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L’extrême gauche française soutient les Palestiniens ?

vendredi 26-décembre-2014

Il y a quelques jours était ici pointé incohérences mais aussi nuances de la droite nationaliste française vis-à-vis de la question palestinienne. À l’autre extrême de l’échiquier politique c’est autrement plus simple ; même si autrement plus compliqué…

À la grande époque de la Ligue communiste révolutionnaire du temps où elle était menée par Alain Krivine dans les années soixante du siècle dernier une blague courait : « S’il n’y avait pas Daniel Bensaïd les bureaux politiques de la Ligue pourraient se tenir en yiddish ! » La LCR dont les cadres dirigeants étaient majoritairement d’origine juive était donc tout aussi majoritairement pro-palestiniens à l’instar de l’extrême gauche d’alors maoïstes et trotskistes concurrents ceux de l’Organisation communiste internationaliste (OCI) ou de Lutte ouvrière (LO).

Il n’empêche qu’assez paradoxalement l’antisionisme fut longtemps la chasse gardée des seuls… Juifs d’extrême gauche. D’où le rapprochement forcé de certains éléments d’extrême droite avec le Betar parisien… Bien sûr il y eut quelques dérapages et sorties de route. En 1972 après l’équipée de l’OLP aux Jeux olympiques de Munich certains comprirent qu’on « jouait » pour de vrai. Et nombre de ces activistes rentrèrent dans le rang pour ensuite aller faire carrière dans les médias. Il y eut même le cas de Benny Lévy proche de Jean-Paul Sartre et membre éminent de la très maoïste Gauche prolétarienne qui finit par s’en aller en Israël étudier le Talmud n’en pouvant plus de vendre son journal La Cause du peuple à la criée en compagnie de travailleurs immigrés assurant au chaland qu’il s’agissait du… « Meilleur journal antisémite de France » ! Les autres qui « jouaient » pour de vrai s’en allèrent tôt fonder le mouvement Action directe. Ambiance…

Quelques années plus tard et de manière des plus logiques Olivier Besancenot non-Juif mais dauphin désigné d’Alain Krivine et candidat à l’élection présidentielle (crus 2002 et 2007) s’effondrera en larmes à la télévision face à Roger Cukierman patron du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) en 2003. Motif ? De l’antisionisme à l’antisémitisme le pas est tôt franchi à en croire le représentant de cette institution connue pour houspiller annuellement ministres et hommes politiques français. Olivier Besancenot craque alors en direct ne supportant pas qu’on puisse l’accuser « d’antisémitisme »…

Il est un fait qu’entre l’extrême gauche française et la cause palestinienne le rapport est complexe. Leur soutien n’a en effet que peu de rapports entre le soutien de nationalistes (ceux d’extrême droite par exemple) à d’autres nationalistes (les Palestiniens du Fatah comme ceux du Hamas) mais relève plutôt d’une relecture vaguement marxiste érigeant la figure du Palestinien en question en symbole d’éternel opprimé face à l’inévitable oppresseur (le Juif). Quoique naguère la martingale ait pu souvent se trouver inversée par d’autres gauchistes tenant « le Juif » pour victime forcément victime d’autres oppresseurs.

Bref et en l’occurrence les actuels trotskistes ont de longue date mis leurs pas dans les traces de leurs ancêtres qui eux soutenaient le FLN algérien avec de semblables arguments focalisés sur la lutte de classes et passant en pertes et profits les faits ethniques religieux et culturels. Le drame est que cette mouvance politique en est encore là. Et n’en finit pas de payer son aveuglement idéologique. D’où ces récentes manifestations pro-palestiniennes auxquelles furent conviés ce que la société française cèle parfois de moins recommandables : voyous à capuches issus des cités salafistes incontrôlables trotskistes bourgeois et déclassés sans compter sur la gamme d’autres agitateurs en tous genres. D’où des slogans proférés n’ayant que peu de rapport avec la cause palestinienne (hurler contre les Juifs n’est pas en soi un programme) des actions hors de propos (en quoi s’en prendre à une synagogue parisienne parviendra-t-il à améliorer la vie quotidienne à Gaza ?) sans compter les rapines coutumières à ce genre de cortèges (voler le téléphone portable d’un brave passant n’a jamais fait reculer Tsahal)…

Le drame est qu’en France cette cause palestinienne demeure la « chasse gardée » plus haut évoquée d’une certaine extrême gauche. Ce faisant cette dernière contribue à discréditer ce combat aux yeux des médias qui n’y voit souvent et parfois non sans raison l’agrégat de gauchistes et de rebuts de la société. Pis que tout les patriotes sincères qui seraient tentés de rejoindre ces cortèges préfèrent les fuir à ce compréhensible motif : « Qui se ressemble s’assemble »… Qui en effet aurait envie de défiler sous des bannières portées par des dealers des femmes déguisées en Belphégor des révolutionnaires marginaux et des barbus enfiévrés ?

Plus que jamais la vieille expression populaire voulant que certains hommes en soutiennent d’autres telle la corde le pendu n’a jamais été aussi pertinente.

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