« Le Pape… Combien de divisions ? » s’interrogeait jadis Joseph Staline Tsar rouge de l’URRS au siècle dernier. Un peu plus de deux milliards de catholiques tout simplement ! Pas mal pour un État le Vatican tout juste grand comme deux terrains de football et qui ne dispose à l’ONU que d’un simple siège d’observateur.
Mieux l’autorité morale du Saint-Siège peut parfois peser autrement plus lourd que d’autres « divisions » fussent-elles blindées : les orgues du Vatican plus influentes que celles de Staline ? C’est à croire. Entre la Rome catholique et la cause palestinienne c’est encore une vieille histoire d’amour. N’oublions jamais que le Christ né à Bethleem crucifié à Jérusalem avant de ressusciter au Troisième jour avant de s’asseoir à la droite du Père fut aussi le premier des Palestiniens ainsi que sa mère la Très Sainte Vierge Marie et son époux saint Joseph.
Il était donc tout aussi logique que le premier des États de ce vaste monde à accueillir Yasser Arafat fondateur du Fatah et patron de l’OLP ait été le Pape Paul VI toujours au siècle dernier. Comme il a été tout aussi logique que l’un de ses successeurs Jean-Paul II issu de ce peuple polonais ayant au moins aussi souffert que celui de Palestine ait pu éprouver une empathie toute particulière pour les habitants de cette terre trois fois sainte qu’ils soient musulmans juifs ou chrétiens. Si le Pape Benoît XVI était manifestement moins sensible à la chose il en va tout autrement du Pape François.
Mais il est encore plus logique que le Saint-Siège et l’État palestinien aient pu signer ce vendredi 26 juin dernier un accord donné pour historique ce terme pour une fois n’étant pas trop galvaudé. Sans surprise Israël n’a que peu apprécié ce rapprochement pourtant inscrit dans l’Histoire la vraie. Mais il est vrai que dans cet État hébreu où les églises sont régulièrement au pis incendiées au mieux taguées de graffitis injurieux il est licite de s’étonner que certains journalistes pas toujours attentifs à la marche du monde puissent encore s’étonner…
Sacré Pape François qui s’étonnait qu’on puisse le féliciter naguère en son magistère argentin sur sa lutte contre une pauvreté aussi ambiante qu’endémique : « Quand je viens en aide aux pauvres on me félicite. Mais quand je demande pour quoi ces “pauvres” sont structurellement ”pauvres” on me traite de “communiste” ! »
C’est donc d’un point de vue éminemment catholique qu’il tente aujourd’hui de faire ce qu’il peut en faveur de ses frères palestiniens surtout lorsque affamés mis au banc de la société humaine : douze mois après le lancement de
l’opération Bordure protectrice par Tsahal troisième guerre israélienne en six ans ayant causé la mort de près de 2 100 Palestiniens.
Car Gaza c’est aussi ceci : un peu plus de deux millions d’êtres humains condamner à dépérir sur un territoire d’à peine 362 km2 dans un état de marasme économique et de désespoir dont il est difficile de trouver un
équivalent sur notre bonne vieille Terre.
Selon la Banque mondiale le territoire palestinien enregistre le plus fort taux de chômage au monde à 40 %. Parmi les jeunes qui composent l’essentiel de cette population le chiffre grimpe au-delà de 60 %. Selon un sondage publié fin juin un habitant sur deux souhaite émigrer un chiffre sans précédent.
Et pendant que les bandits de Daech fricotent avec l’Arabie Saoudite pour ensuite se faire soigner dans les meilleurs hôpitaux de Tel-Aviv on crève en Palestine tandis que Gaza continue d’asphyxier non point toujours à cause des Israéliens mais surtout du fait de ces Égyptiens…
Être égorgé par l’ennemi ce n’est pas nouveau. Mais l’être par celui qui prétend être son frère c’est une toute autre affaire surtout entre musulmans qui prétendent être « frères » !
Du coup heureusement que le Pape François est là ! Mais la traditionnelle amitié entre musulmans et catholiques n’est pas précisément un concept nouveau. Puisse-t-elle continuer à être féconde en ces tristes temps…
Jean France-MARTIN
