En fin de décembre dernier j’étais à Tunis accueilli par l’un des responsables de ce site. Immédiatement je suis tombé amoureux de cette ville sorte de pont lancé entre Orient et Occident islam et chrétienté. Fortuitement je n’ai pas eu le temps de visiter le Bardo « le » musée de la ville. Là où des fous sanguinaires ont pris plus d’une centaine de personnes en otages touristes venus d’Europe ou simples citoyens tunisiens. Une vingtaine de ces malheureux ont été froidement exécutés par des
« islamistes ».
Je déteste ce mot qui ne signifie pas grand-chose. D’ailleurs parle-t-on de « catholicistes » ou de « juifistes » ? Des « fondamentalistes » musulmans alors ? Mais se dire « fondamentaliste » ne signifie pas forcément être meurtrier. Non
des fous des barbares plutôt. Des crétins surtout qui prétendant agir au nom de l’islam jettent ainsi la honte et le discrédit sur leur propre religion. Et sur la mienne au passage ces atrocités étant commises au nom de notre Dieu commun celui d’Abraham.
Catholique de confession je fréquente évidemment plus souvent les églises que les mosquées. Pourtant il n’est pas obligatoire d’être musulman pour admirer l’islam cette magnifique hérésie chrétienne – même si mes proches amis musulmans mes frères devrais-je dire me rétorquent généralement qu’un musulman n’est jamais rien d’autre qu’un catholique accompli. Vaste débat mais qui a toujours eu l’insigne avantage d’égayer nos communes agapes.
Oui j’aime l’islam. Oui je suis tombé depuis longtemps amoureux de la rive sud de la Méditerranée notre Mare Nostrum. Oui je me sens tout aussi chez moi dans la mosquée bleue que dans la cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople. Oui j’aime aussi à me recueillir à Baalbek sublime sanctuaire païen sur lequel veillent amoureusement les gens du Hezbollah. Oui c’est un plaisir sans nom que de s’agenouiller devant le Tout-Puissant et le Miséricordieux dans ces magnifiques églises de Téhéran. Sur la rive nord de cette mer berceau commun de nos civilisations oui c’est une joie que de prier dans la mosquée de Cordoue celles de Sarajevo surtout théâtre de tant de drames.
Et là dans tous ces lieux dont les pierres ancestrales paraissent illuminées des prières lancées vers le Ciel par des générations de croyants un fait est marquant : le soin apporté à la préservation de ces vestiges du passé. Dans la cathédrale Sainte-Sophie plus haut évoquée c’est le gouvernement de l’AKP qui depuis des années dépense des fortunes pour
restaurer de gigantesques mosaïques byzantines. Tout comme la mosquée de Cordoue fut-elle transformée en « mosquatédrale » où la plus humble des pierres est l’objet de soins constants de la part d’un gouvernement pourtant de forte obédience catholique.
Des fous des barbares disais-je. Tuer des innocents est ignoble. Mais le faire dans un musée sanctuaire de l’immémorial passé tunisien c’est-à-dire carthaginois romain arabe et français est plus qu’un signe une sorte de signature. Celle de ces monstres des temps actuels appelant de leurs vœux un homme nouveau irréel fantasmé ; vœux exigeant qu’il faille pour cela
faire table rase du passé. Ce fut le cas des révolutionnaires français qui décapitaient les statues des saints au fronton de nos églises. Ce fut également celui de leurs descendants bolcheviks qui incendièrent allègrement églises et mosquées. Voici aujourd’hui leurs derniers rejetons en date. Qui ne respectent rien même pas cette foi qu’ils font semblant de porter en étendard. Aujourd’hui quoique catholique je me sens bien plus musulman qu’eux.
Jean-France
MARTIN
