Ça y est l’armée d’occupation lance son offensive terrestre sur la Bande de Gaza. Chez les journalistes français ça se déchire aussi. Bien sûr les médias dominants par une espèce de réflexe pavlovien continuent de défendre l’État hébreu. Chez leurs homologues plus alternatifs (bvoltaire.fr) c’est déjà plus compliqué. Mais au moins y a-t-il débat. D’un côté Dominique Jamet ancien rédacteur en chef du défunt Quotidien de Paris et Nicolas Gauthier figure de « la droite patriote » française ; de l’autre côté du « Mur » des gens plus jeunes souvent bien plus à droite et qui par tropisme identitaire ont plus tendance à s’identifier à des « Blancs » israéliens qu’à des « Arabes » palestiniens ; oubliant les chrétiens de Palestine tel qu’il se doit.
Toujours dans les médias français L’Express hebdomadaire institutionnel mais parfois capable de certaines audaces consistant ainsi dans son édition du 16 juillet dernier à longuement donner la parole à l’historien israélien Zeev Sternhell spécialiste du nationalisme français mais également fin connaisseur du Proche-Orient en général et du conflit israélo-palestinien en particulier.
L’homme avoue camper à l’extrême gauche de la gauche israélienne. Pourquoi pas. À bientôt quatre-vingts ans révolus il demeure un infatigable militant de la paix et c’est tout à son honneur.
Le moins qu’on puisse dire est que le drame se déroulant actuellement à Gaza le consterne. D’où le titre de ce long entretien : « Netanyahu est un faible ! » Et notre homme de développer : « Une reconquête de Gaza comme l’exige la droite dure n’est pas envisageable. C’est de la démagogie pure. Qu’y fera-t-on le jour d’après ? Personne n’envisage sérieusement la possibilité de se débarrasser du Hamas. (…) En l’absence d’un compromis raisonnable qui donnerait à Gaza de l’air et des perspectives d’avenir rien ne changera. »
Plus après le même Zeev Sternhell brise un autre tabou celui de cette Terre que Dieu aurait promise au peuple juif : « La droite dure majoritaire au gouvernement veut poursuivre l’affrontement avec les Palestiniens : la terre d’Israël est pour elle plus importante que la paix. À l’en croire nous serions les seuls propriétaires légitimes de la Palestine historique. (…)La question est de savoir si Netanyahu agit sous la pression de cette droite-là où s’il en fait lui-même partie… »
Ensuite l’homme va encore plus loin : « Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter le partage de la terre entre deux États. (…)Sinon ce ne peut être qu’une situation coloniale d’apartheid. » Il s’agit là d’une belle et forte voix mais si isolée en son propre peuple en son propre “camp”. D’ailleurs où est passé celui de la Paix ?
Réponse de Zeev Sternhell : « Ceux qui sont descendus dans la rue lors de la première guerre du Liban dans les année 1980 ou la nuit de l’assassinat de Rabin en 1995 sont toujours là mais ils ne sont pas organisés. Parmi les politiques malheureusement les travaillistes et les membres des partis du centre semblent craindre la puissance du nationalisme ambiant et n’osent pas s’exprimer.
« C’est l’échec historique incarné par Shimon Peres : adulé partout dans le monde il est pourtant le symbole de tout ce qui s’est détraqué dans la société israélienne. Tous ces dirigeants sont des poltrons. Ils savent que la situation actuelle est un malheur sans nom mais ils n’osent pas traduire leurs convictions en action politique. »
Bien vu certes… Mais après ? Il y a ceux qui écrivent de belles paroles. Et les autres crevant de vilaine mort. Pour autant rendons grâce à Zeev Sternhell d’avoir au moins dit ce que de moins en moins de gens osent encore proférer qu’ils soient issus de telle ou telle rive du Jourdain ; où même vivant tranquillement en Europe là où il ne se passe rien. L’histoire par nature est tragique. Cet homme aura au moins su nous le rappeler ; rien que pour cela qu’il en soit au moins remercié.
