Wed 30-April-2025

Gaza sans liquidités… L’Observatoire Euro-Méditerranéen : Israël utilise le blocus financier pour approfondir la souffrance de la population et l’anéantir

jeudi 24-avril-2025

CPI

L’Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme a exprimé sa profonde inquiétude face à l’aggravation de la crise de liquidités dans la bande de Gaza, conséquence directe des crimes de l’occupation israélienne, qui visent à démanteler les fondements de la vie pour les civils, en ciblant notamment le système bancaire à travers une destruction délibérée et un blocus total.

Dans un communiqué publié jeudi, l’Observatoire a mis en garde contre ces pratiques qui imposent délibérément des conditions de vie coercitives menant à une destruction lente et systématique de la population. Ces actes constituent, selon lui, une forme de génocide interdit par le droit international, une violation flagrante du droit international humanitaire, et une atteinte directe aux droits fondamentaux des Palestiniens, notamment le droit à la vie, à la dignité humaine, à un niveau de vie décent, à la nourriture, à la santé, au logement et au travail.

L’Observatoire indique que l’occupation israélienne, depuis le début de ce qu’il qualifie de crime de génocide en octobre 2023, empêche les banques et les institutions financières d’introduire tout type ou montant de liquidités à Gaza, tout en ciblant directement et détruisant les sièges de ces banques ainsi que les distributeurs automatiques. Cela a forcé la majorité des banques à fermer complètement, entraînant une crise humanitaire et économique aiguë qui s’aggrave de jour en jour, dans un effort méthodique pour éliminer toute capacité de survie dans la bande de Gaza.

Il souligne que les conséquences de cette grave pénurie de liquidités sont devenues insupportables après plus de 18 mois de génocide, les habitants étant contraints de recourir au marché noir, où de fortes commissions sont prélevées, épuisant davantage leurs maigres ressources.

Ces conditions ont alourdi les charges économiques, sociales et psychologiques, notamment pour les plus vulnérables, principalement les familles pauvres qui constituent désormais la grande majorité de la population, en raison de la perte ou de la destruction volontaire de leurs moyens de subsistance dans le cadre d’une politique délibérée de famine et d’appauvrissement menée par l’occupation israélienne.

L’Observatoire précise que les salariés, les entrepreneurs, ainsi que les familles dépendant de transferts de fonds depuis l’étranger, n’ont d’autre choix que de passer par des circuits non officiels contrôlés par certains commerçants et bureaux de change. Ces derniers monopolisent les liquidités et exploitent les besoins urgents de la population, prélevant jusqu’à 35 % du montant en commission, en l’absence totale de contrôle ou de responsabilité, conséquence de l’effondrement des systèmes de sécurité et de justice à Gaza, provoqué méthodiquement par l’occupation israélienne.

La majorité de la population a perdu ses moyens de subsistance à cause des meurtres, des blessures infligées aux soutiens de famille et de la destruction massive des biens dans le cadre du génocide. Ceux qui perçoivent encore un salaire n’y ont plus accès en espèces, aggravant la crise humanitaire, car les habitants ne peuvent même plus couvrir leurs besoins essentiels : nourriture, médicaments, loyers ou encore les coûts liés aux déplacements forcés.

La crise s’aggrave de jour en jour avec la flambée des prix, due à une grave pénurie de produits de première nécessité provoquée par un blocus illégal imposé par l’occupation israélienne, interdisant totalement l’entrée de l’aide humanitaire et des marchandises depuis plus de 50 jours. De plus, la destruction massive des logements rend leur disponibilité extrêmement rare, exacerbant les souffrances et compromettant les chances de survie de la population.

Dans un témoignage recueilli par l’équipe de l’Observatoire, Malek Hamed (36 ans), résident de Gaza, raconte :

« Je travaille dans une université locale, mais je ne reçois qu’une partie de mon salaire, environ 300 $, depuis le début de la guerre. Les banques étant fermées, je dois passer par un commerçant pour obtenir de l’argent liquide, mais il prélève plus d’un tiers du montant. »

Il ajoute :

« Ce qui me tourmente le plus, au-delà des dépenses quotidiennes et des prix fous, c’est l’extrême difficulté à obtenir l’argent nécessaire pour acheter les médicaments de mon fils Anas (3 ans), atteint du syndrome de Dravet, une maladie neurologique grave. Le traitement coûte environ 110 $ par mois, soit plus de la moitié de mon salaire, et je dois impérativement les payer en liquide pour sauver la vie de mon enfant. »

Hassan Salah (42 ans), fonctionnaire de l’Autorité Palestinienne et père de six enfants, témoigne aussi :

« À cause de la guerre et du blocus, les prix ont été multipliés, les charges sont devenues insupportables. Mon salaire est d’environ 420 $, mais à cause de la fermeture des banques, je ne peux l’encaisser qu’à travers un bureau de change, et je ne récupère qu’environ 290 $ à cause des commissions. »

Il précise :

« Comme beaucoup, j’ai été déplacé plusieurs fois, avec toutes les charges que cela implique. Aujourd’hui, les prix sont tellement élevés que je ne peux même pas acheter suffisamment de farine pour ma famille. On ne peut même plus emprunter car tout le monde est dans la même situation. »

L’Observatoire conclut que le ciblage direct du secteur financier de Gaza par l’occupation israélienne — incluant le blocus financier, l’interdiction d’entrée de liquidités et la destruction de l’infrastructure bancaire — va bien au-delà d’un simple acte contre l’économie. Cela représente un instrument central dans une politique de famine et d’anéantissement collectif.

Il rappelle que l’occupation israélienne, en tant que puissance occupante, est tenue par le droit international de garantir un minimum de vie économique et de bien-être social pour les populations sous occupation, sans entraver le fonctionnement des institutions civiles, y compris les banques.

À l’inverse, l’occupation israélienne applique une politique de séchage financier délibéré, créant une réalité étouffante étroitement liée à son projet de génocide, utilisant la privation économique comme un outil pour paralyser la vie civile et briser toute résilience collective.

Ces politiques violent ouvertement le droit international des droits de l’homme, notamment les droits inaliénables à la vie, à la santé, à une alimentation adéquate, au logement, au travail décent, à la protection sociale, etc.

L’Observatoire exhorte la communauté internationale, et notamment les États signataires des Conventions de Genève et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, à prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin aux violations systématiques de l’occupation israélienne contre les civils à Gaza, notamment les politiques de privation financière.

Il demande également une pression internationale immédiate pour contraindre l’occupation israélienne à lever le blocus illégal sur Gaza, y compris le blocus financier, à permettre l’entrée des salaires, des aides financières et des liquidités sans restriction, et à rétablir le fonctionnement des infrastructures bancaires en toute sécurité.

Il appelle aussi à ouvrir des enquêtes internationales indépendantes sur l’utilisation de la politique financière comme outil de génocide, et à activer les mécanismes de poursuite judiciaire aux niveaux pénal et international, incluant la traque des personnes et entités responsables.

Enfin, l’Observatoire réitère son appel à tous les pays, individuellement et collectivement, pour qu’ils assument leur responsabilité légale et agissent immédiatement pour mettre fin au génocide à Gaza, protéger les civils, veiller à ce que l’occupation israélienne respecte le droit international, et exiger que les responsables soient traduits en justice, y compris par l’exécution des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre les dirigeants de l’occupation israélienne.

Il appelle également à l’imposition de sanctions économiques, diplomatiques et militaires contre l’occupation israélienne, notamment un embargo sur les armes, l’arrêt de toute forme de coopération, le gel des avoirs des responsables, l’interdiction de voyage à leur encontre, et la suspension des accords commerciaux qui facilitent les crimes contre les Palestiniens.

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