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La famille du martyr Al-Amoudi incarne lhistoire de toutes les souffrances causées par loccupation israélienne

mardi 6-février-2007

Gaza – CPI

Avec toutes les familles des Palestiniens captifs et internés dans les prisons de l’occupation israélienne la famille de Salim al-Amoudi habitant du quartier de Ras al-Aine dans la ville de Naplouse vient de célébrer lundi dernier le jour du captif palestinien. Néanmoins cette famille a une particularité. Elle a hérité de génération en génération de toutes sortes de souffrances causées par l’occupation depuis plus d’un demi siècle.

Une longue histoire

L’histoire de cette famille est marquée par une succession d’évènements de grande souffrance. Dès le début de l’occupation israélienne de la ville palestinienne de Naplouse en 1969 sa maison avait la chance d’être la première à être détruite. La maison appartenait en fait au grand-père Hamid qui avait participé à la célèbre opération pratiquée contre la raffinerie de Haïfa. Suite à laquelle le grand-père s’est retrouvé obligé de quitter la Cisjordanie pour aller vivre en Jordanie le restant de sa vie.

Son petit-fils essaie de suivre les fils de l’histoire de son grand-père : « Après l’opération Abou Salim Al-Amoudi a été emprisonné pour une période de trois ans avant qu’il ait pu fuir vers la Jordanie. Sa maison a été démolie et la famille s’est divisée en deux parties ».

Quant au père il a été l’objet d’une dure enquête dans l’établissement d’Al-Khadira. Les Israéliens y ont cassé un de ses orteils. A l’époque le père avait vingt ans. Ils lui ont interdit de quitter les territoires. Durant une quinzaine d’années il n’a pu voir son père. C’est trois jours seulement avant la mort du grand-père que le petit-fils a pu le rencontrer pour la première et pour la dernière fois de leur vie.

Le père a une histoire

L’interdiction de voyage les trois ans d’emprisonnement la mort du père après quinze ans de séparation et la dispersion de la famille ne restent pas les seules souffrances du citoyen palestinien Salim Al-Amoudi le père de Hamid. Au cours de l’été de l’année 2001 alors âgé de cinquante-deux ans le cancer a attaqué sa vessie. C’est en Jordanie qu’il fallait aller se soigner. Néanmoins l’occupant israélien mettait des bâtons dans les roues de son déplacement en essayant de pratiquer sur lui des pressions et de casser son moral. Cinq fois seulement il a pu aller en Jordanie pour suivre son traitement. Chaque voyage était lui-même un supplice à l’aller comme au retour ; il subissait un interrogatoire poussé !

Une fois ayant été très malade il voulait passer le pont sans autorisation préalable. Son état très grave n’a pu faire fléchir les membres de services de renseignements sionistes. Ils l’ont retenu toute une journée pour le retourner enfin vers sa ville de Naplouse dans un pire état.

La dernière fois les autorités de l’occupation israélienne lui ont interdit d’aller en Jordanie en aucun cas. Il a présenté une requête à un tribunal israélien via l’avocate Lia Tsimel et en coordination avec l’avocat Faris Abou Al-Hassan directeur de l’association de Solidarité internationale des droits de l’homme. Les autorités sionistes ont voulu l’autoriser à partir sans le droit de retour avant six mois. Mais il a pu réduire cette durée à deux mois auprès d’un tribunal d’appel. On l’a aussi obligé à leur délivrer les numéros de téléphone de tous les lieux où il serait présent tels que les hôpitaux d’Al-Amel et d’Al-Islami.

Souffrance permanente

Le retour du père d’Al-Amoudi à Naplouse n’était pas plus facile que le départ. En fait pendant son traitement en Jordanie l’état de sa maladie s’est aggravé et est arrivé à un point critique. Il est resté trois jours dans la salle de soin intensif. Les médecins lui ont conseillé d’aller vivre ces derniers jours chez sa famille dans la ville de Naplouse n’ayant plus rien à faire pour lui. Par ailleurs selon le soi-disant « accord préalable » avec les autorités israéliennes il lui restait une semaine pour pouvoir retourner chez lui. Même son état étant si grave les autorités de l’occupation ne lui ont pas permis d’entrer chez lui un jour même avant la fin du fameux accord !

Le dernier crime israélien

Toutes les préparations nécessaires ont été prises pour recevoir le malade Al-Amoudi. En coordination avec la Croissant Rouge Palestinien (CRP) une ambulance équipée l’attendait. Mais les autorités de l’occupation ne voulaient pas lâcher prise. Dès qu’il a dépassé les frontières les soldats israéliens ont obligé sa femme et l’équipe médicale à le quitter. Tous les documents affirmant son état très critique n’ont pas pu les faire fléchir.

Non seulement ils l’ont privé de soin mais en plus ils ont éteint l’appareil de respiration artificielle durant trois heures de 16h à 19h le mardi 6 juillet 2004.

Après l’avoir mis dans cet impossible état les soldats de l’occupation israélienne ont commencé une violente interrogation jusqu’à ce qu’il ait rendu l’âme laissant derrière lui un nouvel épisode de souffrance interminable de la vie d’Al-Amoudi.

Hamed et l’occupation israélienne

Le père Salim Al-Amoudi est parti en laissant derrière lui deux filles et six garçons dont l’aîné Hamid qui porte le prénom de son grand-père et hérite ses souffrances. En effet il a été interpellé ainsi que ses frères Ahmed et Mohammed en 1993 par les Israéliens pour rester dans leurs prisons environ huit mois.

Dans le grand coup de filet contre les sympathisants du mouvement du Hamas à Naplouse pratiqué par les services de renseignements de l’Autorité palestinienne de l’époque Hamid a été emprisonné le 24 janvier 1997 dans la prison de Janid. Après cinq ans d’enfermement et pendant que les forces israéliennes d’occupation se préparaient à envahir des villes palestiniennes il a été relâché.

Mais dès sa sortie de la prison coïncidant avec le déclenchement de l’Intifada d’Al-Aqsa les forces israéliennes d’occupation ont commencé à le poursuivre. Sa maison familiale a été l’objet d’une invasion quasi-quotidienne. Plusieurs fois elles lui ont donné l’assaut en faisant peur à sa femme et en choquant ses deux enfants : Sarah et Salim.

Avant la tombée en martyre de son père les Israéliens lui disaient : « Ta maison est bien grande pour y monter une chapelle ardente pour (ton fils) Hamed ». C’est la nuit du 18 janvier 2005 que les forces de l’occupation ont pu mettre la main sur lui.

En fait à la veille de la grande fête Al-Adha (de la fin du pèlerinage) Hamid est rentré chez lui sans savoir que quelques membres des unités spéciales de l’armée de l’occupation israélienne prenaient position aux alentours de la maison. Un quart d’heure après son entrée les soldats ont commencé à bombarder la maison par des balles réelles et des bombes assourdissantes. Ils ont crié aux habitants de la maison d’en sortir pour entamer une interrogation avec Hamid à l’intérieur même de la maison.

Hamid est resté 115 jours dans le centre d’interrogation de Beitah Takfa. Ces jours-là étaient les plus durs de sa vie. Il a reçu des coups sur la tête et partout dans le corps. Les Israéliens ont essayé sur lui toutes sortes de torture dont Al-Chabah (qui consiste à enchaîner quelqu’un sur une chaise dans une position impossible pour une longue durée).

Après l’interrogation Hamid a été transféré à la prison de Majdo pour y passer un an avant qu’il ne soit condamné par le tribunal militaire de Salem à 75 mois d’incarcération et à une amende de 5000 shekels. Après cette condamnation il a été interné dans la prison d’Al-Naqab.

La famille palestinienne et l’occupation

Les autres membres de la famille d’Al-Amoudi ne sont guère épargnés. En effet ses frères Ahmed et Mohammed ont eux aussi été internés dans les prisons de l’occupation israélienne. Pour huit mois en 1993. Et Ahmed a été encore une fois emprisonné en 2002 pour six mois dans cette fameuse « détention administrative ». Ahmed a aussi été atteint par les éclats d’une balle dans les évènements du Tunnel le 26 septembre 1996. C’est à l’étranger qu’il a subi des opérations chirurgicales pour extraire les éclats.

L’affaire ne s’arrête pas là. Le 22 novembre 2005 le petit frère de Hamid l’étudiant à l’université nationale d’Al-Najah Hamza a été accusé d’être un membre du Groupe Islamique filiale estudiantine du mouvement de la résistance islamique « Hamas » et d’offrir des soutiens logistiques aux recherchés par les Israéliens. Ces derniers l’ont soumis à une interrogation d’une durée de quatre-vingt-dix jours dans la prison d’Al-Jalma. Il a été enfin jugé à 25 mois de prison fermes. Il les purge actuellement dans la même prison d’Al-Naqab où se trouve interné son frère Hamid.

L’histoire de Hamza et son frère Hamid donne un peu de détails sur l’histoire de tous les Palestiniens avec leur occupant israélien. L’histoire d’une maison démolie. D’un père tué sur un barrage militaire. Des frères qui ne se rencontrent qu’entourés par les murs d’une prison de l’occupation israélienne

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