Mon 8-July-2024

Marzouq parle au Centre Palestinien d’Information de plusieurs dossiers ardus (4 et fin)

vendredi 18-janvier-2008

A l’occasion du vingtième anniversaire du mouvement de la résistance islamique Hamas notre Centre Palestinien d’Information (CPI) a effectué une interview détaillée avec le vice-président du bureau politique du mouvement Dr. Moussa Abou Marzouq.

L’interview étant un peu longue nous en traduisons des extraits que nous publions en plusieurs épisodes. En voici le quatrième et dernier :

La vision de Bush

CPI : Les négociations sont-elles entamées pour appliquer la vision de Bush basée sur deux Etats ?

Marzouq : Bush parle de deux pays. Mais l’Entité sioniste est considérée comme un pays qui existe sur le terrain mais pourquoi ils ne parlent d’un Etat palestinien ? Selon la vision de Bush l’Etat d’ »Israël » existe déjà pourtant elle n’a pas encore pris sa vraie dimension géographique ainsi que démographique. Cela dit l’Etat palestinien ne sera pas défini selon les décisions des Nations Unies mais selon les résultats de ces négociations et surtout selon les assurances données par Bush à Sharon concernant le mur discriminatoire de séparation qui grignote de plus en plus de territoires palestiniens occupés…

Pour ce qui est de l’échange de terrains accepté par la présidence de l’autorité palestinienne on parle d’un Etat palestinien sur une superficie de 6250 kilomètres carrés sans parler d’une retraite israélienne vers les frontières du 4 juin 1967. La conséquence d’un tel propos est que les Palestiniens auront des terrains désertiques du Neguev ou à l’extérieur des frontières palestiniennes historiques à la place de leurs territoires de la ville d’Al-Quds de Jénine et de Naplouse. Ainsi des milliers de Palestiniens seront chassés de leurs domiciles en application de la judaïsation de l’Entité sioniste…

Abbas est optimiste !

CPI : Quelles sont les raisons de l’optimisme d’Abbas ?

Marzouq : Il n’y a rien qui pousse Abbas à un quelconque optimisme pour ce qui est des négociations avec l’occupant ou de l’horizon de la rencontre d’Annapolis. Cet optimisme a besoin d’une analyse psychologique plutôt que d’une analyse politique.

En ce qui concerne les promesses il en est rien surtout que les trois personnes concernées (Abbas Olmert et Bush) vivent leurs derniers moments. Ils jouent dans le temps de prolongation.

Et la conférence d’Annapolis devait discuter des sujets vitaux : l’Etat les réfugiés Al-Quds les frontières… Ce qui s’est passé c’est qu’on a parlé seulement d’un déclenchement des négociations qui avait déjà été déclenchées ! Et dans la conférence on a délimité 2008 comme une date pour tout régler. Pourtant dans son premier discours devant la Knesset Olmert a déclaré qu’il n’y a pas de date sacrée. Et concrètement il a entamé une attaque coloniale des plus agressives dans la montagne d’Abou Ghonaim dans la ville d’Al-Quds !

La rencontre de Paris

CPI : Dans la rencontre de Paris des biens ont été mis de côté au nom du peuple palestinien. N’est-ce une réalisation pour le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas ?

Marzouq : Les pays donateurs n’ont fait que renouveler leurs obligations envers l’autorité palestinienne. Le problème c’est que cet argent ne va pas au peuple palestinien qui souffre de l’état de siège. Il va à l’autorité ses établissements et ses fonctionnaires excluant des milliers de fonctionnaires sous prétexte qu’ils sont proches du Hamas !

Un partenariat

CPI : Le président Abbas durant ses rencontres avec les dirigeants arabes dit que si le Hamas veut un partenariat politique il devra s’engager à la ligne politique de l’autorité n’est-ce pas logique ?

Marzouq : Pour ce qui est de la logique c’est le Hamas qui avait gagné les élections législatives. Donc c’est lui qui met les règles de tout partenariat et non le contraire. C’est à nous que le peuple palestinien avait donné sa procuration…

A propos l’accord de la Mecque était une reconnaissance du Fatah des résultats des élections législatives et du fait que le Hamas reste le numéro un de la scène palestinienne. Abou Mazen doit savoir que le Hamas est l’axe de tout partenariat…

Tentative arabe

CPI : Mettre fin à l’anarchie sécuritaire dans la bande de Gaza en juin dernier avait-il envenimé vos relations arabes et internationales ?

Marzouq : Il y a une compréhension générale chez la plupart des pays arabes de ce qui s’est passé dans la bande de Gaza. Ils savent que le Hamas est plein de sollicitude pour l’unité nationale. Quant à ce qui s’est passé à Gaza le Hamas n’avait pas d’autre choix. Plusieurs dirigeants arabes ont exprimé leur volonté d’intervenir pour participer à la réparation de la déchirure de la scène palestinienne…

De notre côté nous saluons toujours toute tentative de la part de nos frères arabes. Nous déclarons toujours que nous sommes prêts à pratiquer tous les efforts pour faire réussir de telles initiatives. Malheureusement il y a des Palestiniens qui mettent des bâtons dans la roue de ces tentatives pour les faire échouer. Probablement ils pensent que plus la division est profonde plus ils seront plus libres dans leurs mouvements et leurs aventures politiques.

Dans le même cadre nous saluons l’annonce du secrétaire de la Ligue Arabe Amro Moussa d’une action arabe totale concernant la réconciliation palestino-palestinienne basée sur l’accord de la Mecque et les accords du Caire. Nous confirmons que nous mettons des efforts très denses pour la faire réussir.

Enfin en ce qui concerne nos relations avec les Européens tous les canaux sont toujours ouverts.

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