Mon 1-July-2024

Paris accueille le musée de la Palestine en exil

mardi 13-mars-2018

Une exposition à l’Institut du monde arabe présente les dons solidaires d’artistes à ce projet de musée d’art contemporain lancé en 2015.
Reconnu par l’ONU depuis 2012 l’État palestinien n’a pas de territoire libre mais il possède déjà deux musées. L’un consacré à son histoire a été ouvert en 2016 à Bir Zeit près de Ramallah. Le ¬deuxième est un musée d’art moderne et contemporain en exil créé en 2015 par l’écrivain Elias Sanbar ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco. Sa collection constituée uniquement d’œuvres données par des artistes est actuellement exposée à l’Institut du monde arabe.
L’artiste Ernest Pignon-Ernest est à l’origine de ce projet. En 2009 invité par le centre culturel français de Ramallah il avait placardé des portraits dessinés du poète Mahmoud Darwich tout juste décédé sur les ruines de son village natal Birwe en Israël et dans des sites de Cisjordanie. « J’ai découvert le caractère insupportable de l’occupation les contrôles les humiliations permanentes et l’absence de perspective pour les jeunes Palestiniens qui n’ont jamais vu la mer à une heure de chez eux » témoigne-t-il.
D’où son désir de créer un musée en solidarité avec ce peuple sur le modèle du musée anti-apartheid qu’il avait lancé dans les années 1980 avec Antonio Saura et Jacques Derrida. « À l’époque nous avions promis que la collection appartiendrait au premier gouvernement démocratique d’Afrique du Sud. Après avoir tourné dans 48 pays et reçu de très nombreux dons d’artistes cette collection a pu être remise à Nelson Mandela. Elle est aujourd’hui au Parlement sud-africain au Cap » raconte Ernest Pignon-Ernest.
Un autre musée en exil dédié à Salvador Allende créé après le coup d’État au Chili trône désormais dans les anciens locaux de la police politique. « C’est dire combien de tels musées peuvent être signes d’espoir » rapporte Jack Lang président de l’Institut du monde arabe qui s’est engagé à conserver et exposer régulièrement la collection du musée d’art moderne et contemporain en Palestine… Ainsi en 2017 une exposition a dévoilé les premiers cadeaux d’artistes de la Figuration libre (Boisrond di Rosa Télémaque) de la bande dessinée (Tardi Bilal) ou d’autres. Aujourd’hui une cinquantaine de nouveaux dons forcément inégaux sont exposés dont des peintures de Supports-Surfaces signées Cane Dolla ou Viallat de belles photographies de Marc Trivier ou Laurence Demaison mais aussi des calligraphies de Rachid Koraïchi ainsi qu’un saisissant portrait défiguré au goudron et au henné de Hani Zurob Palestinien de Gaza… « Nous aimerions faire tourner cette collection à l’étranger pour susciter d’autres dons y compris d’artistes israéliens. Notre but est de faire de ce musée un lieu de réconciliation » assure Elias Sanbar.
Déjà des contacts « fructueux » ont été noués avec des architectes pour construire le futur musée à Jérusalem-Est sur un terrain de 5 000 m2. « Le peuple palestinien même si son quotidien est un cauchemar a droit à l’art et à la beauté. Et nous avons la conviction qu’un jour il disposera d’une terre souveraine » affirme Elias Sanbar.

www.la-croix.com

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