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Des colons juifs semparent dune maison à Jérusalem Est

dimanche 27-juillet-2008

 
« Je me suis mariée ici j’y ai eu mes cinq enfants et je veux y mourir » dit avec défi Fawzia al-Kurd déterminée à ne pas se laisser expulser de sa maison à Jérusalem est occupée par les colons juifs.

 
La maison dans le quartier Sheikh Jarrah est devenue le symbole de la résistance palestinienne contre la pression constante des colons juifs qui cherchent à occuper toujours plus de terrain à Jérusalem Est.

Mais malheureusement pour les Al-Kurds qui vivent dans cette maison de pierre dorée de deux pièces en rez-de-chaussée depuis 52 ans la haute cour israélienne en a décidé autrement. Ils vont être expulsés et la maison dont une aile a déjà été investie par les colons sera perdue pour toujours.

Par un après-midi chaud de juillet Fawzia est assise sous une grande bâche noire fixée à la maison. A côté d’elle allongées à l’ombre sur des matelas se trouvent deux jeunes militantes suédoises prêtes à servir de bouclier humain si la police arrive avec l’ordre d’éviction.

Les chaînes et les menottes pendent près de la porte prêtes pour qu’elles s’enchaînent aux barreaux de la fenêtre par défi. Des pancartes sur le mur proclament : « Nous ne partirons jamais » et « Pas d’expulsion des familles ».

« Les colons nous ont menacés ils nous ont offert des millions de dollars pour aller vivre ailleurs mais nous restons ici » dit Fawzia.

Mais le 16 juillet la Haute Cour a ordonné que les Al-Kurds soient expulsés chapitre final d’une saga qui remonte à la création d’Israël il y a 60 ans.

Les Etats-Unis ont protesté contre l’éviction prévue et des diplomates US en Israël ont également demandé des explications sur la rafale de rapports récents sur le harcèlement des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie selon le quotidien israélien Ha’aretz de vendredi.

Une lutte à long terme

En 1948 les Al-Kurds ont fui leur maison située dans ce qui est maintenant le nord d’Israël et se sont réfugiés à Jérusalem Est qui était sous contrôle jordanien.

8 ans après l’UNRWA l’agence des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens leur a donné des maisons ainsi qu’aux 27 autres membres de la famille.

Mais Israël a pris Jérusalem Est pendant la Guerre de 1967 l’annexant finalement défiant la loi internationale et proclamant la ville « sa capitale éternelle et indivisible ».

Après la guerre une organisation sioniste a enregistré à son nom la propriété de trois hectares de terres à Sheikh Jarrah où la maison est située.

La bataille juridique a commencé il y a 10 ans lorsqu’une association de colons appelée « Nachlat Shimon » (Le domaine de Simon) a acheté le titre de propriété et 10 familles juives se sont installées dans le quartier.

Le groupe est appelé ainsi en l’honneur de Shimon Hatzadik (Simon le Juste) personnage révéré par le judaïsme qui fut le prêtre de l’ancien temple de Jérusalem et qui est enterré à Sheikh Jarrah).

« Cette action en justice est une tentative délibérée pour nous faire partir de Jérusalem » dit Shlomo Coleman membre de l’association israélienne. « Pourquoi voulons-nous rester ici ? D’abord parce que c’est un endroit beau et calme mais aussi pour récupérer les biens juifs. Les gens veulent vivre près de la tombe de Simon ; c’est pour nous un endroit particulier ».

Coleman assure que lui et son peuple agissent selon la loi israélienne.

« La justice est de notre côté. Nous ne mettons pas un fusil sur leur tête en disant ‘partez' ».

L’avocat Hosni Abu Hussein représente la famille Al-Kurd et est en profond désaccord avec la justice sur cette affaire.

« Foutaises » dit-il au sujet des titres de propriétés. « Ils ne représentent rien de plus qu’un droit à cultiver datant de 1879 qui ne mentionne ni nom ni endroit précis. »

Sheikh Jarrah est devenu le symbole de la lutte palestinienne contre la politique israélienne de colonisation un des dossiers clé empêchant les deux camps de faire la paix.

Au final le vœu de Fawzia peut être exaucé. La famille devait être expulsée immédiatement après l’arrêt de la cour mais l’expulsion a été retardée après qu’ils aient fait appel à la Cour Suprême qui devrait prendre une décision dans les deux prochaines semaines.
 
 
  Source : Al Arabiya   
  Traduction : MR pour ISM 

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