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Un sourire tragique

dimanche 10-janvier-2010

 
Nidal est accroupi devant la porte d’entrée nous regarde et nous sourit les yeux brillants tandis que nous passons. Les yeux brillants un grand sourire et c’est tout. Rien ne me frappe comme étant vraiment inhabituel dans ce gamin de dix ans qui ne se lève pas pour nous saluer comme le font la plupart des enfants. Peut-être est-il préoccupé par ses pensées un jouet qu’il ne trouve pas. Peut-être est-il fatigué. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard alors que nous revenons de la maison bombardée que je remarque qu’il est toujours accroupi dans la même position recroquevillée toujours calme.

Il nous voit et à nouveau nous lance un grand sourire. Irrésistible.

« Il ne parle pas » dit son grand-père Saleh Abu Leila. « Et il ne marche pas normalement. En fait son esprit est absent » dit-il résumant l’état de Nidal depuis la guerre sur Gaza.

Abu Nidal continue. « J’ai cinq gamins. Dieu merci seul Nidal a été affecté. »

Il fait référence aux jours des bombardements israéliens les plus lourds dans leur région : Attatra au nord ouest de Gaza l’une des régions les plus durement touchées de la Bande.

Beaucoup des plus grandes tragédies qui se sont déroulées pendant les 23 jours des massacres israéliens à Gaza eurent lieu à Attatra où les ambulances ont été empêchées d’atteindre les blessés visées par les tirs israéliens (et plusieurs secouristes ont été blessés ou tués) et où la pluie de phosphore blanc a brulé tué et choqué des enfants des femmes des hommes des vieux.

La maison d’Abu Nidal fait partie de celles qui ont été touchées.

L’étage supérieur où vivait la famille Abu Leila a été ravagé par le phosphore blanc et déstabilisé par les bombardements. Les snipers israéliens ont troué tous les murs la pluie coule par les fissures du plafond rendant la maison inhabitable. Depuis la guerre israélienne sur Gaza les Abu Saleh vivent dans des tentes leur deuxième hiver sur le sable.

« Quand les Israéliens ont bombardé notre maison il y avait aussi d’importants tirs d’obus de char dans le secteur des chars israéliens partout. Tellement de bruit de danger. Nidal n’a pas pu le supporter. »

Avant la guerre d’Israël Nidal était un jeune garçon normal courant aussi espiègle que les autres. On le voit dans son sourire.
Aujourd’hui il marche d’un pas chancelant s’affaisse quand il est assis et ne semble se concentrer que lorsque son père l’y encourage.

« Nous l’avons emmené voir les médecins à Gaza mais ils disent qu’ils ne peuvent pas le soigner ici. Il a besoin d’aide à l’extérieur » dit Abu Nidal. « Pouvez-vous faire quelque chose ? »

Combien de parents posent-ils cette question ? La mère de Yasmin est de ceux-là. Après qu’elle ait vu sa sœur tuée par un tir l’esprit de Yasmin s’est brisé. Elle reçoit quelque thérapie de temps en temps mais sa santé mentale est tragiquement altérée.
L’article « La grande majorité des enfants de Gaza souffrent de syndrome post-traumatique » dit :

« L’étude la plus récente « Traumatisme deuil et syndrome post-traumatique des enfants palestiniens victimes de la guerre contre Gaza » diffusé par le Programme de Santé Mentale Communautaire de Gaza révèle qu’en conséquence de l’attaque de cet hiver à Gaza le chiffre incroyable de 91.4% des enfants de Gaza montrent des symptômes de SPT allant de modérés à très graves. Seul 1% des enfants ne montrent aucun signe de SPT. »

« J’étais agriculteur je cultivais des fraises » dit Abu Nidal. « Mais maintenant je n’ai plus de travail. »

L’exportation des fraises a cessé depuis que le siège israélien sur Gaza s’est intensifié en juin 2007. Bien que le fruit soit succulent et abondant à Gaza sans marché extérieur il est vendu pour une somme si dérisoire que cela ne vaut pas la peine de le cultiver.

La maison – une des 20.000 qui ont été complètement ou partiellement détruites pendant le massacre – est proche d’une des 36 écoles des Nations-Unies endommagées celle-ci à moitié démolie par le missile israélien qui a traversé le toit.

Aisha Ghronaim une voisine âgée se traîne et explique que ses jambes sont pratiquement inertes. Elle est vieille et les années ont laissé leurs traces. Mais c’est à cause de ses pauvres jambes qu’elle a failli périr dans les attaques israéliennes quand son appartement d’une pièce a été bombardé. « Nous étions neuf dans cette pièce. J’ai dû me traîner dehors. Quand les soldats israéliens nous ont vus ils m’ont emmenée moi et un de mes petits-fils il a 11 ans. »

Ghronaim raconte que les soldats israéliens l’ont détenue pendant trois jours avec beaucoup d’autres de la région leur reprochant de ne pas avoir quitté leurs maisons lorsque les avions de guerre israéliens ont largué des tracts disant aux résidents de partir. « Où aurais-je pu aller ? » est le sentiment exprimé le plus souvent.

Pendant le massacre au nord de Gaza et dans certains quartiers de Gaza-ville j’ai vu des files de nouveaux réfugiés arrivant de l’ouest d’autres venant de l’est du nord du sud… tous tentant d’échapper aux très réels dangers des bombardements israéliens des tirs des chars des bombardements des Apaches…

« Ils ne nous ont donné ni à manger ni à boire pendant ces trois jours » se souvient Ghronaim.

C’est un témoignage repris dans toute la Bande de Gaza les mêmes détentions et refus de nourriture de soins médicaux et des besoins de base pendant l’invasion israélienne en dépit des obligations d’Israël selon le droit international.

Nous quittons la zone Nidal nous regarde et nous sourit de son sourire merveilleusement inconscient Abu et Umm Nidal implorent de leurs yeux et de leurs bouches un peu d’aide.

PS. Si vous souhaitez aider Nidal à trouver un traitement qui pourrait restaurer sa capacité à parler et à marcher et lui donner une chance dans une situation scandaleusement injuste mettez-vous en contact avec moi par l’intermédiaire d’ISM-France : [email protected]

 
Source : In Gaza
Traduction : MR pour ISM

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