Début septembre dernier il était question sur ce site de l’indéniable montée en force du Hamas dans les sondages. La tendance semble se confirmer et il n’est pas anodin d’y revenir sachant que l’année 2015 devrait voir – si Israël le permet toutefois – la tenue d’élections législatives et présidentielles à la fois à Gaza et en Cisjordanie.
Jusque là entre Hamas et Autorité palestinienne directe émanation du Fatah parti naguère majoritaire au sein de l’OLP il y avait partage des rôles. Gaza au Hamas la Cisjordanie au Fatah et la présidence de l’Autorité palestinienne à Mahmoud Abbas vieux compagnon de Yasser Arafat. Au Hamas l’opposition armée face à l’occupant à l’Autorité palestinienne la responsabilité de négocier avec l’État hébreu. Seulement voilà par trois fois le premier a su résister sous les bombes tandis que la seconde de table ronde avortée en conclaves internationaux n’a su que mettre en scène son impuissance quitte à même parfois manger son keffieh…
Ces temps paraissent aujourd’hui révolus. En effet pour la première fois le Hamas présentera des candidats aux élections législatives mais également à l’élection présidentielle. La fin de ce “deal” il ne faut pas aller la chercher bien loin sachant que le Hamas connaît actuellement des pics de popularité sondagière en Cisjordanie contrée dont les populations locales lui étaient jusqu’à présent traditionnellement rétives. Et Khalil Al-Hayya l’un des principaux dirigeants du Hamas de déclarer lors d’un rassemblement tenu à Beit Hanoun commémorant la mort de ces milliers de morts civils palestiniens lors de la dernière équipée militaire israélienne à Gaza : « Le Hamas est déterminé à mettre fin aux divisions et à participer à la construction de nouvelles institutions sur la base de la transparence et du partage du pouvoir. »
Une fois traduit de la vulgate diplomatique en langue vernaculaire cela signifie que l’époque de la domination de l’OLP appartient au passé. Dans ce glissement à la fois sémantique et politique Khalil Al-Hayya enfonce le clou : « Chacun réalise que la politique du blocus a échoué et le siège contre la résistance a cessé et ne reviendra pas ! » Une pierre jetée dans le jardin d’Israël dont les plus hauts dignitaires conviennent désormais à mots-couverts que la “manière forte” aura plutôt été contre-productive contre l’enclave palestinienne. Et une autre dans celui de l’Autorité palestinienne dont les négociations menées avec Tel Aviv n’auront finalement abouti à rien si ce n’est à d’incessantes et nouvelles implantations de colonies israéliennes en terre palestinienne.
Plus que jamais le Hamas demeure maître du jeu. La preuve en est que Mahmoud Abbas admet « être disposé à remettre son poste à un candidat du Hamas si ce mouvement remportait la prochaine élection. » Une bonne manière rendue à ce mouvement en régulière ascension qui en 2005 n’avait pas présenté de candidat face à celui de l’Autorité palestinienne. Après au peuple de s’exprimer ; si toutefois l’État hébreu lui en laisse le loisir…
