Mon 8-July-2024

Abou Marzouq fait un tour d’horizon de la scène palestinienne et de la conférence d’automne

vendredi 2-novembre-2007

L’envoyé de notre Centre Palestinien d’Information a récemment rencontré dans la capitale syrienne Damas le Dr. Moussa Abou Marzouq vice-président du bureau politique du Hamas.

Dr. Abou Marzouq a donné son point de vue sur la scène palestinienne dans une longue interview. Le CPI a le plaisir d’en traduire quelques extraits et résumés.

Trois sujets

CPI : La scène palestinienne est-elle dans une crise ?

Abou Marzouq : Trois éléments contribuent à mettre cette scène en crise. Le siège immoral mené aussi bien par les autorités israéliennes que par l’autorité palestinienne de Ramallah pousse la bande de Gaza vers plus de complications vers une catastrophe humanitaire sans précédent. Le niveau de pauvreté y monte à 79%. Des dizaines de milliers d’enfants palestiniens arrivent aux écoles de l’UNRWA affamés confirme l’agence.

Cette pauvreté aggravée ajoutée à la carence de médicaments et tous les effets du siège déchireront la société et feront camper les Palestiniens contre l’autorité de Ramallah dirigée par Abou Mazen… Bizarrement cette autorité sanctionne le peuple de Gaza au moment où elle entame des négociations avec l’occupant qui ne cesse de commettre toutes sortes de crimes contre notre peuple.

L’engouement et la flexibilité d’Abbas et de son équipe envers des rencontres avec les dirigeants de l’Entité sioniste sont la deuxième cause de cette crise. Dans les conditions actuelles la paix consistera en une concession selon les exigences de l’occupation israélienne.

La faiblesse du système arabe officiel en constitue le troisième. La politique américaine inspirée de la vision sioniste se trouve libre. Et la vision israélienne consiste à venger ses défaites du Liban et de la bande de Gaza en pratiquant plus d’agression et de colonisation.

Enracinement du Hamas

CPI : Il y a un travail ardu pour déloger le Hamas de la Cisjordanie ?

Abou Marzouq : Le Hamas est un mouvement qui a pris racine dans toutes les tranches de la société palestinienne. L’acharnement pratiqué contre lui ne fait que le renforcer. Toutes les arrestations et agressions qui avaient été pratiquées contre ses cadres et sympathisants au début des années 90 n’ont fait que renforcer sa popularité.

Toutes ces agressions commises contre les cadres et les institutions du Hamas font partie de l’application de la « feuille de route » qui exige de l’autorité palestinienne de démanteler la résistance palestinienne au profit de l’occupation israélienne. Vu que le mouvement du Hamas est la faction la plus importante et qu’il s’attache aux droits fondamentaux du peuple palestinien la politique américano-sioniste besogne à le mettre hors d’état de nuire en assiégeant la bande de Gaza et en le poursuivant en Cisjordanie.

Un mouvement de résistance

CPI : Le Hamas ne réplique aux agressions qu’il subit en Cisjordanie que verbalement !

Abou Marzouq : Toutes les élections ont approuvé l’ancrage du Hamas en Cisjordanie. Mais le Hamas est très concerné à ne pas s’engager dans un combat interne un tel combat fait partie du plan américano-sioniste. Nous nous voulons résistants et nous le resteront.

A Gaza

CPI : Mais à Gaza le Hamas s’est bien engagé dans un combat interne avant qu’il ne prenne l’affaire de la Bande en main ?

Abou Marzouq : Il ne faut pas lire uniquement la dernière page d’un livre. Dès le premier moment de la constitution du cabinet palestinien par Ismaël Haniyeh le mouvement et ses sympathisants sont devenus l’objet de toutes sortes de conspiration. Et nous n’avons pas d’autres choix que de les mettre en échec surtout après l’arrivée d’une grande quantité d’armes aux conspirateurs et après l’augmentation en nombre d’assassinats et d’agressions contre le peuple de la bande de Gaza. A savoir que toutes ces agitations étaient une sorte d’application du plan de l’Américain Dayton.

En Cisjordanie

CPI : Y aura-t-il un soulèvement en Cisjordanie comme celui de Gaza ?

Abou Marzouq : Nous appelons toujours à un dialogue national total pour mettre fin a tous les problèmes intérieurs de la scène palestinienne tout en contenant nos colères et nos blessures.

Toutefois nous sommes sûrs que notre peuple de la Cisjordanie dont des membres honorables du mouvement du Fatah se soulèvera dans le cas où les agressions continueront contre lui et contre ses institutions des agressions en collaboration avec les forces de l’occupation israélienne.

Fidèles à notre peuple

CPI : Le siège contre Gaza ne vous pousse-t-il pas à des concessions ?

Abou Marzouq : Ce qui se passe à Gaza nous pousse toujours à appeler à un dialogue. Ce sont les autres qui le refusent et qui portent la totale responsabilité de la souffrance de notre peuple de la Bande. Nous sommes prêts à tout faire pour l’unité de notre peuple de notre terre de notre direction.

La popularité

CPI : La popularité du Hamas a-t-elle baissé ?

Abou Marzouq : En tout cas c’est le souhait de l’adversaire de notre peuple. Cependant le Hamas reste le reflet de ses rêves et de ses aspirations. C’est de lui qu’il prend sa force et sa légitimité. Et tant que le Hamas reste fidèle à ses principes sa popularité ne cesse de croître. Par ailleurs notre peuple est assez mûr pour distinguer le bien du mal. Et toutes les agressions le siège le terrorisme entre autres ne font que pousser notre peuple palestinien à s’attacher au choix de la résistance. Et ce qui se passe a Gaza n’est qu’une sanction collective contre notre peuple qui avait choisi le Hamas et qui s’attache à ses droits. Comment voulez-vous alors que la popularité du Hamas baisse ?

La conférence d’automne

CPI : La conférence d’automne serait un festival de relations publiques dit-on ?

Abou Marzouq : En quelques mots cette conférence-là n’a pas pour but de mettre la question palestinienne sur les rails d’une quelconque solution. Ce n’est qu’une tentative pour faire sortir l’administration américaine de son bourbier dans lequel elle est bien piégée tout en sachant que le cabinet ne pourra prendre aucune initiation même à un niveau minimum faute de popularité.

Même en admettant que ladite conférence arrive à quelque chose elle sera balayée par les nouvelles élections américaines. Les négociateurs palestiniens devront tout reprendre depuis le début. Un temps perdu pour eux mais bien profitable pour les Israéliens afin qu’ils continuent partout la colonisation et la judaïsation de la terre palestinienne la construction du mur discriminatoire de séparation…

Un Etat juif

CPI : On dirait que les négociateurs palestiniens ont fait beaucoup de concessions ?

Abou Marzouq : Si on reconnaît que l’Entité sioniste est un pays pour les Juifs ce pays sera responsable de tous les Juifs du monde entier ce qui est une chose qui vient à l’encontre de tous les accords et conventions internationaux. Cette reconnaissance retira des Palestiniens leur droit de résistance pour revenir à leur terre.

La conférence de Damas

CPI : Et la conférence de Damas ?

Abou Marzouq : Cette conférence sera organisée le 7 du mois de novembre en cours dans des conditions très difficiles. Division interne de la scène palestinienne. Siège renforcé contre notre peuple. Agissements américano-sionistes. Faiblesse du système arabe officiel… Cette conférence sera alors une sorte de message envoyé à l’administration américaine à l’occupation israélienne et aux négociateurs palestiniens les informant de l’attachement du peuple palestinien à son unité et aux principes nationaux.

A noter que toutes les couleurs palestiniennes factions organisations syndicats personnalités palestiniennes et arabes y seront présentes.

Chalitt

CPI : Et l’échange de captifs ?

Abou Marzouq : Quant au dossier du soldat israélien enlevé par la résistance palestinienne nous avons préparé une liste de nos captifs dont des enfants à libérer par le gouvernement israélien qui ne montre aucune coopération pour un échange de prisonniers. Mais je suis certain qu’il le fera en fin de compte.

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