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Atomiques –Sommet de Washington

mercredi 14-avril-2010

 
Ce qui a commencé hier à Washington et se termine aujourd’hui est le plus grand sommet convoqué ces 65 dernières années par un président des Etats-Unis : y participent à Washington les chefs d’Etat et de gouvernement de 47 pays.
Thème central la « sécurité nucléaire ». Le président Obama a de fait tiré la sonnette d’alarme : « Le danger le plus immédiat et extrême est aujourd’hui le terrorisme nucléaire. » A cette menace ajoute-t-on à Washington s’ajoute celle de la prolifération nucléaire : on accuse ainsi l’Iran et dans la foulée la Corée du nord de poursuivre des ambitions nucléaires en violant le Traité de non-prolifération (Tnp).


Le président américain Barack Obama lors du sommet sur la sécurité nucléaire le 13 avril 2010 à Washington DC (AFP/POOL/Ian Langsdon)

La proposition de base faite par Obama au Sommet est de renforcer le contrôle de tous les quantitatifs d’uranium hautement enrichi et de plutonium.

Mais paradoxalement ce sont justement les Etats-Unis et les autres puissances nucléaires protagonistes du sommet de Washington qui favorisent la prolifération de ces armes. Dans une situation où un petit groupe d’Etats prétend garder la possession des armes nucléaires et continue à les moderniser il est de plus en plus probable que d’autres essaient de se les procurer. En plus des neuf pays qui les possèdent il y en a au moins 40 en mesure de les construire.

Il n’existe de fait pas une séparation nette entre usage civil et usage militaire de l’énergie nucléaire et par les réacteurs on extrait de l’uranium hautement enrichi et du plutonium adaptés à la fabrication d’armes nucléaires. On calcule qu’il y en a dans le monde une quantité pouvant fabriquer plus de 100 mille armes nucléaires et on continue à en produire des quantités croissantes : plus de 130 réacteurs nucléaires « civils » produisent de l’uranium hautement enrichi adapté à la fabrication d’armes nucléaires.

Ce que font les Etats-Unis promoteurs du sommet pour garantir la « sécurité nucléaire » est démontré par les faits. Le 29 mars ils ont conclu avec New Delhi un accord sur la base duquel ils fourniront à l’Inde du combustible nucléaire « éteint » à recycler en en extrayant de l’uranium et du plutonium. Se trouve ainsi opérationnalisé l’accord stipulé en 2008 par l’administration Bush qui prévoit la fourniture à l’Inde de matériel fissile et de technologie nucléaire.

En échange l’Inde s’engage à adhérer « en partie » au Tnp en soumettant à des inspections 14 sites nucléaires civils mais en conservant 8 militaires non sujets à des inspections. Les programmes de New Delhi prévoient un développement exponentiel de l’industrie nucléaire qui ouvre un marché de plus de 150 milliards de dollars auxquels les USA veulent accéder avec la vente de réacteurs et de technologies de fait à double usage civil et militaire. Ces derniers se trouvent cependant en concurrence avec la Russie qui a signé un gros accord pour la fourniture de technologies nucléaires à l’Inde.

A cette même table du sommet avec le premier ministre indien (qu’Obama a rencontré la veille pour officialiser l’accord) siège celui du Pakistan allié des USA qui n’a jamais adhéré au Tnp. Comme l’Inde celui-ci possède un arsenal estimé à 70-90 armes nucléaires. A présent confirme le New York Times (12 avril) face à l’accord Washington-New Delhi le Pakistan est en train de construire trois nouveaux sites pour réaliser « une seconde génération d’armes nucléaires ».

Et à cette même table siège aussi l’autre allié des USA Israël (représenté par le ministre de l’intelligence et de l’énergie atomique Dan Meridor) qui n’adhère pas au Tnp et n’admet pas officiellement posséder des armes nucléaires tout en en possédant des centaines. Hors de tout contrôle Israël a accumulé une quantité de plutonium pour armes nucléaires estimée à environ un demi quintal et continue à en produire des dizaines de kilos par an. L’Iran par contre n’a pas été invité lequel adhère pourtant au Tnp et ne possède pas d’armes nucléaires. Et à côté d’Israël siègent la France qui a fourni à Israël son premier réacteur pour la fabrication d’armes nucléaires et l’Allemagne qui avec les Etats-Unis a contribué à la potentialisation des forces nucléaires israéliennes en lui fournissant trois sous- marins Dolphin en capacité de lancer des missiles nucléaires.

Mais pour ne pas faire de tort aux pays arabes les Etats-Unis ont signé une série d’accords pour la fourniture de technologies nucléaires et de matériel fissile aux Emirats arabes unis Arabie saoudite Bahreïn Egypte Maroc et Algérie.

Une grande campagne promotionnelle s’est ainsi ouverte – à laquelle participent aussi la France le Japon la Russie et la Chine- pour vendre des centrales nucléaires clé en main au Moyen Orient et à l’Afrique du nord. On diffuse ainsi les technologies « civiles » qui mettent d’autres pays en mesure de construire des armes nucléaires. Tout cela à l’enseigne de la « sécurité nucléaire ».

 
Source : il manifesto   
  Traduction : Marie-Ange Patrizio

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