Après l’Union européenne et le Comité international de la Croix-Rouge qui ont réclamé un suivi médical constant pour la demi-douzaine de détenus en grève de la faim depuis un mois et demi à 71 jours la France a demandé mercredi « à titre humanitaire » à Israël d’ »être sensible au risque d’une issue tragique et à prendre d’urgence les mesures appropriées ».
Au moins un tiers des quelque 4.700 détenus palestiniens d’Israël (dont près de 310 en détention administrative) sont en grève de la faim à la suite d’un mouvement collectif lancé le 17 avril selon l’administration pénitentiaire des sources officielles palestiniennes et des associations humanitaires.
« Ce qu’on dit publiquement ça ne veut pas dire que l’on ne l’a pas dit avant bilatéralement aux autorités israéliennes. Mais la gravité de la situation a fait qu’on a senti que c’était important de le dire publiquement également parce qu’il y a un risque de mort » a expliqué à l’AFP une porte-parole du CICR Nadia Dibsy.
« Quand il y a un grand nombre de personnes qui lancent une grève de la faim toutes ensemble ce n’est pas évident pour le CICR de suivre tout le monde individuellement comme on arrive à le faire avec les personnes malheureusement qui se trouvent dans un état de santé critique » a-t-elle souligné.
Selon Mme Dibsy la priorité est « les détenus qui sont en grève de la faim depuis plus de 48 jours jusqu’à plus de 72 jours ».
Cinq d’entre eux « refusent depuis hier (mardi) d’être nourris par voie intraveineuse et d’être suivis par l’administration pénitentiaire » a indiqué à l’AFP un de leurs avocats Jamil al-Khatib qui leur a rendu visite à l’hôpital de la prison de Ramleh près de Tel-Aviv.
A bout de patience des dizaines de manifestants palestiniens ont bloqué dans l’après-midi l’accès aux bureaux de l’ONU à Ramallah en Cisjordanie pour presser le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon de sortir de son « silence » sur cette question.
« Nous vous exhortons à prendre une position ferme et forte contre la violation par Israël des droits des prisonniers » ont écrit les organisateurs du rassemblement dans une lettre ouverte à M. Ban.
En soirée ce dernier a appelé à « éviter une détérioration de leur état de santé » et indiqué qu’il « continue de suivre avec inquiétude cette grève de la faim (…) particulièrement en ce qui concerne ceux qui sont en détention administrative » selon son porte-parole à New York.
L’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour avait saisi le 4 mai dans une lettre la présidence azerbaïdjanaise du Conseil de sécurité du sort des dix grévistes de la faim de plus longue durée. « Israël est responsable du bien-être de ces prisonniers » et le Conseil de sécurité doit lui rappeler ses « obligations légales en la matière » a-t-il affirmé.
La veille le coordinateur de l’ONU pour le processus de paix Robert Serry s’était déclaré « très inquiet » en raison de « l’état critique d’au moins deux prisonniers palestiniens » grévistes et avait appelé « Israël à se conformer à ses obligations en matière de droit international ».
Le Hamas et le Jihad islamique ont menacé Israël de représailles en cas de décès d’un des grévistes. « Si cela se produit attendez-vous à tout de notre part » a déclaré un dirigeant du Hamas Khalil al-Haya évoquant « les moyens de la mobilisation populaire et du combat ».
Selon les médias israéliens les services de sécurité se préparent à cette éventualité à l’approche des manifestations annuelles de la « Nakba » (« catastrophe » en arabe) terme par lequel les Palestiniens désignent la création d’Israël en 1948 le 15 mai.
(10 mai 2012 – Avec les agences de presse)