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« Un combat pour la paix par le droit »

dimanche 27-septembre-2009

Nouveau président de France-Palestine Solidarité Jean-Claude Lefort définit ici les objectifs et les méthodes de l’association qui veut évoluer pour gagner en audience.

Politis : Vous êtes président de France-Palestine Solidarité depuis mai dernier. Comment se porte l’association et plus généralement le mouvement de solidarité avec la Palestine en France ?

Jean-Claude Lefort : L’AFPS est la plus importante des associations de lutte et de solidarité avec le peuple palestinien. Sans prétendre à l’exemplarité notre influence est toutefois liée à une série de facteurs qui nous sont propres : un réseau national de groupes et de militants actifs et très avertis ; une expertise incontestable et qui fait référence avec des compétences diverses et nombreuses sur la base d’une ligne d’action qui n’est ni fluctuante ni masquée mais ­lisible et crédible et appuyée sur le droit international.

Nous sommes sans ambiguïtés pour la paix par le droit autrement dit pour la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et pour une claire affirmation du droit au retour. Avec la libération des prisonniers ce sont les paramètres qui peuvent permettre la paix au Proche-Orient et la coexistence dans la sécurité de deux États.

Notre association est donc très sérieuse et solide. Elle gagne en adhérents mais elle doit aussi évoluer afin de gagner en audience notamment parmi la jeunesse. Sur la base de l’acquis nous devons réussir un nouveau départ et trouver une nouvelle jeunesse. Nous y travaillons activement.

Nous avons évidemment des relations fécondes avec d’autres. Nous militons au sein du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens – lequel doit selon moi prendre une plus grande place – ainsi qu’au sein de la Plateforme pour la Palestine.

Nous ne sommes fermés à rien mais nous voulons nous inscrire dans une démarche de large rassemblement et d’union et non pas en marge dans une sorte de « pôle » d’avant-garde éclairée. Cela ne mènerait à rien d’autre qu’à l’isolement et à générer des attitudes contraires à la cause que nous défendons. La question qui nous occupe a besoin du nombre et non de la supposée radicalité de quelques-uns. Est « radical » celui qui rassemble sur une base claire et non celui qui harangue ses vérités contre les autres.

Comment en êtes-vous venu à cet engagement ?

J’ai été député pendant dix-neuf ans avant d’être élu président de l’AFPS. Et pendant quatorze ans j’ai été membre de la Commission des Affaires étrangères. La question du conflit du Proche-Orient m’est vite apparue comme centrale pour la stabilité internationale et l’avenir de la planète en plus de l’injustice insupportable vécue sur place.

Je dois dire que à part quelques moments d’exception nos dirigeants – de toute tendance – ont fait preuve d’une telle passivité que leur responsabilité est lourde dans la situation actuelle au bord du précipice. Le droit international est très clair et la Charte des Nations unies tout autant. Mais ils n’ont rien fait. Combien de fois ne m’ont-ils pas dit : « Vous êtes dans l’erreur laissez-nous faire. Nous on sait. » Je constate qu’il n’y a toujours pas d’État palestinien. S’ils étaient sincères admettons-le un instant alors c’est un très lourd échec pour eux. Mais ils continuent à ne rien faire. Ils savent eux vous comprenez ? Quel mépris pour les réalités ! Alors sous une autre forme et à un autre endroit je continue ce combat pour la paix par le droit combat qui m’apparaît vital.

Quels sont les grands axes de mobilisation que vous souhaitez développer ?

Une des clés pour mettre un terme à la situation au Proche-Orient réside dans la fin de l’impunité dont bénéficie l’État d’Israël. Il faut donc un fort mouvement citoyen français mais aussi européen et international pour demander des sanctions. Le rapport de l’ONU sur Gaza est terrifiant et accusateur. C’est un élément majeur qui ne peut qu’accentuer notre engagement total dans la campagne que l’on appelle « Boycott désinvestissement sanctions » (BDS). Précisons – car on entretient parfois le flou sur ce point – que cette campagne ne vise pas à nier l’existence d’un État israélien. Elle vise à mettre un terme aux politiques d’occupation de colonisation et à toutes les formes d’apartheid abjectes qui en découlent. Je dois souligner que des succès commencent à se manifester.

Les dirigeants israéliens n’ont pas encore tout vu. Puisque le droit international et européen est inappliqué nous l’appliquerons ! La campagne BDS c’est le droit mis en action par les citoyens !

Vous avez été très actif dans l’affaire Salah Hamouri ce jeune Franco-Palestinien emprisonné en Israël sans raison sérieuse. Où en est-on ?

Salah Hamouri dont le combat a été relayé dans Politis est le seul Français sur la planète en prison depuis plus de quatre ans pour des raisons politiques. Condamné à sept ans de détention sur la base d’un dossier vide pour l’unique raison qu’il refuse l’occupation. C’est plus que son droit c’est son honneur ! Israël retient plus de 10 000 prisonniers palestiniens dans ses geôles. Pas moins de 750 000 sont allés ou sont en prison depuis 1967. Rapporté à la France cela ferait 20 millions ! C’est incroyable mais on ne parle que de Gilad Shalit qui est le seul soldat israélien kidnappé. Pour Salah qui n’est « que » français rien n’est entrepris au niveau de Nicolas Sarkozy qui admet les vues de la « force occupante » et ne demande pas sa libération pure et simple. De même il se refuse à recevoir personnellement la famille. C’est « oui » pour Ingrid Florence « l’Arche de Zoé » les infirmières bulgares Clotilde etc. C’est « non » pour Salah. Un insupportable « deux poids deux mesures » qui en dit long sur la politique française aujourd’hui dans la région. Mais ce n’est pas fini. Le Comité de soutien regroupe des représentants de toutes les forces politiques françaises. Si Nicolas Sarkozy est devenu autiste nous allons le soigner… Croyez-moi !

entretien réalisé par Denis Sieffert

publié par Politis

http://www.politis.fr/article8087.html

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