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Deux prisonnières libérées Amani Uways et Hanadi Qandil témoignent

mardi 6-février-2007

Naplouse – Centre Palestinien d’Information
Une cellule obscure des murs glacés un tortionnaire nazi des flammes qui lèchent leurs corps des paroles insultantes qui déchirent leur âme des lumières vives ou feutrées des cris stridents mais parfois un silence de mort effrayant dans les pièces des interrogatoires.
 
Notre souffrance est terrible mais notre espoir demeure car le moment de l’accouchement est toujours douloureux. Entre le froid la faim le saignement de l’âme les deux prisonnières libérées Amani Uways et Hanadi Qandil décrivent leur expérience en prison.
 
Amani Uways (23 ans) dit souriante : « J’ai retrouvé mon amie Hanadi dans la prison. C’était le dernier lieu auquel je m’attendais à la trouver. Nous sommes amies et collègues depuis l’école. Mais je me suis mariée et nous nous sommes perdues de vue. »
Voici l’entretien avec les deux prisonnières sur les conditions de détention la situation des prisonniers et prisonnières dans les prisons de l’occupation sioniste.
 
Quelles sont les raisons de votre arrestation ?
 
Amani : Je suis mariée mon mari est en prison depuis trois ans. Il a une condamnation de deux perpétuités. Il en est de même pour mes beaux-frères le mari de ma soeur qui est condamné à 4 perpétuités et le frère de mon mari. Le petit frère de mon mari il a récemment été condamné à six ans de prison. Ma petite soeur Aya arrêtée par les forces de l’occupation il y a un an est accusée d’appartenance aux Brigades des martyrs d’al-Aqsa d’avoir projeté de mener une opération martyre. Tous ces éléments furent utilisés par l’occupation pour justifier son arrestations. Ils ont voulu en m’arrêtant faire pression sur elle et m’arracher des renseignements sur elle.
 
Hanadi : Pour moi je suis accusée de faire partie des Brigades des martyrs d’al-Aqsa directement. Ils m’ont accusée de fournir de l’aide aux combattants recherchés et de planifier pour mener une opération martyre. J’appartiens moi aussi à une famille de militants. Mon oncle maternel Muhammad Sabbagh est en prison depuis 17 ans et mon oncle maternel Alaa a été assassiné au cours de l’Intifada al-Aqsa mon frère Sayf est condamné à 6 ans mon frère Youssef est condamné à perpétuité même ma mère a été arrêtée au cours de la première intifada. Notre maison a été détruite lors du massacre de Jénine en avril 2002.
 
Comment se sont déroulées les arrestations ?
 
Amani : Les forces de l’occupation ont investi ma maison et celle de ma soeur à trois heures du matin. Elles ont coupé le courant électrique et se sont mises à fouiller la maison. Ils l’ont entièrement dévastée. Les soldats ont réclamé nos identités. Ils ont demandé à mon fils Shadi de leur indiquer qui est sa mère pour qu’ils puissent être sûrs que c’est moi puis m’ont demandé de me vêtir ils ont demandé à mon beau-frère de m’accompagner jusqu’à la prison de Salem et tout au long de la route ils m’insultaient grossièrement.
 
Lorsque nous sommes arrivés ils demandent à beauc-frère de retourner et là j’ai eu peur. A ce moment là j’ai réalisé que je ne retournerai pas à mes enfants et ma maison. J’ai commencé à réciter des versets du Coran pour me donner du courage et de la patience alors qu’ils poursuivaient leurs insultes et leurs humiliations. Je fus installée par terre pendant plus de trois heures au cours desquelles j’étais interdite de me rendre aux toilettes ».
 
Pour Hanadi elle craignait depuis des mois l’arrivée de ce moment. « Lorsqu’ils sont venus cette fois-ci pour me prendre je réalisais que c’était mon tour. Ils ont investi notre maison à 4 heures du matin ils ont réclamé les identités puis ont demandé à mon père de m’accompagner jusqu’à la prison de Salem ».
 
En prison
 
Amani raconte : « ils m’ont fait entrer dans la cellule qui est constituée de deux portes épaisses sa surface est de 1 sur 2 m2 les murs sont très épaix il y a un trou par terre qu’ils présentent comme servant de toilettes et des ventilateurs servant à nous faire encore plus souffrir par l’air glacé qu’ils envoient. Un matelas en plastique sur le sol avec une couverture sale.
 
Puis les insectes les rats sont les visiteurs quotidiens. Pour Amani : « j’étouffais j’avais très peur chaque fois que j’entendais le bruit des pas des soldates qui venaient m’emmener aux interrogatoires. J’ai été frappée humiliée et lorsque je revenais à la cellule c’est un peu une délivrance en comparaison ».
Quant à Hanadi elle se contente de dire : « la cellule c’est vraiment l’enfer je ne supportais plus ses murs son odeur affreuse et chaque fois que je m’en rappelle j’étouffe ».
 
Quelle politique a été suivie par les autorités sionistes contre les prisonniers ?
 
Amani : Etant donné que j’ai été privée de mes enfants j’ai surtout perçu la privation. J’ai été privée de voir sa soeur Aya et tous ceux qu’aime. J’ai été privée ainsi que toutes les prisonnières avec moi de tous nos droits comme le fait de circuler entre les pièces la propreté le repas convenable ».
 
Hanadi dit : « la façon la plus appropriée de les décrire est celle de la politique consistant à diviser pour régner. Nous avons été interdites de nous voir à l’intérieur de la prison nous ne pouvions pas nous réunir nous avons été privées de voir le soleil sauf 2 heures par jour ce qu’ils appelent la promenade et nous étions privées de la promenade même pour les raisons les plus futiles.
 
Quelle est la situation des prisonnières à Telmond et à Ramleh ?
 
Amani parle longuement à ce propos elle dit : La prison de Ramleh est divisée en deux parties séparées chaque cellule fait 15×2 m dans lesquelles les prisonnières sont entassées. Il n’y a aucune condition normale surtout concernant la santé. A cause des mesures répressives contre nous nous faisons régulièrement la grève de la faim pour arracher nos droits. Les prisonnières sont interdites d’embrasser leurs enfants et leurs parents et même de les voir clairement à cause des grilles et des vitres teintées. Amani rapporte que quelques prisonnières sont malades gravement malades et qu’elles ont besoin de soins urgents.
 
Hanadi le sourire moqueur dit : la prison de Telmond est divisé en deux parties et il y a 60 prisonnières dans chacune d’elles. Les pièces sont étroites et surpeuplées nous sommes constamment fouillées et comptées. Chaque fois que nous allons au tribunal nous sommes fouillées à nu par provocation. » Hanadi indique qu’il n’y a aucun moyen de contact entre les prisonnières et leurs parents sauf les lettres qui sont fouillées lues analysées ce qui retarde beaucoup l’arrivée des lettres ».
 
Concernant l’action des associations humanitaires et juridiques et leur rôle dans le soutien aux prisonniers Amani Uways dit regretter que l’action de plusieurs de ces associations n’est pas au niveau demandé et la Croix-Rouge ne fait rien. Pour elle l’Union des comités d’action féminine de Ramallah est la seule institution qui a apporté son soutien aux prisonnières. Hanadi poursuit disant que « la Croix-Rouge nous rend visite tous les six mois » et les autres institutions n’ont pas assez agi en faveur des prisonnières ».
 
Comment voyez-vous l’avenir ?
 
Amani compte poursuivre ses études universitaires tout en construisant l’avenir de ses enfants en renforçant leurs sentiments nationaux. Mais ce qu’elle souhaite surtout c’est de voir la joie des prisonniers lorsqu’ils seront enfin libres.
 
Pour Hanadi le rêve qu’elle caresse surtout c’est celui de voir toutes les prisons du monde démolies et surtout les prisons sionistes lorsque toutes les prisonnières et tous les prisonniers seront enfin libres ».
 
 
Traduit par

Centre d’Information sur la Résistance en Palestine

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