Londres – CPI
La Fondation « Forensic Architecture » pour l’architecture criminelle a publié, en octobre 2024, une enquête détaillant l’ampleur des crimes israéliens dans la bande de Gaza, selon un rapport du site américain Mundois.
La fondation s’est appuyée sur une méthode d’analyse spatiale, utilisant diverses techniques et approches analytiques, en particulier les statistiques spatiales.
Selon le rapport, cette analyse ne se limite pas à fournir des preuves de la violence israélienne contre la vie civile, incluant des attaques contre des hôpitaux, des écoles, des refuges, des sites historiques, des centres religieux, des terres agricoles, des puits d’eau, des boulangeries et la distribution de l’aide humanitaire, mais elle documente également comment ces actions montrent une intention d’exécuter un génocide.
La fondation a déclaré que son enquête repose sur plus d’une année de recherche continue sur le comportement de l’armée israélienne à Gaza, et a été soumise à l’équipe juridique de l’Afrique du Sud pour soutenir une plainte déposée devant la Cour internationale de justice, accusant Israël de génocide.
La fondation, basée à la Goldsmiths College de l’Université de Londres, est un groupe de recherche multidisciplinaire qui inclut des experts en architecture, journalisme, cinéma, droit et informatique, et qui mène des enquêtes sur les crimes des États et les violations des droits de l’homme à travers le monde.
Eyal Weizman, le fondateur de ce groupe de recherche, a expliqué dans une interview sur une plateforme de podcast : « Nous interrogeons uniquement les armées, les services de renseignement et les forces de police. »
Il a également parlé de l’importance de mettre les actes de génocide israéliens dans un contexte historique, précisant : « Vous ne pouvez pas présenter une affaire de génocide sans comprendre comment les intentions sont formées par l’histoire du projet colonisateur/colonial sioniste. »
Le rapport de l’enquête est décrit par Jeff Wright comme l’un des documents les plus importants produits par l’unité « Right » d’enquête de la fondation. Une enquête antérieure sur le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh, correspondante d’Al Jazeera à Ramallah en 2022, a fourni une explication détaillée, s’appuyant sur une analyse visuelle, sonore et spatiale, confirmant sans aucun doute qu’il s’agissait d’un meurtre délibéré.
Ce rapport contient plus de 800 pages de preuves de milliers de cas de violence militaire israélienne bien documentés, classés en six catégories : contrôle spatial, déplacement forcé, destruction des cultures et des ressources en eau, destruction des infrastructures médicales, destruction des infrastructures civiles, et attaques contre l’aide humanitaire.
Les milliers de preuves ont été tracées sur des cartes de génocide, révélant ce que l’enquête qualifie de « modèles imbriqués d’incidents ».
L’une des conclusions majeures de l’enquête est que ces modèles, pris ensemble, peuvent être utilisés pour établir l’idée que les actions d’Israël et les déclarations de ses dirigeants remplissent les critères de définition du génocide.
Selon l’enquête, ces modèles indiquent que « ces attaques ont été planifiées, à un niveau officiel ou non, et ne se sont pas produites de manière aléatoire ou accidentelle ».
L’enquête a également observé que « les actions militaires sont multiformes et que des modèles peuvent se produire à travers les actes… et engendrer un effet cumulé, où chaque action aggrave l’impact de la suivante ».
Un exemple dans le rapport est l’impact aggravé de la destruction par l’armée israélienne des terres agricoles et du blocage de l’aide alimentaire, entraînant une pénurie alimentaire et une famine.
Enfin, Eyal Weizman a évoqué les « modèles » de transfert des Palestiniens du nord de Gaza, « riche en terres agricoles », vers le sud, comme en 1948-1949, et comment ce même acte a été répété en transférant les Palestiniens du nord vers le sud, c’est-à-dire vers le désert.
