CPI
L’histoire de Nasser… !
Au même moment où un massacre a été commis dans le village de Nahaline un autre a été perpétré dans le camp de réfugiés palestiniens de Al-Dihaicha. Par ailleurs il n’a pas eu la même ampleur médiatique bien que dans ce camp trois Palestiniens aient trouvé la mort.
Les martyrs sont Imad Qaraqi’ Nasser Al-Qassass et Rafida Abou Laban. Ils ont été tués lors du couvre-feu imposé sur le camp pour arrêter les manifestations et les protestations faites après le massacre du village de Nahaline.
Ces jours-là les enfants tombaient de plus en plus. La mère du martyr Nasser Al-Qassas originaire du village détruit de Khariba ben Owad parlait sans interruption. Elle racontait comment elle a su que son fils Nasser a été blessé. En courant vers lui elle a cru que ses blessures étaient légères. Tout le monde dans le camp lui disait qu’il avait été atteint par une simple balle en caoutchouc.
Mais quand la mère courageuse est arrivée et a vu que les soldats de l’armée de l’occupation sioniste tenaient son fils Nasser elle a essayé de le libérer. Lorsque l’enfant voulait s’échapper : « trois soldats l’ont poursuivi ajoute la triste mère. Un d’eux s’est mis à genoux et a tiré des balles sur toi. Les jeunes voulaient te sauver et te cacher des soldats d’occupation déployés partout dans le camp sous le couvre-feu. Si on avait pu t’emmener en prenant un court chemin tu aurais guéri avec la permission d’Allah le Tout Puissant. Mais il n’y avait pas de chemins libres. Six kilomètres dans les montagnes les jeunes étaient obligés de parcourir pour arriver aux voitures.
J’ai su plus tard que tu perdais le sang durant une heure et demi. Ton sang est encore sur les montagnes. Les jeunes m’ont dit que tu voulais coûte que coûte voir ta mère… Me voir ».
Elle savait que les forces de l’occupation sionistes le tueront un jour. La mère avertissait le garçon qui répondait d’ailleurs par :
« l’occupation est amère. Nous devons tous travailler avec un cœur fidèle. Tout traître nous devons le poursuivre ».
« Qu’Allah soit satisfait de toi continue la fière mère. Qu’Allah nous rassemble dans le paradis. Moi aussi j’aimerais bien être martyr comme toi.
Quand les jeunes t’ont emmené à l’hôpital je t’ai suivi. C’était trop tard. On a dit que Nasser est tombé en martyre. Je t’ai dit que Dieu merci tu allais en martyr. Tu avais voulu le martyre et tu l’as eu. Nous t’avons enterré dans le cimetière de Tobas sans faire attention au couvre-feu.
Sur ta tombe j’ai lancé des cris de joie. J’étais courageuse ; comme tu m’avais voulue.
Après ton enterrement et dans le chemin du retour au camp à travers les montagnes les soldats de l’armée de l’occupation sioniste ont ouvert le feu sur la courageuse fillette Rafidah Abou Al-Laban. Ils aiment tuer les enfants. Ils sont contents pour l’écoulement de ton sang ô mon amour. Une heure seulement sépare ton enterrement et l’assassinat de l’enfant Rafidah.
Ce que nous avons fait pour toi nous avons fait la même chose pour Rafidah. Tous les jeunes pour moi sont Nasser. Chaque combattant est Nasser. Chaque combattant et chaque résistant sont pour moi Nasser. Toutes ces choses sont inscrites dans ma conscience. Adieu Nasser.
Sache Nasser qu’avant ta tombée en martyre les soldats de l’occupation ont envahi la maison te recherchant.
Mon fils tu es tombé en martyre en les affrontant. C’est beaucoup mieux que la mort parmi nous comme un de nous. En fin de compte nous tous mourront. L’importance est comment tout un chacun mourra. Qu’Allah te bénisse ! ».
Le camp des martyrs
Le camp de réfugiés palestiniens de Al-Dahichah est un point avancé dans la lutte contre l’occupation. Nasser et ses copains n’étaient pas les premiers martyrs. Le camp a beaucoup donné. L’adolescent Nabil Abou Laban n’avait que 15 ans quand il a été assassiné par un soldat israélien. Ce dernier avait tiré le 13/01/1989 une balle qui s’est installée dans le coeur de Nabil.
Dans le camp de Al-Dahichah la tombée en martyre de Nabil est devenue un repère historique. Il y a la ville d’avant Nabil et celle d’après Nabil.
Le martyr mythique
On peut considérer que Mohammed Abou ‘Akir est le plus célèbre martyr du camp. Il a pris d’ailleurs le surnom du « martyr vivant » ou du « martyr mythique ».
Mohammed Abou ‘Akir est d’une famille originaire du village de Rass Abou Ammar. Les habitants de ce village ont été chassés en 1948. C’est en 1974 que Mohammed est né. Il appartient à cette génération née sous l’occupation sioniste. Il a grandi dans des conditions transformant le camp en un terrain de détention collective.
Avant son 16e anniversaire il a expérimenté le goût amer de la prison. Et par une décision militaire il a été chassé de son école.
Le 6 août 1988 il a été atteint par une balle de l’occupation. Une balle qui a déchiré son estomac. Sauver sa vie est devenu une chose impossible. Tous ses camarades préparaient son cortège funéraire. Un grand cortège pour un jeune courageux.
Cependant la volonté de Mohammed et son attachement à la vie étaient plus forts que la balle mortelle. Des amis locaux et internationaux l’ont aidé à partir à l’étranger pour se faire greffer un estomac artificiel qu’il a supporté pendant vingt-six mois et demi. Il est tombé en martyre le 22/10/1990. Les journalistes ont beaucoup écrit sur lui. Tout le monde s’est attristé par sa mort. Mais la tristesse de son père était spéciale. La tombée en martyre de son fils était le départ d’une nouvelle vie. Quelques presses internationales le prenaient pour un extrémiste palestinien.
La femme palestinienne
A proximité du martyr Abou ‘Akir se trouve la maison d’un autre martyr : Ibrahim Ahmed Hassan Oda 38 ans. Il a quitté ce bas monde laissant derrière lui une femme et plusieurs enfants. Il a aussi laissé une mère qui était devenu veuve trop tôt. Il est vécu pour ses enfants. Cette mère veuve est aussi la sœur d’un autre martyr tué par l’armée jordanienne dans les années cinquante du vingtième siècle pendant une révolte contre le « pacte de Bagdad ». Abdallah Tayeh est devenu un symbole de cette époque de l’histoire. Elle rêve souvent de son fils. Elle dit qu’il vient toujours lui rendre visite.
Quant à la femme du martyr elle croit que son mari a laissé une odeur spéciale après son départ.
** Fin **