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Un autre regard sur le quotidien du peuple palestinien

jeudi 16-novembre-2017

Proposer un autre regard sur la réalité du peuple palestinien: le travail du collectif Activestills s’expose au centre Hariko.
«Et toi t’es-tu déjà fait arrêter?» lui demande Anne Paq. Haidi Motola répond: «Oui une fois!». «Contrairement aux Palestiniens nous risquons peu». Un dialogue quelque peu surréaliste mais qui répond à une réalité bien présente.

Les deux photographes l’une française l’autre israélo-finlandaise font partie du collectif Activestills qui depuis 2015 sillonne les territoires palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. Caméra au poing les photographes israéliens palestiniens ou d’autres nationalités suivent au plus près «le quotidien d’une population oppressée humiliée et brutalisée par l’occupant israélien» fustige Anne Paq.

Un acte militant

«Qu’est-ce que cela veut dire d’être Palestinien aujourd’hui?» se demande la photographe française. «Nous voulons montrer la réalité. Bien sûr que notre travail est un acte militant.»
«Notre but est de montrer ce que les médias ne montrent pas. Une réalité que le peuple israélien connaît mais ne veut pas voir» renchérit Haidi Motola.
L’exposition «Photography as Protest in Palestine/Israel» présentée par le Comité pour une paix juste au Proche-Orient au centre Haiko de Bonnevoie expose sur trois étages une longue série de clichés pris dans la bande de Gaza Jérusalem ou à Bethléem. Manifestations scènes de rue ou de la vie quotidienne les prises de vues reflètent un parti pris clair et assumé.

Une partie de l’exposition est consacrée aux «familles décimées». Des portraits d’hommes et de femmes qui à l’image du jeune de 17 ans Ala Balata ont perdu plusieurs membres de la famille lors d’attaques militaires. «Des portraits qui sont autant de moments d’intimité» explique Anne Paq.
«Souvent nous retrouvons ces personnes plusieurs mois après le drame qu’elles ont vécu pour raconter leur histoire leur vécu» note Haidi Motola. D’autres clichés sont poignants.

Choix subjectifs

Les check-points qui permettent aux Palestiniens d’aller travailler en Israël témoignent d’une sombre réalité. Une vidéo sur le même sujet vient encore renforcer cette lourde sensation.
Autre temps fort de l’exposition: le portrait de personnes persécutées à cause de leur activité sur les réseaux sociaux. «Les choix sont subjectifs. Notre démarche est politique. La photographie est pour nous très clairement une arme de combat. Grâce à notre regard et à notre cadrage l’effet est immédiat et touche plus directement que des paroles. Une photo a une importante valeur de vérité» selon Anne Paq diplômée en sciences politiques et en droits humains.

Provoquer et déranger

Bien au-delà du simple militantisme les deux photographes veulent à travers leur travail éveiller la conscience «provoquer et déranger le plus possible» espère la photographe française. A l’opposé des journalistes venus couvrir les événements les membres du collectif effectuent de longs séjours dans les territoires palestiniens. En 2014 Anne Paq était à Gaza lors de l’offensive israélienne.

«Une présence dangereuse certes notre matériel est cassé on peut être blessé. Mais cela relève de notre décision. Des fois on se pose aussi des questions sur la légitimité de notre présence et on a des doutes. Les réactions des Palestiniens – usés par tant d’années de guerre – peuvent être multiples.» En dix années le collectif a récolté près de 40.000 clichés.
Comme pour l’exposition au centre Hariko ceux-ci sont imprimés sur du simple papier blanc avant d’être placardés sur les murs des cités de Palestine. «Le but est que ces photos soient diffusées et montrées à un public le plus large possible. Ces photos circulent et des fois nous échappent» note Anne Paq. Outre le travail de sensibilisation le collectif entend aussi grâce à son important portfolio fournir les preuves nécessaires pour d’éventuelles poursuites judiciaires.
«Nous avons documenté la mort de trois enfants par un tir de missile à Gaza. L’arme a été fournie par une entreprise française. Une plainte a par la suite pu être déposée pour complicité de guerre» note Anne Paq.
L’exposition «Photography as Protest in Palestine/Israel» ne dure que jusqu’au 18 novembre de 12 à 20 heures et sur rendez-vous (tél. 691 819 306). Au centre Hariko 1 rue du Dernier Sol Luxembourg-Bonnevoie.

www.activestills.org

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