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Le développement des médias de la résistance est l’une des priorités de l’action palestinienne après le retrait de Gaza

mardi 6-février-2007

Naplouse – exclusif CPI

 

La scène palestinienne connaît ces derniers temps des efforts accentués par différents protagonistes afin de développer ses visions et ses stratégies de l’action nationale dans tous les domaines. Ce développement permettra en effet de se maintenir en phase avec les grands changements importants qui se déroulent sur la scène palestinienne à leur tête le retrait de la bande de Gaza.

 

L’action médiatique palestinienne est l’une des priorités du courant national lors de la prochaine étape. Personne n’ignore l’importance des médias dans toutes les sociétés et ses orientations pour appuyer telle cause ou telles revendications.

Il est certain que les médias dans la société palestinienne bénéficient d’une importance cruciale car ils suivent  avec attention l’évènement sur le terrain et ses évolutions. Il est en cohérence  totale avec la résistance du peuple palestinien tout en cumulant toutes ces fonctions. Ce média est connu sous le nom de « média de la résistance ».

 

Les médias palestiniens couvrent tous les évènements de « l’Intifada d’Al Aqsa»

 

En ce qui concerne le rôle des médias palestiniens et leurs accompagnements aux événements d’Intifadat Al Aqsa qui a permit cinq années après son déclenchement l’expulsion des occupants de la bande de Gaza le Dr. Farid Abou Dhahir conférencier à l’institut du journalisme à l’université nationale de Najah et directeur du bureau informatique de l’université a affirmé que « les médias palestiniens suivent les évolutions des évènements sur la scène palestinienne même si par moment  avec un rythme qui ne coïncide pas avec la gravité des évènements. »

 

«  Les médias palestiniens travaillent avec assiduité pour couvrir tous les détails mais la vision officielle domine souvent cette couverture médiatique. Les responsables palestiniens focalisent la couverture médiatique sur certains aspects qui constituent en fait des priorités de l’autorité et non nécessairement une priorité objective et juste de la cause palestinienne. » explique Abou Dhahir.

 

Cette image de la situation proposée par Abou Dhahir peut être remarquée par tous ceux qui suivent les médias palestiniens officiels. On remarque que les médias focalisent surtout sur les réactions de l’évènement au lieu de l’évènement lui-même. Dès qu’une opération martyre est exécutée par exemple l’autorité palestinienne se précipite en annonçant ses déclarations de dénonciation sans même attendre les communiqués des protagonistes de l’opération où sont expliquées les raisons et les causes de l’opération.

 

En effet ces opérations viennent généralement en réponse aux assassinats sionistes ciblés  visant les leaders de la résistance ou en réponse aux agressions criantes et barbares menées par l’armée d’occupation contre le peuple palestinien et ses lieux saints. Par conséquent les médias palestiniens officiels tentent de diminuer de l’intérêt des actes combattants et diminuent donc les chances d’éventuels gains politiques. Ce média officiel déprécie donc l’importance des actes de résistance  et en conséquence ne laisse aucune occasion pour bénéficier politiquement en lui donnant à travers le monde  un aspect d’acte nationaliste et de résistance légale pour la libération résistants pour la libérationqui est garantie par tous les accords et valeurs internationales.

 

A ce même sujet le chercheur Nihad Khanfar explique : « l’autorité palestinienne ne tente pas d’exploiter ses capacités et ses nombreuses possibilités accessibles afin de présenter au monde une résistance palestinienne combattante pour la libération. Cela a eu des effets néfastes sur la cause palestinienne dans son ensemble et a participé à plusieurs reprises à l’association entre la résistance palestinienne et le terrorisme. 

 

En effet si le lecteur suit la couverture médiatique palestinienne officielle concernant les évènements de la résistance il lui est aisé de découvrir le rôle défensif faible adopté par ces médias qui cherchent continuellement à retirer du peuple palestinien la responsabilité de ses  actes résistants. Ils soulignent ainsi avec véhémence que les morts de l’occupation sont des « victimes » au même statut que nos martyrs !! Mais ces médias dépassent toute limite lorsqu’ils adoptent leur programme défaitiste en affirmant que si l’occupant se retire de la bande de Gaza ce serait à cause d’une stratégie et d’un plan « israélien » où la résistance ne joue aucun rôle et clamant que l’arsenal de la résistance contribue à la situation d’anarchie ou enfin en insistant que les bombes et missiles artisanaux de la résistance ne sont que des « tas de ferrailles » qui ne font aucun mal aux occupants. »

 

La vision du camp adverse…

 

D’un autre coté les sionistes considèrent que les médias sont une arme qui peuvent surpasser dans ses effets tout ce que possède et dont est équipée la machine de guerre sioniste. D’après une étude palestinienne préparée à propos de ce rôle par la chercheuse dans les bureaux du ministère de l’information à Naplouse Rima Alwezzi: «  les moyens médiatiques « israéliens » ont excellé dans leur rôle lorsqu’ils ont photographié des colons en train d’évacuer leurs colonies en bande de Gaza se débattant résistant pleurant et brûlant leurs maisons et leurs possessions ; alors que personne n’évoqua la douleur et la souffrance des palestiniens expulsés et expatriés de force de leur territoire. »

                                                    

Les occupants cernent tout à fait l’importance d’une divergence entre les actes résistants et la couverture médiatique qui les accompagnent. Ceci peut être remarqué si l’on observe les différences entre la débandade sioniste du sud Liban en 2000 et la débâcle de la bande de Gaza en 2005. Beaucoup ont en effet rappelé le rôle qu’a joué Almanar pour soutenir le Hezbollah et la résistance islamique : « le Hebollah nous a vaincu par ses médias ». Par contre les services médiatiques officiels palestiniens se limitent sur la dimension humaine présentant le peuple palestinien comme un peuple faible et pacifiste dépourvu de crocs et qu’il n’est capable que de demander l’aide politique internationale et de mendier les aides financières pour réparer ce qu’a détruit l’occupation.

 

Le journaliste Khaled Maaly dit à ce propos : « sans doute les sionistes ont excellé dans l’art de l’information mensongère ils ont ainsi présenté les colons fuyants comme étant les possesseurs légitimes de la terre pleurants et sanglotants versants leurs larmes de crocodiles « comme celui qui tue le mort et participe à ses funérailles ». Alors que de l’autre coté les palestiniens ne possèdent aucun contre discours médiatique intélligent sans pour autant adopter le mensonge ou la falsification mais les médias officiels palestiniens ont aidé à la dévalorisation de la grande réussite nationale lors du retrait de l’ennemi de la bande de Gaza en présentant le retrait comme étant une volonté sioniste dont les palestiniens n’ont aucun rôle. »

 

Le directeur de l’institut de presse et de l’information Al Rouad  Souhel Khalaf dans sa thèse de Master qui discute du rôle du journalisme et des médias palestiniens pendant l’Intifada d’Alaqsa affirme la négligence et le manquement volontaires des medias  officielles palestiniennes afin de pousser la résistance vers l’avant ce qui a laissé des effets très néfastes sur la défense de la cause nationale palestinienne.

 

A ce propos Khalaf affirme : « mon étude an aboutit à une conclusion qui montre que les médias palestiniens officiels ont beaucoup manquer à leur devoir pour servir la cause nationale. Ceci était très clairs du fait de l’absence de la démocratie et de la liberté d’opinion et d’expression au sein de l’institut palestinienne officielle. Chose qui a poussé ces medias  à servir les orientations de la direction de l’autorité et ses positions qui généralement ne sont pas en accord avec les actes résistants et révolutionnaires des palestiniens. Les médias officiels ne se préoccupent souvent que de la dimension humaine de la cause et voila où se trouve la négligence. »

 

Les médias de la résistance

 

Cette position des médias officiels palestiniens a poussé sans le vouloir à la création de ce qu’on appelle « les médias de la résistance ». Le journaliste Khalaf affirme : « beaucoup de factions de la résistance palestinienne se sont rendues compte de l’importance d’une couverture médiatique à leurs manifestations et aux communiqués qu’elles publient. Ces factions ont réalisé de grandes avancés dans ce domaine.

 

Elles sont passées des moyens d’information primitifs tels les communiqués l’écriture sur les murs ou encore les appels à travers les hauts parleurspour arriver à une étape plus avancée avec la distribution des périodiques et sont entrées dans la mondialisation en créant leurs propres sites sur l’Internet. Ces sites sont devenus des références médiatiques officielles qui expliquent les positions et les actes de ces factions. Ceci est une forme plus dévéloppée des moyens de la résistance. ».

 

Le Dr Abou Dhahir même s’il est en accord avec le journaliste Khalaf en ce qui concerne l’avancée considérable effectuée par les factions de la résistance palestinienne au niveau médiatique il souligne néanmoins que les palestiniens n’ont  pas encore réussi à créer des médias qui remplaceraient les médias officiels et qui reflèteraient la situation de la résistance.

 

Il dit à ce propos : « les institutions et organisations palestiniennes ne sont pas parvenues à former un corps médiatique qui appui comme il se doit la résistance. Les polémiques et controverses qui se sont reflétées dans ces médias les ont empêché de jouer leur rôle de la manière dont il se doit. »

 

Abou Dhahir explique cela en disant : « il est clair que la consolidation du concept de résistance et d’affrontement et une réussite pour les médias de la résistance mais les pages de journaux et les écrans de télévision sont pleines aussi de cette vision adverse basée sur les négociations et les solutions pacifistes. La résistance est parvenue à imposer de manière générale sa vision mais en contrepartie la vision des solutions négociées et du refus de la violence ou de ce que l’on appelle « terrorisme » s’est maintenue avec la bénédiction américaine et l’appui arabe et international. »

 

Stratégie

 

Ainsi le problème des priorités et celui des divergences de vision au sein des différents acteurs de la société palestinienne restent d’actualité ces problèmes empêchent une réelle efficacité du soutien médiatique pour la résistance faute d’un accord sur une stratégie médiatique commune.

 

Le Dr Abou Dhahir explique en effet : «  je ne pense pas que les factions de la résistance élaborent des stratégies médiatiques même s’il existe des visions médiatiques basées sur des positions de principe. De manière générale on peut souligner l’existence d’un problème de planification médiatique et l’élaboration de stratégies au niveau palestinien ainsi qu’à l’échelle arabe et musulmane plus particulièrement.

La planification est absente hormis au sein des cercles officiels des organisations humanitaires et associations financées qui travaillent dans le cadre des plans en commun avec les pays européens et les Nations Unies ».

 

Le journaliste Khalaf ajoute aux propos du Dr Abou Dhahir : « s’il n’existe pas de stratégie militaire commune à l’intérieur d’une même faction comment pouvons nous alors espérer un accord entre les factions et les forces palestiniennes sur une stratégie médiatique commune qui soutiendrait les actes de la résistance palestinienne. Nous retomberons sans doute dans les difficultés de l’action nationale et combattante tiraillée entre l’intérêt absolu d’une organisation unie et les échanges d’accusations entre chaque faction sur le degré de nationalisme de chacun. »

 

Les priorités

 

Malgré la couverture médiatique insuffisante de la débâcle sioniste de Gaza que ce soit de la part des médias mondiaux arabes musulmans ou même palestiniens une couverture qui n’était pas absolument à la hauteur de l’importance de cet évènement.De nombreux observateurs des politiques médiatiques assurent que c’est une expérience utile pour les palestiniens dont ils doivent profiter afin de mettre en place des stratégies médiatiques à l’avenir en fonction des intérêts nationaux.

 

Autour de ce point le Dr Abou Dhahir affirme : « la priorité selon moi c’est focaliser sur les principes et les objectifs communs entre les forces palestiniennes et  mettre donc de l’ordre dans la situation  palestinienne interne .

 

Il est important que les forces palestiniennes arrivent à un objectif primordial : parvenir à un accord sur les meilleurs moyens pour réaliser leurs objectifs faute de quoi les désaccords vont apparaître et notre cause n’avancera plus d’un seul pas. Evidemment il est du devoir des médias palestiniens d’analyser les positions « israéliennes » et mondiales et les présenter de la manière qu’il se doit. »

 

Quand à l’écrivain journalistique Khaled Maaly évoquant les priorités des médias de la résistance après le retrait de Gaza il affirme : « nous devons observer profondément le monde autour de nous et nous pouvons le diviser en quatre cercles :

 

le premier c’est celui de la Palestine et son peuple à ce niveau le discours médiatique doit se focaliser sur la volonté de dépasser les obstacles de la prochaine étape minée il faut démanteler ces « mines » l’une après l’autre et trouver les solutions pour dépasser ces obstacles loin de toute attitude fougueuse et de toute individualisation de la décision dans le camp palestinien. Il faut pour cela injecter une considérable somme d’argent pour les médias et les cadres professionnels et connaisseurs dans ce domaine.

 

Le second cercle quant à lui inclut le monde arabe dont le discours médiatique doit appuyer consolider et développer le soutien arabe à la cause palestinienne. Le discours médiatique doit le plus possible participer à la bataille contre l’ennemi en combattant la « normalisation » et ses fidèles qui tentent de la marchander.

 

Le troisième cercle est le monde musulman: les médias palestiniens doivent souligner la sainteté de la première des deux « Qiblah » (la mosquée Alaqsa) afin de redonner à la cause palestinienne sa place centrale chez la Communauté musulmane mondiale.

Ce qui se traduira par une participation effective de notre Communauté dans la bataille autant au niveau matériel logistique et moral que dans tous les autres domaines. En effet il est inconcevable qu’un milliard et demi de musulmans restent bras croisés loin de l’action comme s’il s’agissait d’un match de football. A ce niveau là il est nécessaire d’exploiter l’Internet qui permet de parvenir partout au monde musulman. 

 

Le Quatrième cercle et le plus important est celui du monde occidental et américain en effet plus de 60% des européens considèrent qu’ « Israël » est la source des problèmes internationaux. Pour cela il faut que notre discours à leur égard tende à augmenter cette proportion et ceci en mobilisant tous les moyens médiatiques pour dévoiler et exhiber le terrorisme sioniste surtout à propos des questions qui mobilisent le monde occidental comme l’affaire du Mur qui n’a pas encore été suffisamment exploitée ou encore la spoliation des terres pour la colonisation le pillage des ressources en eau la violation des droits de l’Homme et des droits des prisonniers et j’en passe.

 

Or cette proportion d’européens ne pourra être augmentée qu’avec un accroissement du nombre des médias parlant l’anglais ces médias doivent entièrement saisir la mentalité occidentale. Ils doivent mettre en valeur le droit international qui permet de résister face à l’occupant ils doivent souligner le fait que la résistance c’est de l’autodéfense et non du « terrorisme » et qu’il est du droit des peuples occupés de résister à l’occupant par tous les moyens et  les manières possibles. »


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