Fri 20-September-2024

Exil et souffrance

mercredi 9-décembre-2009


Palestine. Le plan de partage de la Palestine était aussi le début d’un exode forcé des Palestiniens. Quatre générations ont vécu dans l’exil pour la première fois dans l’Histoire.

Exil et souffrance

 

 

« Nous devons tout faire pour qu’ils (les réfugiés palestiniens) ne reviennent jamais » dit Ben Gourion qui a été à l’époque président de l’Agence juive. Instaurer un climat de panique pour provoquer le départ spontané de la population arabe tel était le plan mis par les Israéliens voire la première conséquence le lendemain du plan de partage en 1947. Et ce pour se doter de plus de surfaces des terrains palestiniens. C’est Gourion qui a aussi dit : « La Haganah fit bien son Travail … Les Arabes ont commencé à s’enfuir des villes presque dès le début des désordres dans les premiers jours de décembre 1947 … A mesure que les combats s’étendaient bédouins et fellahs se joignirent à l’exode … ».

Le drame des réfugiés est né cette année puis a pris forme après la déclaration de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. Une spirale de la violence prendra le pas et les combats se propageront entre la Haganah juive et les Palestiniens. L’escalade de la violence va donner la chance aux juifs qui craignent un renversement du rapport de forces de passer à l’étape suivante à savoir le début des expulsions. Yohanan Retner et Fritz Eisenstadt deux figures de la Haganah appellent à « une défense agressive » qui voulait dire : « pour chaque attaque arabe nous devons être prêts à répondre de manière décisive par la destruction des lieux ou par l’expulsion des habitants et en prenant leur place ». Dès février 1948 la Haganah met en place des plans de destructions organisés selon d’ailleurs un schéma établi dans le plan Dalet qui prévoit l’encerclement la destruction et enfin l’occupation des villages arabes. La ville de Césarée sera la première dont l’attaque sera ainsi planifiée et organisée. La deuxième manière de procéder fut celle des massacres dont le plus connu demeure celui de Deir Yassin « où l’on massacra toute la population d’un village. De nombreux autres massacres ont été perpétrés en 1948. 200 villages palestiniens ont aussi été attaqués et pris par les forces sionistes. Une déclaration de Menahem Begin aux Etats-Unis en été 1948 montrait bien cette atrocité. « Nous avons frappé avec force et mis la terreur dans le cœur des Arabes. Ainsi nous avons accompli l’expulsion de la population arabe des régions assignées à l’Etat juif ».

Pour les sionistes il fallait médiatiser ces attaques pour augmenter la terreur chez les Palestiniens et fuir avant d’être victimes à leur tour de cette violence et de ces expulsions.

Des lois pour l’expulsion

En juillet 1948 Israël a posé une loi sur les « propriétés abandonnées » qui l’autorise à confisquer les biens des expulsés. 750 000 habitants de Palestine furent expulsés durant cette période.

De nombreux rapports font état de l’usurpation du pillage et de la destruction de villages entiers sans aucune raison militaire apparente. Le comte Bernadotte observateur de l’Onu de ce conflit a affirmé : « Ce serait une violation des principes de justice les plus élémentaires si les victimes innocentes du conflit se voyaient refuser le droit de retourner dans leurs foyers alors que les immigrants juifs affluent et ferment ainsi la porte au retour des réfugiés arabes dans les terres qu’ils possédaient depuis des siècles ». Le lendemain de la présentation de son rapport le 16 septembre 1948 le comte Bernadotte est assassiné par les sionistes du groupe Stern.

Fin 1948 l’Assemblée générale adopte sa résolution 194 stipulant « que les réfugiés souhaitant retourner dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins pourraient être autorisés à le faire à une date aussi rapprochée que possible et que ceux qui décideraient de ne pas rentrer devraient être indemnisés de leurs biens ». Un retour qui n’a jamais vu le jour. Des réfugiés ont essayé de revenir dans leur pays à travers les frontières. L’Etat d’Israël cependant les expulsait à nouveau.

L’Unrwa une institution est alors créée pour leur porter assistance en 1949. Elle se contente pourtant d’assurer le maintien de l’aide alimentaire aux réfugiés ainsi que la scolarisation et l’encadrement médical. Elle sert de substitut à une nationalité palestinienne non-existante.

En 1954 une loi a été promulguée aussi par Israël prévoyant des sanctions sévères contre les « infiltrés » pour désigner les réfugiés et pour leur réexpulsion alors que le droit au retour a été confirmé plus de 110 fois par les Nations-Unies. Celle-ci a concentré toujours ses efforts à faire miroiter aux Palestiniens et à chaque étape du conflit l’éventualité de résoudre la question des frontières et donc la création d’un Etat palestinien indépendant mais sans jamais intégrer la question du retour dans un « plan de règlement ».

Les accords d’Oslo illustrent parfaitement cette démarche la question du retour des réfugiés étant différée à des « négociations finales » c’est-à-dire des négociations hypothétiques car complètement absorbée par les autres questions : Jérusalem et les frontières.

La guerre de 1967 amènera un supplément de 300 000 réfugiés avec l’expansion territoriale israélienne sur la Cisjordanie Gaza mais aussi par la suite le Sud-Liban et le Golan en Syrie. Les camps de réfugiés montés dans la hâte de la catastrophe ou la Nakba en arabe sont faits des tentes en tissus qui seront petit à petit remplacées par des maisons en tôles puis des maisons en dur créant de véritables structures de villages au sein de chaque camp. Ces camps sont considérés comme le lieu de transmission de la mémoire et des traditions. Aujourd’hui ces camps dispersés dans divers pays arabes : la Jordanie le Liban la Syrie l’Iraq un trait commun les regroupe toujours et on peut le décrire en deux mots : l’exil et la souffrance. Selon le HCR « les Palestiniens ont été déplacés plus longtemps que n’importe quel autre groupe réfugié de taille comparable ».

Les 750 000 réfugiés de 1948 sont devenus cinq millions aujourd’hui et enregistre quatre générations de réfugiés un cas unique dans l’Histoire.

Aliaa Al-Korachi

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