Gaza – Centre Palestinien d’Information

Entre optimistes, critiques et partisans, les premières audiences de la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye ont commencé hier, lundi, suite à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies pour un avis consultatif non contraignant sur l’utilisation par l’entité occupante sioniste de la politique de famine à Gaza.
Après plus de 50 jours de blocus sioniste fermant les points de passage et interdisant toute aide humanitaire à Gaza, la CIJ a entamé une semaine d’audiences pour écouter les plaidoiries écrites et orales de plusieurs pays et organisations internationales concernant le respect par l’entité sioniste des traités internationaux.

Certains ont salué l’initiative de la Cour, la considérant comme un pas vers la traque de l’occupation et l’affaiblissement de son récit face à l’opinion publique mondiale. D’autres, cependant, estiment que cette procédure est sans effet, car son avis est consultatif et non contraignant, et parce que les puissances internationales n’appliquent pas ses décisions. De plus, l’entité occupante ne respecte pas le droit international de toute façon.
Hamas : un pas vers la reddition de comptes

Le mouvement de résistance islamique Hamas a salué la tenue des audiences de la CIJ concernant les obligations de l’occupation sioniste envers le peuple palestinien assiégé à Gaza.
Dans un communiqué hier, le Hamas a souligné l’importance de ces délibérations comme une étape vers la reddition de comptes pour les crimes continus de l’occupation sioniste à Gaza depuis 18 mois. Il a également apprécié que la Cour mette en lumière la gravité du blocage de l’aide humanitaire et l’utilisation de la famine comme arme de guerre contre les civils, un crime documenté exigeant une réponse internationale ferme.
Le Hamas a insisté sur la nécessité de suivre les décisions précédentes de la Cour, que l’entité sioniste ignore délibérément en poursuivant son génocide, en intensifiant le blocus et en ciblant les infrastructures civiles. Il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à prendre des mesures concrètes pour faire justice.
Jihad : des lenteurs juridiques

Le mouvement du Jihad islamique, en revanche, a critiqué la tenue de ces audiences, estimant que le principe même de débattre des crimes sionistes depuis 19 mois revient à légitimer leur discussion juridique.
Dans un communiqué, le Jihad a déclaré : *« La Cour aurait dû exiger que l’entité criminelle respecte immédiatement ses décisions et cesse sa politique de blocus et de famine visant à exterminer des civils innocents. » Il a rappelé que la CIJ avait déjà ordonné aux sionistes de prendre des mesures pour prévenir un génocide, mais que l’entité occupante n’a pas obéi.
Le mouvement a souligné que l’obstruction à l’entrée de nourriture, de médicaments et de carburant constitue un crime de guerre flagrant en vertu du droit international, dans toutes les circonstances. Il a également rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) avait émis en novembre 2024 un mandat d’arrêt contre le Premier ministre sioniste Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l’humanité via la famine, et que les gouvernements sont tenus d’exécuter ces mandats.
« Les lenteurs juridiques ne nourriront pas un affamé, ne sauveront pas un enfant. Une justice tardive pour les innocents n’a aucune valeur », a-t-il ajouté, accusant les gouvernements arabes et islamiques, entre autres, de complicité par leur silence.
L’application des décisions

Le Dr Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, a souligné que la CIJ avait déjà émis un avis consultatif appelant à la fin de l’occupation de la Palestine, mais que les États ne l’ont pas appliqué.
« Ce qui compte, c’est l’application des décisions par les États, pas leur simple émission », a-t-il déclaré sur Al Jazeera, ajoutant que les pays occidentaux ne sont pas prêts à appliquer de nouvelles décisions internationales.
Un test pour le système international

L’ancien procureur de la CPI, Geoffrey Nice, a partagé cet avis, estimant que la décision de la Cour aura une importance morale, mais que son application dépendra des États.
Nice a déclaré que le droit international est « mis à l’épreuve », car il doit condamner fermement l’entité sioniste pour forcer les États à agir. « Une justice lente est frustrante, et le monde verra des divisions entre les pays, car les États-Unis et la Hongrie veulent un monde sans lois », a-t-il ajouté.
Il a toutefois noté que les premières actions du président américain Trump avaient été si choquantes que le monde avait pris ses distances. Aujourd’hui, l’espoir réside dans la capacité des pays à défier les États-Unis, mais « des pays comme le Royaume-Uni, historiquement alignés sur Washington, auront-ils le courage de le faire ? »
L’arrogance sioniste

Le Dr Mohannad Mustafa, expert des affaires sionistes, a souligné que l’occupation craint les répercussions des procédures internationales, qui entachent son image de victime. Cependant, il fait preuve d’une arrogance sans précédent et méprise le droit international.
L’occupation n’a pas comparu devant la CIJ, signe qu’il ignore ses décisions. Pire, sa Cour suprême a validé en mars l’interdiction de l’aide à Gaza, montrant que l’État défie le droit international à tous les niveaux.
Mustafa a également noté que l’entité sioniste reste uni face aux institutions internationales, comme lors des mandats d’arrêt de la CPI contre Netanyahu et Gallant. Les appels à l’extermination des Gazaouis ont même augmenté, avec des déclarations choquantes de responsables et artistes sionistes.
Un avis avec force de loi
Barghouti estime qu’une décision de la CIJ qualifiant les événements à Gaza de génocide pourrait affecter l’arrogance sioniste, d’autant que *« les sondages montrent pour la première fois une majorité d’Américains favorables aux Palestiniens ».
Il a conclu que l’avis de la CIJ, demandé par l’ONU, aura force de loi, et que l’ONU et le Conseil de sécurité doivent l’appliquer, « sous peine de détruire complètement le système international établi après la Seconde Guerre mondiale ».
Les audiences de la CIJ interviennent alors que le système d’aide humanitaire à Gaza est au bord de l’effondrement, l’entité néonazie ayant interdit l’entrée de nourriture, de carburant et de médicaments depuis début mars.