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L’avenir de Sharon et du plan de « séparation » suite au retrait de la bande de Gaza.

mercredi 31-janvier-2007

CPI
La sortie de l’occupant commence après son installation pendant plus de 38 ans… il commence alors à démanteler ses bases et ses positions militaires et à détruire ses colonies construites sur une terre spoliée et violée.

 Durant les quatre générations passées les palestiniens ont vécu à Gaza devenue emplie d’une odeur de mort de massacres de délogements de blocus d’arrestation et de destruction des maisons sur les têtes de leurs propriétaires… c’est l’image de l’occupant dont il a lui-même dessiné les traits avec ses chars meurtriers et ses avions de chasse. C’est le retrait d’une armée dite « invincible » ! Le retrait d’une occupation connue comme coloniale : virant les habitants de leurs terres afin de s’y installer…

 Pourquoi alors ce retrait apparu comme « volontaire » ? Qu’est ce qui a changé les croyances des dirigeants sionistes connus pour leur croyance coloniale enracinée ? Eux-mêmes avaient dit avant : « la colonie de Netzarim implantée à Gaza est aussi importante que Tel Aviv pour « Israël ». »

 Certains ont considéré que le retrait de Sharon serait une défaite face à la résistance palestinienne victorieuse. D’autres ont vu que ce retrait de Sharon de Gaza n’est qu’un retrait tactique où il aurait voulu aveugler les gens afin de pouvoir annexer la Cisjordanie et judaïser Alqods dans l’indifférence de l’opinion mondiale occupée par le retrait de la bande de Gaza ; comme quelqu’un qui pêche un gros poisson grâce à un autre plus petit accroché à l’hameçon…

 Mais l’interprétation la plus correcte est le cumul de ces deux avis : une réalité imposée à l’occupant et une stratégie mise en place par Sharon. Le premier ministre israélien Sharon dès son arrivée à la tête du gouvernement sioniste en 2002 a en effet tout essayé pour stopper la résistance palestinienne et afin de décourager la volonté du peuple palestinien décidé de se débarrasser de l’occupant. Il a alors mené à la suite de grandes opérations en Cisjordanie et à Gaza comme « la campagne des cents jours » où il a promit à son peuple de supprimer l’Intifada en cent jours ou encore « la campagne du mur protecteur ».

Néanmoins il a fini par comprendre qu’il ne pourrait y parvenir et même que la persévérance du peuple palestinien et la perpétuité de la résistance commençaient à menacer l’avenir et la stabilité de l’Etat occupant… Il s’est alors rendu compte que le retrait était nécessaire. Il a ainsi annoncé dans le cinquième congrès de Hertzilia réalisé du 13 au 18 décembre 2004 sa volonté de se séparer des palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. Par la suite il a exposé son plan de « séparation » unilatéral.

 Ainsi la raison essentielle qui poussa Sharon à penser et commencer le démantèlement des colonies et le retrait C’est bien la résistance et la persévérance héroïque et incroyable du peuple palestinien. Et ce même si Sharon a caché cela planifié et travaillé afin de camoufler sa défaite de Gaza. Il a ainsi essayé de transformer ce retrait en une stratégie de bataille en vue d’annexer la Cisjordanie et judaïser Alqods en contrepartie de ce retrait encore non achevé… si l’on compte les points de chacun dans la bataille on constate que le peuple palestinien et sa résistance ont obtenu une victoire dans la première manche… et les prochains jours témoignerons d’une nouvelle manche dans ce combat de l’existence sur le terrain de la Cisjordanie.

 La « séparation » de la Cisjordanie :

 La seconde phase du plan de « séparation unilatérale » va se dérouler dans le territoire de Cisjordanie incluant la ville de Alqods. Cette phase a commencé il y a deux ans et ne s’est pas encore terminée. Sharon accélère l’accomplissement des faits sur la terre ferme afin de pouvoir annoncer la séparation de la Cisjordanie. Effectivement parmi ces faits :

–     L’achèvement de la construction du mur de séparation. Ce mur annexera près de 40% des territoires de la Cisjordanie là où il y a une faible densité de la population aux territoires palestiniens de 48 (l’entité occupante). Parmi les territoires annexés il y aura Alqods ; l’occupant a d’ailleurs commencé la construction du mur autour de la ville afin de l’annexer et d’isoler ses habitants palestiniens loin d’elle tout ceci dans le but qu’elle devienne à majorité juive.

 –       Le renforcement de la colonisation. L’élargissement des grandes implantations coloniales en Cisjordanie placée à l’Ouest du mur en vue de les annexer comme fut le cas de « Jabaat Zeevi » ou encore « Maaleh Adonim »… ceci en contrepartie du démantèlement des petites colonies à l’est du mur éparpillées entre les villes palestiniennes.

 Grâce à ces réalisations Sharon a pour but de :

 –     Dessiner les frontières politiques séparant l’entité occupante de la Palestine en les calquant sur le tracé même du mur.

–      Léguer la responsabilité politique à l’autorité palestinienne afin de garder la sécurité des frontières dessinées par le mur.

 –      Isoler la masse des habitants palestiniens loin de l’entité d’occupation ce qui permettrait de préserver l’identité juive de cet état.

 –      Transférer l’administration des affaires des palestiniens à l’autorité palestinienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

 Le véritable but de tout cela c’est en fait faire apparaître l’entité occupante comme ayant effectué les devoirs qu’elle avait envers les palestiniens ; et ceci avec un appui américain… Par exemple la prétention qu’  « Israël » se serait retirée des territoires occupés de 67 en application à la résolution 242 comme interprétée par les britanniques…

 Quand à la question des réfugiés des centaines de milliers peuvent retourner à la Cisjordanie ou à Gaza en application de la résolution 194. Pour la majorité de la population palestinienne que constituent les autres réfugiés l’occupant tente de les intégrer aux pays arabes et étrangers en contrepartie du « retrait » sioniste de Gaza et de parties de la Cisjordanie.

 Plan de séparation et avenir de Sharon

 Désormais le destin politique de Sharon est lié au plan de séparation auquel il croit. De même l’exécution de ce plan est maintenant liée à l’avenir politique de Sharon en tant que premier ministre.

 Sharon va-t-il réussir à sauver son plan et son avenir politique désormais en danger suite à la démission de son ministre du budget « Benyamin Netannyahou » du gouvernement ? Netannyahou a effectivement déclaré sa candidature à la présidence du Likoud puis à la présidence du gouvernement sur la base du refus du plan de séparation…

 Le 26 septembre de l’année en cours va se déterminer l’avenir politique de Sharon lors du vote sur la proposition de réaliser les élections du parti afin de choisir son dirigeant du parti. Si la proposition n’est pas adoptée par les membres à ce moment là Sharon pourra continuer à présider le parti et le gouvernement jusque Novembre 2006. Si la proposition est prise Sharon fera face à plusieurs choix :

 –    Soit rester dans le parti et concurrencer Netannyahou pour la présidence du Likoud en fin de Novembre 2005

 –     Soit quitter le Likoud et créer un autre parti afin de mener la nouvelle bataille des élections anticipées du parlement sioniste.

 –      Le troisième choix quitter le parti du Likoud et abandonner la vie politique.

 Si Sharon subit une défaite à l’intérieur du parti ou à l’extérieur de celui-ci le plan de séparation va se geler et sa réalisation va se stopper immédiatement. Car Netannyahou souhaite l’effectuer dans le cadre d’un accord politique avec le coté palestinien ce qui signifie le retour le cercle vicieux des négociations et les conditions de sûreté préalables.

Mais si Sharon gagne la bataille contre Netannyahou cela lui permettra d’assurer sa fonction de 1er ministre et de pouvoir sauver son plan de « séparation » de la Cisjordanie.

 La mise à exécution du plan de « séparation » garantit-elle à Sharon l’atteinte de ses objectifs ?

 Le but essentiel pour Sharon est de fuir et se débarrasser de la résistance palestinienne derrière un mur politique (des frontières) garantissant la sûreté politique à l’entité occupante.

Mais il est douteux que ce rêve puisse se concrétiser pour Sharon… En effet il existe de nombreux facteurs et causes objectives qui permettent à la résistance et à l’Intifada de continuer malgré les huit mètres de hauteur du mur bétonné. Sharon a donc échoué dans la réalisation de ses objectifs.

 Parmi les facteurs entraînant la continuation de la résistance et l’échec du plan Sharon :

–      Que le retrait est « unilatéral » uniquement du côté sioniste et n’impose rien au côté palestinien

–      Que le plan de séparation ne satisfait même pas le minimum demandé par l’autorité palestinienne (frontières de 68). Qu’en sera-t-il alors des mouvements islamiques et patriotes soutenus par la majorité des palestiniens dont nous connaissons les idées et qui refusent même de céder la moindre parcelle de la terre de Palestine ?  

–      La judaïsation et l’annexion de Alqods considérées comme l’un des sujets les plus sensibles pour les palestiniens et les arabes et musulmans de manière générale. la moralité peut être prise de Intifada de Al Aqsaa déclenchée par l’outrage perpétré par Sharon envers la mosquée Alaqsaa lorsqu’il lui rendit visite en septembre 2000.

–      La volonté de Sharon de contrôler les endroits qu’il souhaite évacuer : le contrôle de l’air de la mer et des passages terrestre par exemple. L’autorité serait alors diminuée et la « liberté » serait liée par l’occupant. Voila ce qui se passe à Gaza actuellement : Sharon refuse en effet la mise en fonction de l’aéroport international de Gaza de même il refuse la construction d’un quai naval en plus de sa volonté de préserver la présence occupante sur le passage de Rafah aux frontières de l’Egypte.

–       Le retrait de l’occupant des lieux et des villes à densité importante de population mais seulement après avoir spolié la majorité des territoires agricoles.

–       Le droit des réfugiés palestiniens au retour qui constituent une majorité de la population palestinienne ; ce droit est complètement ignoré par Sharon et son plan ce qui constitue un facteur de tension et d’explosion envers l’occupant dans plus d’un endroit géographique à l’intérieur comme à l’extérieur des territoires occupés.

 Ainsi le plan de séparation de Sharon va peut être aboutir du fait de la réalité imposée par la force. Mais ce qui est sûr c’est que cette réalité ne garantira pas la sûreté et la stabilité à l’occupant. Sharon avec son plan tente vainement de bloquer un immense torrent en plaçant des sacs de sables sur son chemin.

 En effet le mur de séparation en Cisjordanie les fils barbelés que Sharon envisage d’installer autour de la bande de Gaza suite à l’achèvement du retrait ; tout cela peut bien bloquer quelques moments l’avancée de la résistance ici ou là… mais il lui est impossible de l’arrêter tant que l’occupation restera installée sur la terre et sur les nuques des palestiniens spoliant les droits légitimes et transformant la vie du peuple palestinien en un enfer insupportable.

 Mais cette interrogation persiste : quels seront l’importance et l’avenir du mur de séparation raciale (colonne vertébrale du plan de séparation) si un missile de « Qassam » lancé de Jénine tombe en plein cœur de Tel Aviv près du ministère de défense sioniste ?
 

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