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Amnesty International appelle lAP à enquêter sur la torture de leurs détenus

vendredi 4-novembre-2022

Amnesty International a demandé aux autorités de Cisjordanie d’enquêter sur la torture des détenus politiques dans leurs prisons.

L’organisation a souligné dans un communiqué jeudi la nécessité pour l’AP de veiller à ce que six hommes arrêtés en Cisjordanie en juin dernier dont trois grévistes de la faim pendant près de deux mois en détention bénéficient d’un procès équitable avant leur premier procès au tribunal.

Elle a souligné la nécessité de garantir des enquêtes rapides et impartiales sur leurs allégations de torture et d’autres mauvais traitements pendant leur détention.

Amnesty International a confirmé que les forces de sécurité avaient arrêté les six personnes sans mandat et les avaient accusées d’infractions pénales liées à une explosion dans un atelier de menuiserie.

Elle a indiqué qu’ils ont tous été torturés lors de leur interrogatoire au centre de détention de Jéricho puis dans la prison de Beituniya qui sont gérées par l’Autorité palestinienne selon leurs avocats et les membres de leur famille qui leur ont rendu visite pendant leur détention.

L’un des détenus devant le tribunal a également déclaré avoir été torturé selon le procès-verbal de la séance consulté par Amnesty International.

« La torture ne peut jamais être justifiée et les autorités doivent immédiatement lancer une enquête complète efficace impartiale et indépendante sur les allégations de torture et autres mauvais traitements de ces détenus » a déclaré Heba Morayef directrice du bureau régional pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Les suspects d’atteintes aux détenus doivent être suspendus jusqu’à la fin de l’enquête afin qu’ils ne puissent plus commettre d’abus. Ils devraient également bénéficier d’un procès équitable conformément aux normes internationales. »

Selon le communiqué depuis que des actes d’accusation ont été déposés contre eux début septembre les audiences ont été reportées en raison de l’absence de témoins des forces de sécurité palestiniennes pour témoigner. La prochaine session est prévue le 30 novembre 2022.

Ahmed Harish (28 ans) Munther Raheeb (54 ans) Jihad Wahdan (44 ans) et Ahmed Khasib (27 ans) ont été arrêtés le 6 juin 2022. Khaled Al Nawabet (44 ans) a été arrêté le 23 juin et Qassam Hamayel (23 ans) ) le 26 juin.

En octobre Ahmed Khasib et Khaled Al Nawabit – qui subit une opération cardiaque – ont été libérés sous caution.

Selon leurs avocats et les membres de leur famille qui ont pu leur rendre visite pendant leur détention ces hommes ont été torturés et maltraités pendant leur garde à vue.

Depuis le 25 septembre Ahmed Harish Jihad Wahdan et Qassam Hamayel ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur mauvais traitement alors qu’ils sont menottés à des lits d’hôpital au Palestine Medical Complex Hospital où ils ont été transférés en raison de la détérioration de leur santé.

Malgré leur mauvaise santé leurs familles et leurs avocats affirment qu’ils n’ont pas reçu de soins médicaux adéquats selon Amnesty International.

Selon la déclaration les détenus ont été placés à l’isolement privés de visites familiales et d’appels téléphoniques et placés sous surveillance constante en guise de punition pour leur décision d’entamer une grève de la faim.

Selon la déclaration d’Amnesty International l’avocat et la famille d’Ahmed Harish dont la femme a donné naissance à leur premier-né au début de sa grève de la faim ont raconté à Amnesty International comment les forces de sécurité l’ont frappé aux pieds et l’ont battu à plusieurs reprises avec des matraques et des bâtons. Ils ont décrit comment ses bras étaient levés derrière son dos pendant des heures une méthode de torture courante utilisée dans les centres de détention palestiniens connus sous le nom de shabeh.

Selon le communiqué de l’organisation Ahmed Harish a détaillé sa torture devant un juge lors d’une audience tenue le 13 juin au tribunal de première instance de Jéricho. Amnesty International a examiné des documents judiciaires pour son témoignage dans lesquels il a déclaré au tribunal : « Je suis resté ici pendant une semaine dans ces cachots à Jéricho les mains liées avec une corde et le visage couvert et je ne pouvais rien voir. J’ai été suspendu à une fenêtre et ils m’ont battu avec des bâtons et des fouets. J’ai été piqué à la plante des pieds et après tout ça ils m’ont dit : « Lève-toi et danse… » et ils m’ont mis les mains derrière le dos.

Selon des documents judiciaires un juge l’a renvoyé pour un examen médical et bien qu’il ait été informé de cette torture il l’a renvoyé à l’endroit où il a dit avoir été torturé.

Selon la sœur d’Ahmed Harish il a été davantage torturé en raison de ses déclarations au tribunal. Plus tard devant le tribunal il n’a plus répété ces déclarations.

Elle a déclaré que tous les accusés ont passé un certain temps dans les prisons de l’occupation israélienne et dans les prisons de l’Autorité palestinienne.

Selon leur avocat les forces de sécurité palestiniennes les ont interrogés sur leurs opinions politiques leurs affiliations et leurs périodes de détention dans les prisons israéliennes.

Amnesty International a confirmé qu’en dépit de la ratification par l’Autorité palestinienne de la Convention contre la torture et autres traitements cruels inhumains ou mauvais et de son Protocole facultatif ses agences pratiquent régulièrement la torture dans les centres de détention.

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