Elle nous a profondément touchés et nous a lancés dans les rues pour témoigner notre solidarité avec nos voisins égyptiens. Nous essayons de graver durablement chaque minute de l’événement dans nos coeurs et nous pourrons dire à nos enfants combien nous avons été fiers d’avoir vécu un des événements les plus importants et les plus éminents de l’histoire du monde arabe.
Les jeunes éduqués de Gaza savent communément que les anciennes générations qui ont connu les années 50 étaient souvent considérées comme des vétérans dont l’expérience et les connaissances leur donnent l’autorité de parler de la situation politique actuelle – même lorsque leurs analyses sont très loin de la marque.
De fait beaucoup d’entre eux ne sont pas intelligents tout en étant terriblement loquaces et ils se contentent de brasser de l’air bien que leurs discours soient dénués de sens et d’utilité. Pourquoi nous les écoutons toutefois c’est parce que nous la jeune génération savons qu’ils ont vécu des épisodes cruciaux de l’histoire des Arabes et des Palestiniens à savoir : l’agression tripartite de 1956 contre l’Égypte la guerre israélo-arabe de 1967 la bataille de Karamah 1968 la guerre d’octobre de 1973 la guerre israélienne contre le Liban en 1982 et beaucoup d’autres.
Entre-temps ma génération a dépassé de loin l’ancienne non seulement de par la diversité et l’ampleur des événements dont elle a été témoin mais aussi du rôle important de la jeunesse dans les changements dont le dernier en date est l’actuelle révolution égyptienne.
Quelles que soient les répercussions que puisse avoir la révolution égyptienne pour les Palestiniens il n’est pas surprenant que toute la population de Gaza s’unisse dans son soutien à la révolution et se solidarise avec le peuple égyptien.
Non seulement le peuple de Gaza hait Hosni Mubarak en tant que personne et rejette son système despotique mais pour nous c’est un allié proche de notre oppresseur Israël. Pourtant les liens entre les peuples palestinien et égyptien sont inébranlables et beaucoup plus profonds tout comme l’identification des Palestiniens avec cette révolution.
C’est comme si nous participions directement à la révolution. La jeunesse de Gaza dont je suis se sent au coeur de cet événement. Un ami me dit « cette intifada est le vieux rêve arabe. J’ai suivi les événements et j’ai senti que la liberté des Egyptiens est la mienne en tant que Palestinien. J’étais submergé de bonheur. Comme j’aimerais être en Égypte. »
Ce qui a dû provoquer ce profond sentiment d’identification avec le peuple égyptien chez mon ami n’est pas simplement dû aux causes de la révolution ou à ses conséquences mais aux liens spirituels que lient les peuples opprimés les uns aux autres.
Ce lien s’est tissé au fil des années et a culminé pendant les années 50 lorsque des milliers de réfugiés palestiniens se sont installés en Égypte après la Nakba expulsion des Palestiniens de leur patrie en 1948. La première révolution égyptienne – en 1952 – était encore jeune. L’Égypte se considérait comme le gardien de la lutte du peuple palestinien jusqu’au traité de paix qu’elle a conclu avec Israël en 1979 lorsque le leadership politique du pays a pris une autre route. Ceci pourrait expliquer pourquoi les Palestiniens ont réagi spontanément à la révolution tunisienne au début du mois qui ne les a toutefois pas autant bouleversés que la révolution en Égypte.
Mohammed Rabah Suliman étudie la littérature anglaise à l’Université islamique ; son blogue :
http://msuliman.wordpress.com
http://electronicintifada.net/v2/ar…
Traduction : Info-Palestine.net