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Le Parti socialiste français et la Palestine : je t’aime moi non plus…

mardi 30-décembre-2014

Entre les socialistes – ceux la SFIO Section française de l’Internationale ouvrière ancêtre du Parti socialiste fondé en 1971 par François Mitterrand lors du Congrès d’Épinay – et l’État hébreu c’est une longue histoire aussi vieille que tortueuse. Tentons de résumer.

Contrairement aux idées reçues le régime de Vichy fut plus le fait de centristes les futurs MRP de socialistes dont le représentant du RNP scission “gauchiste” de cette même SFIO dirigée par Marcel Déat – ; voire même d’une autre scission issue du PCF alors menée par Jacques Doriot. Dans le proche entourage du maréchal Pétain les gens issus de “l’extrême droite” d’alors se comptaient sur quelques doigts d’une main tel que récemment rappelé par Éric Zemmour essayiste à succès et dont le livre « Suicide français » caracole depuis plusieurs semaines en tête des vente.

En 1948 quand l’État sioniste devient réalité cette SFIO qui deviendra plus tard le parti au pouvoir a beaucoup à se faire pardonner vis-à-vis des nouveaux vainqueurs : USA en tant que nouvelle puissance montante et Israël dans le rôle d’une autre puissance hégémonique à venir. En face le bloc gaullo-communiste fondé après négociations menées à la va-vite avec Joseph Staline histoire d’éviter une énième guerre civile franco-française avait disparu deux ans plus tôt… Ensuite triste époque durant laquelle la Quatrième république socialo-centriste s’en va régulièrement à la Maison blanche mendier subsides et prendre feuille de route pour les semaines à venir.

En 1971 lors du Congrès d’Épinay plus haut évoqué François Mitterrand redresse la barre. Dans son Programme commun de la gauche il n’est peu question de la question israélo-palestinienne mais les hommes qui l’aident à prendre le contrôle de cette SFIO finissante ont leur idée sur cette même question.

Ainsi le premier voyage officiel du nouveau Président sera pour… Israël une première pour  un  Président de la Cinquième république. Mais à la Knesset il plaidera pour une Palestine libre et indépendante… Le déjà vieux Florentin aura fait sienne la maxime voulant qu’on ne sorte de l’ambigüité qu’à son propre détriment. Cette ambigüité pourtant le Parti socialiste peinera toujours à en sortir. Interrogé par l’auteur de ces lignes Roland Dumas ex-ministre des Affaires étrangères assurera avoir toujours voulu suivre la politique jadis fixée par Pierre Mendès-France voulant qu’aux côtés d’un nouvel Israël libre puisse cohabiter une Palestine souveraine. Vœux pieux ? Oui en quelque sorte l’actualité en décidera à l’évidence autrement.

Ainsi pour battre Valéry Giscard d’Estaing au soir du 10 mai 1981 François Mitterrand fit jouer certains réseaux. À Paris y a l’attentat de la synagogue de la rue Copernic quelques mois auparavant. Une photo truquée de VGE prise en Jordanie alors qu’il observe une course de chameaux à Amman deviendra celle d’un président « antisioniste » surveillant Israël de l’autre rive du Jourdain… Cela fera bouger quelques dizaines de voix “juives” ; c’est peu mais sachant que l’issue du second tour ne s’est jouée qu’à quelques trois cent mille suffrages seulement…

Depuis le Parti socialiste n’a jamais fini de louvoyer. Entre son aile “gaullo-mitterrandienne” (Michel Jobert Claude Cheysson ou Jean-Pierre Chevènement) et son homologue plus atlantiste (Jacques Delors et ses “visiteurs du soir” qui longtemps avant le “Tournant de la rigueur” de 1983 songeaient déjà à arrimer à la France au “Bloc occidental” ; comprendre l’infernale troïka formée par les USA et la construction européenne en devenir avec Israël en “paquet-cadeau”). Dès lors la messe était quasiment dite et les rapports du PS d’avec Israël allié structurel et le vote bientôt conjoncturel de ces néo-Français de souche arabe et de confession musulmane allaient plutôt ressembler à une valse à quatre temps et un tango à deux pas en avant un autre en arrière qu’à une politique digne de ce nom.

Car c’est là l’insoluble paradoxe de cette gauche de gouvernement prise en tenaille entre plusieurs lignes singulièrement contradictoires. Gauche qui pour rassurer l’Amérique reaganienne – en 1981 il y a quatre ministres communistes au pouvoir – se doit de rejoindre le camp atlantiste. Dans le même temps la montée en puissance du vote arabo-musulman dans les cités déshéritées qu’il faut bien contenir et faire voter pour qui il faut à grands coups de subventions d’associations de plans de réhabilitation des “quartiers” dont le seul habillage humaniste n’aura jamais que le cache-sexe d’un vulgaire clientélisme électoral. Jusqu’au jour où dans les quartiers Nord de Marseille déserté par les derniers Français de souche un maire Front national Stéphane Ravier sera élu… Voilà qui donnait à réfléchir pour le Parti socialiste ; sur ses erreurs passées surtout.

Ainsi quelques mois auparavant Manuel Valls alors ministre de l’Intérieur aura multiplié les fautes à la fois sociologiques politiques et électorales : parti en guerre contre les manifestants s’opposant au mariage homosexuel catholiques et musulmans confondus descendant dans l’arène pour traquer un humoriste Dieudonné idole des cités “sensibles” pour ensuite faire la promotion de cette théorie du genre dont le moins qu’on puisse prétendre était qu’elle n’était pas tout à fait bien accueillie par nos compatriotes de confession musulmane… Sans compter de fracassantes déclarations quant à « son éternelle fidélité à Israël » un brin osé pour un Espagnol n’ayant été naturalisé français qu’au début des années quatre-vingt…

Il fallait donc redresser le tir. Récupérer cet électorat musulman souvent pro-palestinien même si pas toujours de manière finaude et empêcher qu’il ne s’en aille du côté de Marine Le Pen malgré ses propos parfois plus que rugueux en direction des enfants de l’immigration. Il y eut donc le vote symbolique de l’Assemblée nationale visant à reconnaître un futur et hypothétique État palestinien. Là les députés socialistes terrorisés par leur possible échec aux échéances électorales à venir ont quasiment voté comme un seul homme. Par amour de la Palestine ? Pour sauver leurs sièges plutôt.

Ainsi va la France et nos socialistes français surtout ; sachant que ce parti comptera bientôt plus d’élus que d’électeurs. Alors on se raccroche aux branches. L’affaire n’est pas neuve. Déjà en 1984 le PS créait SOS Racisme mouvement pro-beur mais dirigé par les sionistes socialistes juste histoire d’empêcher la “droite de gouvernement” l’UDF et le RPR de l’époque de passer alliance avec le Front national. L’imposture éclata dès la première Guerre du Golfe en 1990 quand les marionnettes se retournèrent contre leurs marionnettistes et condamnèrent cette énième ratonnade internationale.

Depuis le Parti socialiste et l’ensemble de ce qui reste aujourd’hui de la gauche en est toujours là. Empêtré dans des contradictions dont il n’a pas fini de se dépêtrer qu’elles soient d’ordre politique ou tout simplement électorales… Et sur l’épineuse question palestinienne continue de faire semblant de gouverner entre sondages impulsions du moment réactions épidermique au moindre faits-divers. Chez nos marins bretons cela a un nom : gouverner au doigt mouillé juste histoire de sentir d’où vient le vent. Ça peut éventuellement aider à tenir un gouvernail ; mais évidemment pas à gouverner.

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