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Le feu du phosphore blanc a brûlé son père et ses frères devant ses yeux

mercredi 30-décembre-2009

Personne ne pourrait être insensible face à l’histoire du jeune homme de 24 ans Ahmed Abou Halima. Il a été témoin de scènes des plus tragiques durant la guerre agressive israélienne menée contre Gaza. Dans sa première commémoration les souvenirs de ces bombes de phosphore blanc bombardant les maisons de sa famille ne sont pas encore prêts à le quitter. Comment pourra-t-il oublier son père et ses frères brûlés vifs par le feu du phosphore blanc ? Il a tout fait pour les sauver en vain.

La tragédie le début

Nous sommes le dimanche 4 janvier 2009. Ahmed Abou Halima se trouvait au premier étage de leur maison. Seize personnes vivaient dans cette maison se situant dans le quartier Al-Siqa non loin de la mosquée Al-Omra au nord de la bande de Gaza. Ahmed prenait son déjeuner avec sa famille lorsqu’il entend des coups de feu des explosions un mouvement actif de chars. Et soudain un cri funeste déchire le ciel. Nabila la femme de son oncle hurlait : « La maison de mon oncle Hekmet a été bombardée ».

Ahmed Abou Halima racontait ces souvenirs amers à l’envoyé de notre Centre Palestinien d’Information (CPI). Quand il prononce la phrase de sa tante un ange passe ; il sent malaise.

Nous avons commencé à appeler les membres de la famille de mon oncle ; leur maison n’élone se trouve qu’à quelques mètres de la nôtre.

Toutefois ils ne pouvaient rien faire. Les chars des occupants israéliens avaient déjà lancé leurs obus sur leur propre maison. Le phosphore blanc avait déjà fait tomber les murs de la maison. On ne voyait rien du tout au milieu du feu et de la fumée.

Ahmed Abou Halima est descendu au rez-de-chaussée essayant d’y descendre les petits. Il monte dix minutes plus tard pour voir son père avec sa petite sœur les deux en feu.

Ahmed ne peut retenir ses larmes en se souvenant de ces moments si douloureux :

« J’ai vu mon père Saadallah 44 ans allongé par terre sous la porte de la chambre en feu. J’ai levé la porte et j’ai vu mon père calciné. Ses vêtements consommés. Entre ses bras j’ai vu ma petite sœur Chahad un nourrisson d’un an et demi seulement. J’ai vu mon petit frère Abdulrahim un adolescent de 14 ans. Le feu les dévorait tous ».

Par un réflexe naturel Ahmed court vers la salle de bain pour apporter un seau d’eau. Il jette l’eau sur les corps brûlés un geste qui ne fait qu’aggraver la situation.

Ahmed regardait son père et ses frères en feu il a entendu la femme de son frère dire : « Couvrez-moi ! ». Il a regardé derrière lui pour voir un corps calciné qui saignait. Le feu avait dévoré ses vêtements avant d’attaquer son corps.

L’état de la jeune mère n’était pas meilleur que celui de sa fille Farah 4 ans.

Le corps du père

Ahmed a apporté un revêtement pour sortir le père et les frères. La fumée émanait encore des corps. Lui et son frère Mahmoud 19 ans trouvaient beaucoup de peines à sortir les corps. Toute la maison était en feu. Une fumée dense et une odeur insupportable ravageaient l’air.

« Je me suis retrouvé obligé de mettre une bande de tissu sur mon visage pour pouvoir sortir mon père. »

Les corps sortis les deux frères encore vivant reviennent pour trouver les corps de leurs petits frères Zaïd 9 ans et Hamza 8 ans calcinés.

Les corps entassés devant la porte de la maison ont attiré les voisins. Plusieurs d’entre eux tombent par terre choqués.

On pleure ses martyrs

Quand la grand-mère et la tante ont vu ces corps elles ont commencé à pleurer et à crier ajoute-t-il. Il a vu sa mère Sabah 44 ans. Elle aussi était brûlée et son visage saignait. C’est dans un tracteur qu’elle a été transportée à l’hôpital.

D’autres corps ont plus tard été transportés dans un camion encore fumant à cause du phosphore blanc.

Mais deux cents mètres plus loin on voyait un cortège funèbre de corps fumants ne pouvant pas avancer. Les occupants israéliens avaient fermé la zone !

Le tracteur porteur de cadavres et de blessés n’a non seulement as pu atteindre l’hôpital de si tôt mais il a de plus été bombardé donnant de nouveaux martyrs de nouveaux blessés.

Ahmed et d’autres ont décidé d’aller les ramener. Sur le chemin on ne voyait que des personnes brûlées et blessés et des corps calcinés.

Et les vivants respiraient à peine.

La mère

Le lendemain de cette affreuse soirée Ahmed est allé à l’hôpital Al-Chifaa. Il a vu sa mère brûlée de partout ; il ne pouvait même pas parler. Tout comme la femme de son frère et sa fille Ghada.

Cependant durant 17 jours nous n’avons eu aucune nouvelle de mon frère Omar et de beaucoup d’autres.

C’est seulement le 10 janvier 2009 que la Croix-Rouge a annoncé avoir pu retirer quelques corps pour les déposer à l’hôpital Kamel Adwan. C’est là qu’on a enfin trouvé les cadavres des siens. Ils étaient si nombreux qu’on les a couverts d’un seul linceul collectif et d’un grand sac noir. Ils ont tous été placés dans un même trou.

« A mon retour à la maison continue Ahmed je l’ai trouvée complètement brûlée. J’ai aperçu quelques morceaux du crâne de mon papa et des mots écrits par les soldats (de l’armée de l’occupation israélienne) comme par exemple : « Nous reviendrons pour vous tuer ». Il y avait aussi quelques vestiges de l’armée ».

Contre l’oubli

Ahmed ! Tout le monde se rend compte combien ton histoire est tragique. Elle fait partie de toutes ces histoires vécues par les habitants de la bande de Gaza des histoires incroyablement tragiques qui reflètent la sauvagerie des occupants israéliens.

Notre consolation c’est que Gaza est sortie victorieuse résistante avec la tête haute en dépit de tous les assassinats et de toutes les dévastations. Et les occupants savent que nous n’oublions et ne pardonnons jamais leurs crimes.

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