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L’un des journalistes les plus populaires de Palestine est en prison pour incitation

dimanche 26-août-2018

Les forces israéliennes ont arrêté Ali Dar Ali l’un des journalistes palestiniens les plus renommés de Cisjordanie chez lui près de Ramallah la semaine dernière pour incitation à la violence. Lundi un tribunal militaire israélien a prolongé sa détention préventive jusqu’à la fin des procédures judiciaires.
Ali qui travaille pour la télévision palestinienne depuis 2007 est connu pour ses reportages en direct des manifestations en territoires occupés dans lesquels il informe régulièrement sur les accrochages entre les jeunes Palestiniens et l’armée ainsi que sur les raids des FDI dans les villages. Très souvent il est le seul journaliste à couvrir ces événements pendant leur déroulement et se rend ainsi capable d’informer au plus près sur la vie quotidienne sous occupation.
Ali utilise souvent Facebook Live pour diffuser les événements. Il a plus de 245.000 suiveurs sur Facebook fait qui serait répétitivement mentionné et par l’accusation militaire et par le juge au Tribunal Militaire d’Ofer.
Ali a été arrêté dans son village de Braham très tôt mercredi dernier. Lundi il a été conduit devant le Juge Shimon Leibo ; la femme d’Ali et son père étaient présents pendant l’audience ainsi que deux militantes israéliennes qui viennent régulièrement dans les tribunaux militaires d’Israël.
Le plus souvent quand des Palestiniens sont arrêtés pour des documents publiés sur les réseaux sociaux le réquisitoire révèle généralement une longue liste de dizaines de posts extraits de la page Facebook de l’accusé. Dans le cas d’Ali cependant l’accusation a choisi de faire une différence entre les posts qui ont été publiés parce que faisant partie de son travail de journaliste et ceux dans lesquels il exprimait ostensiblement son opinion constituant ainsi une incitation à la violence.
L’un des deux posts a été publié le Jour de la Nakba qui cette année tombait le même jour que l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. Ce post comprenait la photo d’un Palestinien que l’on voit le visage camouflé jetant une pierre sous un signal routier qui dit : « Nous sommes à votre service » en arabe. Ali a sous-titré la photo « Nous sommes à votre service ». Photo de sa collègue Hudeifa Sarur. »
Il semble que l’accusation ait décidé de traiter la légende comme une forme d’incitation ou un appel pour que d’autres Palestiniens rejoignent les manifestations. Mais en voyant la photo il est clair qu’Ali a simplement cité la pancarte – très vraisemblablement pour essayer d’attirer l’attention du lecteur – plutôt que pour faire une déclaration politique.
Le second post en question a été publié en juillet 2017 pendant les manifestations à Jérusalem Est contre les détecteurs de métaux placés à l’entrée du complexe d’Al-Aqsa. D’après l’accusation Ali a posté sur sa page Facebook la vidéo d’une chanson qui comprenait les mots « Venge toi Arabe venge toi ». L’accusation a déclaré plus tard qu’Ali a écrit sous la vidéo une légende qui dit : « Venge toi ».
Cependant l’accusation n’a pas déclaré qu’Ali a écrit la chanson ou a édité la vidéo – simplement qu’il l’a postée. Bien que les poursuites l’aient accusé d’incitation à la violence avançant qu’il constituait un danger pour la sécurité publique l’armée n’a jamais demandé à Facebook de retirer les posts que l’on peut trouver encore tous les deux sur la page d’Ali. La page d’accusation ne contient pas de traduction de la chanson en entier.
Pendant l’audition l’avocat d’Ali Ihab Al-Jalid a déclaré que même si les posts contenaient vraiment une incitation c’était négligeable et que pas un seul post publié depuis celui de la Journée de la Nakba n’était inclus dans l’accusation. Alors a dit Al-Jalid Ali devrait être libéré et présenté devant les juges en homme libre. Au lieu d’allonger sa préventive l’avocat a suggéré une alternative à la détention caution ou engagement signé. Par ailleurs Al-Jalid a déclaré qu’on peut trouver des photos de jeunes gens lançant des pierres sur toutes les chaînes d’information et qu’il serait cependant ridicule de les accuser d’incitation.
En attendant il semble que la procédure militaire soit bien plus concernée par le fait qu’Ali soit très connu dans les territoires occupés et soit très suivi. Selon l’accusateur militaire on devrait considérer Ali comme dangereux principalement à cause de son « personnage » et de « l’étendue de ses publications sans savoir si elles sont de son cru ou s’il fait simplement passer un message ».
Le juge Leibo a semblé lui aussi dérangé par la popularité d’Ali regardant en détail le nombre de suiveurs d’Ali le fait qu’il a 5.000 amis sur Facebook et les centaines de « J’aime » qu’il reçoit après chaque post. Selon Leibo c’est le degré d’exposition d’Ali qui a fait pencher la balance en faveur de son maintien en détention.
Ali n’a pas été arrêté depuis qu’il a commencé à travailler comme journaliste en 2007. Mais ce fait n’a pas été suffisant pour convaincre le juge de le libérer. Selon la Société des Prisonniers Palestiniens il y a actuellement environ 30 journalistes palestiniens dans les prisons israéliennes. Quant à cet écrit ni l’Union des Journalistes d’Israël ni les organisations internationales n’ont émis de communiqué au sujet de la détention d’Ali.

 

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