L’Égypte bientôt dans l’impasse ? Plus que probable et surtout certain que son gouvernement l’aura bien cherché. Résumons. Il y a quelques jours était fait état sur ce site de la remarquable analyse de Fady Noun dans L’Orient-Le Jour : soit le renversement des alliances au Proche et Moyen-Orient. Rapprochement irano-américain mais aussi américano-syrien. Et l’Arabie Saoudite qui contre toute attente rallie cet axe d’un genre nouveau quitte à oublier le temps qu’il faudra son traditionnel antagonisme avec Téhéran. Et conclusion logique main tendue par les USA aux Frères musulmans seuls sunnites à pouvoir faire barrage à l’État islamique.
Si Israël prudemment demeuré neutre a finalement plus à gagner qu’à perdre dans ce processus c’est bel et bien la position du Caire qui va devenir intenable. Déjà la politique menée en Égypte par le maréchal al-Sissi – destitution et emprisonnement du président démocratique élu Mohamed Morsi et de plusieurs centaines de Frères musulmans dont vingt-deux ont été condamnés à mort ce lundi – a légitimement de quoi révolter l’opinion publique arabo-musulmane. Sans compter les centaines de morts lors des manifestations réclamant le retour du président Morsi… Pire celle menée à l’encontre des Palestiniens et principalement ceux de Gaza ne peut que lui aliéner plus encore cette même opinion. Qu’Israël affame ce territoire c’est indigne mais logique. Que l’Égypte fasse de même en noyant les tunnels permettant aux Gazaouis de ne pas trop mourir de faim c’est proprement ignoble ; cela dit on est généralement plus souvent trahi par ses amis que ses ennemis…
Jusque là Ryad était le principal soutien politique et financier du Caire ; étrange paradoxe d’ailleurs que de voir un État pratiquant un islam wahhabite des plus radicaux voler au secours d’un autre État prônant un islam laïc… Mais il est vrai que le Qatar soutenait lui le gouvernement précédent énième épisode donc de la lutte sans merci que se livrent Ryad et Doha depuis des décennies.
Le maréchal al-Sissi commence déjà à perdre la main lorsqu’il assure que « le Hamas est une organisation terroriste » au moment même ou le Département d’État américain affirme que « les Frères ne sont
ni des terroristes ni des adeptes de la violence ». Mais qu’est-ce que le Hamas si ce n’est la branche palestinienne de ces mêmes Frères musulmans ?
Quid de la suite des événements ? Il est probable que le retour en force de la Confrérie fragilisera un peu plus le maréchal putschiste. Et que pour prix de son soutien militaire au sol et dans les airs Téhéran sera bientôt en mesure d’exiger une véritable solution politique pour l’ensemble des Palestiniens. Et là ce sera Tel-Aviv qui sera à son tour coincé.
Jean-France
MARTIN
