à quel point les colons sont choyés apparaît ainsi un colon ici ou là dénonçant insultant et prévenant son gouvernement manifestant ou résistant à l’opération d’évacuation ; puis ils disent que leur gouvernement les a « sacrifié » ! En tant qu’observateur arabe regardant cette comédie historique tu compares alors entre ta vie et la vie de ton ennemi que te transmet la télévision puis tu te demandes : pourquoi Israël était et demeure plus forte que nous ?! ».

 


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