CPI
Les autorités américaines ont arrêté l’étudiante en doctorat turque à l’université de Tufts, Rümeysa Öztürk, sous l’accusation de participer à des activités de soutien au Hamas.
L’arrestation d’Öztürk, étudiante en dernière année de doctorat, a eu lieu alors qu’elle se préparait à sortir de chez elle à Somerville pour participer à un repas de rupture du jeûne lors du mois de Ramadan, mardi soir. Des éléments de l’Agence de l’immigration et des douanes américaine (ICE) ont interpellé Öztürk. Les caméras de surveillance, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent six agents de l’ICE, certains masqués, encerclant Öztürk et tentant de lui prendre son téléphone portable. Les images documentent aussi ses protestations alors que ses mains sont menottées dans son dos.
Dans un communiqué du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, un porte-parole a affirmé qu’Öztürk était impliquée dans des « activités » qui la rendraient inéligible à son visa d’étudiant. Le communiqué a ajouté que les enquêtes menées par l’ICE ont conclu qu’elle soutenait le Hamas, ce qui justifiait la révocation de son visa.
De son côté, l’avocate de l’étudiante, Mahsa Khanbabay, a déclaré dans un communiqué que Rümeysa Öztürk détenait un visa étudiant valide et qu’elle avait été arrêtée alors qu’elle se rendait à un dîner avec des amis. Elle a précisé qu’aucune accusation officielle n’avait été portée contre elle et qu’il était encore inconnu où elle était détenue.
L’Université de Tufts a indiqué dans un communiqué qu’elle n’avait pas été informée de l’arrestation d’Öztürk, tandis que ses camarades de l’université ont exprimé leur inquiétude de ne pas pouvoir la joindre. Ils ont également mentionné qu’un site appelé « Canary Mission », qui divulgue des informations sur les étudiants participants à des manifestations pro-palestiniennes, avait déjà divulgué ses informations personnelles.
La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a réagi sur les réseaux sociaux en qualifiant l’arrestation d’Öztürk de « dernier exemple d’une tendance inquiétante visant à restreindre les libertés civiles ». Elle a critiqué l’administration de Donald Trump, affirmant que ces arrestations ciblaient les étudiants pro-palestiniens dans les universités et qu’elles ne respectaient pas les procédures légales, ce qui constitue selon elle une « attaque contre les libertés fondamentales garanties par la Constitution des États-Unis ».
Cette arrestation intervient dans un contexte où l’administration Trump réprime de plus en plus les étudiants et les universitaires soutenant la cause palestinienne. Auparavant, le militant palestinien Mahmoud Khalil, diplômé de l’université de Columbia, a été arrêté, et le chercheur indien Badr Khan Suri de l’université de Georgetown a été menacé de déportation sous l’accusation de diffuser de la « propagande de Hamas et d’antisémitisme ». Cependant, un juge américain a suspendu cette décision.
Les manifestations pro-palestiniennes, qui ont commencé à l’université de Columbia, se sont propagées à plus de 50 universités américaines, avec plus de 3100 personnes, principalement des étudiants et des membres du corps professoral, arrêtées.