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Birmingham honore Angela Davis après le sabotage de la remise de récompense par le lobby pro-israélien

mardi 22-janvier-2019

Angela Davis dit qu’elle a été « sidérée » par la décision de l’Institut des droits civiques de Birmingham (BCRI) en Alabama d’annuler le remise d’un prix des droits de l’homme qu’il avait prévu de lui décerner au cours d’un gala le mois prochain.
Dans une déclaration postée sur Facebook la légendaire intellectuelle et activiste noire a expliqué que le BCRI avait « rejeté mes demandes de révéler les raisons réelles de cette action » mais qu’elle « avait appris plus tard que mon soutien de longue date à la justice en faveur de la Palestine avait été mis en cause ».
Réaffirmant son « soutien aux prisonniers politiques palestiniens » et son « opposition à la politique et aux pratiques de l’État d’Israël » Davis a ajouté que l’annulation de la remise de la récompense et de l’invitation à prendre la parole « n’était pas en premier lieu une attaque contre moi mais plutôt contre l’esprit même de l’indivisibilité de la justice ».
Davis a expliqué que le déplacement à Birmingham afin d’y recevoir le prix du BCRI devait être « l’événement marquant de mon année » mais qu’en dépit de son annulation elle allait quand même s’y rendre le mois d’après « pour un événement alternatif organisé par ceux qui croient que en ce moment le mouvement des droits civiques doit inclure une solide discussion à propos de toutes les injustices qui nous entourent ».
La coalition citoyenne qui organise cet événement alternatif représente un large échantillonnage des organisations et dirigeants de la ville.
Mercredi les organisateurs de l’initiative ont tenu une conférence de presse afin d’exprimer leur soutien à Davis.

« Absolument embarrassant »

La décision du BCRI est en train de susciter une riposte de plus en plus intense.
Mardi le conseil municipal de Birmingham en Alabama a adopté à l’unanimité une résolution « reconnaissant le travail de toute une vie effectué par Angela Davis » – un camouflet implicite à l’adresse du BCRI.
Davis qui a connu la prison et les poursuites politiques en raison de son soutien à la libération des noirs a grandi à Dynamite Hill un quartier de Birmingham qui tire son nom de la fréquence des attentats à la bombe et autres agressions violentes commises par les suprémacistes blancs à l’encontre de ses résidents.
Le conseiller municipal Steven Hoyt qui a proposé la résolution du conseil a déclaré dans les médias que le geste de l’institut était « absolument embarrassant ».
« Tout le monde la respecte sauf nous. Dans les milieux académiques de même que dans la société et ses divers groupes » a ajouté Hoyt. « Je suis embarrassé. Je suis embarrassé ne serait-ce que d’être au service d’une ville qui ferait cela. »
Lundi des activistes noirs ont adressé des protestations au BCRI et ont réclamé des changements dans son personnel de direction compte tenu du fait que le BCRI est une institution manifestement instaurée pour honorer et faire progresser la cause des droits civiques.
Mercredi les président vice-président et secrétaire du BCRI démissionnaient du conseil d’administration.
« En tant que membres de ce conseil nous regrettons les circonstances qui ont entouré le processus de sélection concernant le prix Révérend Fred L. Shuttlesworth 2018 des droits de l’homme et les dissensions que cela a provoquées » ont-ils expliqué dans une déclaration.
Plus tôt le maire de Birmingham Randall Woodfin avait exprimé sa « consternation » suite à la décision d’annuler le gala de remise du prix décision prise « après les protestations de notre communauté juive locale et de certains de ses alliés ».
Les médias locaux ont révélé que les pressions émanaient entre autres de la Fédération juive de Birmingham un groupement local inconditionnellement favorable à Israël.
Mercredi encore le site d’information AL.com confirmait que le Centre éducatif de Birmingham sur l’Holocauste avait écrit au BCRI afin d’exprimer « son inquiétude et sa déception » à propos des honneurs témoignés à Davis citant en même temps le soutien de cette dernière au mouvement BDS (boycott désinvestissement sanctions) qui exerce des pressions sur Israël afin de l’amener à respecter les lois internationales et les droits de l’homme.
Davis est la deuxième personnalité et intellectuelle noire à être ciblée par les pressions du lobby pro-israélien ces dernières semaines.
En novembre Marc Lamont Hill avait été limogé de son poste de commentateur politique à CNN suite à une campagne de pression diffamatoire et mensongère d’Israël déformant un discours tenu par Hill aux Nations unies afin de soutenir les droits palestiniens et le mouvement BDS.
L’Université du Temple a elle aussi été confrontée à des pressions de la part de l’Organisation sioniste d’Amérique en vue de licencier Hill de ses fonctions de professeur – une mesure que l’université n’a pas prise vu les mises en garde disant qu’elle violerait les droits de Hill tels que cités dans le Premier Amendement.
En juin dernier l’Université de Vienne a interdit une conférence publique de Dhoruba Bin-Wahad après une campagne de calomnies contre l’activiste vétéran noir américain écrivain et ancien prisonnier politique ainsi que contre les groupes de solidarité avec la Palestine qui faisaient partie des sponsors de l’événement.

Punir et censurer

Le groupement des droits civiques Palestine Legal a qualifié la décision du BCRI d’annuler l’hommage à Angela Davis de « tout dernier incident d’une campagne nationale bien étayée visant à censurer et punir les critiques à l’encontre d’Israël ».
« Le modèle de censure visant les critiques d’Israël est déjà bien documenté » a ajouté Palestine Legal « de même que les tentatives des responsables du gouvernement israélien en vue de diviser les dirigeants noirs et de réprimer les personnes établissant des liens entre les luttes de libération des noirs américains et des Palestiniens. »

Publié le 9/1/2019  sur The Electronic Intifada
Traduction : Jean-Marie Flémal  pour « PourlaPalestine.be »

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