L’attaque d’Israël contre la flottille d’aide humanitaire à destination de Gaza pendant le Memorial Day de l’Amérique était bien trop prévisible même si la forme qu’elle a prise m’a surpris. Et elle confirme le vieux proverbe Ceux que les dieux veulent anéantir ils les rendent d’abord fous en ce que l’attaque fut de cette sorte de folie que seule une arrogance sans limites peut assumer.
Il n’y a pas que ces étrangers et les Palestiniens arborant des drapeaux autres que celui de la Palestine à avoir été attaqués. Israël a une longue histoire dans de tels actes spécialement à l’égard des Nations-Unies. Mais à part l’incident du USS Liberty en 1967 il les commet généralement sur des sites terrestres – Gaza Cisjordanie Liban – où il peut bloquer l’essentiel des informations et des preuves visuelles et contrôler le tour qu’il veut donner aux évènements comptant sur ses amis aux Etats-Unis et sur les autres médias dominants pour limiter l’information voire la taire et ainsi contredire les faits.
Nouvelle attaque
Pas cette fois. Une attaque en pleine mer dans les eaux reconnues internationales contre des navires non armés transportant de l’aide humanitaire avec des passagers et des équipages venant de nombreux pays – surtout une agression direct contre un navire turc – une attaque comme celle-ci c’est autre chose et potentiellement explosif. Le nombre de victimes à bord indique qu’une fois l’affrontement commencé les commandos israéliens ont tout simplement arrosé les gens à l’arme automatique tout autour d’eux – une autre de leurs vieilles vieilles habitudes.
Et là la technologie est leur ennemie tout comme elle devint un jour il y a longtemps l’ennemie des régimes communistes dans l’ancienne Union soviétique et d’autres pays d’Europe de l’Est. Trop d’images et trop de vidéos prises et certaines envoyées et trop de témoins qui rapportent ce qui s’est passé avant même que les Israéliens aient réussi à censurer les communications de leurs victimes.
C’est regrettable pour leurs victimes mais c’est potentiellement aussi très regrettable pour Israël et tout le travail préalable de relations publiques fait par les Israéliens pour limiter les dégâts montre qu’ils en sont au moins un peu conscients. Tenter de faire passer l’attaque dans les eaux internationales pour un exercice de légitime défense relève du ridicule dans le meilleur ou le pire des cas : a-t-on jamais vu des fauteuils roulants utilisés comme matériels de guerre offensifs ?
Et pour la porte-parole israélienne sa pirouette pour tenter de faire passer une attaque de navires de guerre et de commandos armés en un acte de défense contre un « lyncher » (j’imagine qu’elle essayait d’épargner une « préoccupation majeure » américaine à Obama – et quelqu’un devrait lui dire que c’est « lynchage » ou « lyncheur) une telle pirouette aurait embarrassé même son âme sœur en relations publiques le Dr Josef Goebbels. Mais Israël est prêt à tout ce que le désespoir impose je suppose bien que cette fois il pourrait bien être allé beaucoup trop loin.
Un jugement qui aurait dû être rendu depuis longtemps
Et c’est ce que les premières réactions semblent affirmer. Tous les principaux médias des Etats-Unis et beaucoup d’autres ailleurs couvrent cette histoire et même avec le point de vue de nombreux correspondants juifs basés à Jérusalem ou à Ashdod où les détails sanglants ressortent lentement pour le public américain courant et ce pour la première fois :
1 – Les navires non armés avec des passagers non armés essayaient d’apporter de l’aide humanitaire et pour la reconstruction à une bande de Gaza ravagée et assiégée.
2 – Israël impose un blocus à Gaza sans doute sinon certainement en violation du droit international soutenu largement par les veto états-uniens au Conseil de Sécurité des Nations unies.
3 – Les navires et les commandos israéliens ont intercepté et attaqué une flottille humanitaire dans les eaux internationales – ce qui est un acte de guerre de piraterie voire de terrorisme d’Etat selon notre point de vue sur ces détails.
4 – Sous l’attaque certains des passagers ont essayé de se défendre nombre d’entre eux ont été tués ou blessés et quelques commandos israéliens ont également été blessés – sans doute une surprise pour eux mais leur nombre habituel de victimes peut les avoir rendus un peu trop impudents.
5 – De nombreux gouvernements et opinions publiques dans le monde – pas seulement dans les capitales arabes – se disent ouvertement indignés et les forums de discussions sur les sites d’informations US qui diffusent les évènements laissent penser qu’il en est de même pour une large part au niveau de l’opinion publique du pays.
6 – Mais pour Israël il s’agit simplement d’un incident de plus du genre « Nous sommes la victime incomprise » sur une longue une sordide litanie absolument incroyable ; sauf que cette fois ils ne pourront pas s’en sortir.
Saisir l’occasion
C’est le moment pour ceux qui ont soif de justice pour la Palestine de saisir l’occasion et d’agir en s’appuyant sur les promesses faites mais non tenues après la présentation du rapport Goldstone au Conseil des Droits de l’homme des Nations-Unies.
J’aimerais croire que le Président Obama va prendre position et peut-être le fera-t-il mais s’il le fait ce sera avec des mots et non des actes. Ni le Congrès ni Emanuel Rahm ne le laisseront aller très au-delà quelle que soit sa prédisposition – et qui sait peut-être va-t-il croire à la métaphore du « lyncher » ou prétendre y croire.
Les Américains ne doivent pas s’embêter à envoyer des lettres ou des courriels aux sénateurs ou aux membres de la Chambre des représentants ou à Obama ; l’AIPAC y sera avant eux et avec plus d’argent et de courriers qu’ils ne pourraient jamais générer. Ils doivent se rendre directement aux permanences locales des sénateurs et des représentants s’y tenir jusqu’à ce qu’ils puissent parler personnellement à l’élu en personne et présenter leur cas avec le plus de force possible. Ils doivent s’assurer qu’ils sont écoutés par le maximum de monde – mais en restant polis et en laissant leurs pancartes à la maison.
Pour la communauté mondiale le moment est venu et l’occasion pour relancer la résolution Union pour le maintien de la Paix des Nations unies (n° 377) tant au Conseil de Sécurité qu’à l’Assemblée générale comme exigé. Les nationalités des victimes neutraliseront au moins de nombreux pays européens qui auraient pu sans cela s’y opposer. Des sanctions des embargos et même la suspension ou l’exclusion d’Israël des Nations-Unies elles-mêmes portent aussi vite et fort qu’il est possible. Soutenir la campagne BDS partout et fort.
Et pour les forces armées américaines en ce Memorial Day il serait bon de réfléchir à la signification du devoir et du service à l’égard du pays et du peuple. Les serments d’allégeance d’obéissance et de loyauté sont importants pour les professionnels des forces armées en uniforme ou non. Ils l’ont été pour moi quand je servais dans les Marines et depuis comme civil à West Point et à l’Army War College. Je suis sûr que servir pour les professionnels d’aujourd’hui n’est pas différent.
Mais les élus et les responsables civils nommés qui supervisent les services armés ont eux aussi prêté leurs propres serments et beaucoup les ont violés en servant les intérêts d’Israël plutôt que ceux des Etats-Unis et surtout en sacrifiant des vies américaines et les fonds publics US au service des intérêts israéliens au lieu de protéger ceux de l’Amérique. Cela pour moi relève tout simplement de la trahison et nie totalement à quiconque toute loyauté qu’il devrait au pays et au peuple par ailleurs.
Il faut se souvenir que la pierre angulaire de nos serments n’est pas l’obéissance mais le « soutien et la défense de la Constitution des Etats-Unis contre tout ennemis étrangers et intérieurs ». Il faut y penser à l’occasion de ce Memorial Day.
Alan Sabrosky (docteur université de Michigan) est un vétéran des Marines dans lesquels il a servi pendant dix ans ; il est diplômé de l’Army War College. Il peut être contacté à : [email protected]
31 mai 2010 – Intifida Palestine – et Sabbah – dessin : Emad Hajjaj Jordanie – traduction : JPP