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Après son arrestation par les forces israéliennes un habitant de Nilin raconte ce quil a vécu

mercredi 10-septembre-2008

Le samedi 31 août 2008 Ibrahim de Ni’lin a été stoppé à un checkpoint israélien alors qu’il partait travailler et n’a pu continuer parce que son permis de travail qui l’autorise à entrer en Israël lui avait été retiré. C’était son premier jour de travail après 15 jours passés dans une prison israélienne où il a vécu l’isolement et l’interrogatoire quotidien. Il était accusé d’encadrer les gamins dans leur résistance contre la construction du mur d’apartheid à Ni’lin. Comme il ne répondait pas aux questions le Shabak lui a confisqué son permis de travail pour « manque de coopération ».

Après 15 jours dans une cellule sombre et des interrogatoires jusqu’à 4 fois par jour la seule pause dans cette obscurité fut lorsqu’Ibrahim a été emmené de la prison Maskubia au tribunal.

Il n’a pu se défendre que pendant les cinq dernières minutes de l’audience de son affaire. Il a parlé au juge en hébreu lui a dit l’importance qu’a pour lui et sa famille la terre que le mur d’apartheid lui vole. Il a raconté comment ses deux petits jumeaux lui demandent pourquoi tout d’un coup ils ne peuvent plus aller pique-niquer dans l’oliveraie familiale et a demandé au juge ce qu’il devait répondre la prochaine fois que ses enfants reviendraient sur cette question. Il a dit l’importance pour ses enfants d’avoir cet espace libre pour passer du temps dehors sans crainte.

Sa famille a toujours la clé de sa maison à Jaffa et il avait l’habitude d’emmener ses enfants à la mer il y a 10 ans avant qu’Israël ne les prive de leur liberté de mouvement et les empêche d’y aller. Il leur a dit que la seule nature qu’il pouvait offrir à ses enfants était l’oliveraie qu’on est en train de leur enlever.

Il a été accusé d’encadrer les jeunes garçons qui arachaient les barbelés des terres de leurs familles et combattaient l’armée israélienne lourdement armée en jetant des pierres sur les jeeps lorsque les soldats venaient arrêter des villageois innocents la nuit.

Dès le premier interrogatoire il leur avait dit qu’il ne faisait pas partie du groupe de jeunes et qu’à 42 ans et comme membre du Comité populaire de Ni’lin il n’avait pas connaissance des noms de ces garçons.

Ibrahim a été arrêté chez lui à 2h du matin le 14 août. La police des frontières l’a emmené au poste de police de la colonie voisine où ils l’ont laissé dehors les mains liées et les yeux bandés jusqu’à 10h du matin. Pendant les 8 heures où il est resté devant le poste de police les policiers lui ont ordonné de rester assis dans une position pénible le dos courbé. Ils lui ont dit qu’ils le frapperaient s’il s’étirait.

Après les 8 premières heures dans la nuit froide et le matin au soleil brûlant Ibrahim a été mis dans une jeep avec toujours le même ordre de se tenir courbé en avant pendant deux heures sur les routes cahoteuses jusqu’à la prison Maskubia.

La cellule dans laquelle Ibrahim a été enfermée était petite et sans lumière. Il ne savait pas si c’était le jour ou la nuit et lorsqu’il a demandé à ses gardiens ils ont refusé de lui parler ou se sont moqués de lui. Il a perdu la notion du temps les interrogatoires étant aussi monotones que la cellule sombre avec les mêmes questions répétées encore et encore : « Quels sont les noms des garçons ? Comment vous organisez-vous avec eux ? ».

Lors d’un interrogatoire 3 enquêteurs s’assirent sur des chaises autour d’Ibrahim deux d’entre eux appuyant les semelles de leurs bottes sur chaque côté de son visage et le troisième de face. Lors d’autres interrogatoires les soldats lui ont fortement pincé les aisselles et l’ont accusé d’acheter les enfants avec des glaces et de l’eau.

Ibrahim n’a donné aucune information au Shabak et c’est pourquoi ils lui ont retiré son permis d’aller travailler en Israël. Il a du coup perdu son travail la seule source de revenus de la famille de 10 personnes sur des accusations fausses. Des accusations basées sur aucune preuve faites pour punir et effrayer un père attentif et sa famille toute entière.

Le fils aîné d’Ibrahim vient juste de commencer des études d’ingénieur à l’université et son autre fils doit démarrer l’université dans les deux prochaines années ; des enfants brillants dont l’avenir est menacé par l’occupation qui vole leur liberté et même leurs chances de construire une société basée sur le savoir. Ibrahim doit maintenant emprunter de l’argent à sa famille et à ses amis pour nourrir sa famille mais il est fier de sa décision de n’avoir dénoncer personne pour échapper aux suites dures qui suivraient son arrestation.

Il essaiera d’emprunter de l’argent pour l’éducation de ses autres enfants s’il ne peut pas retrouver du travail.

Il est connu comme un homme qui a beaucoup d’amis et il ne croit ni n’accepte aucun conflit de parties politiques. Ibrahim croit qu’une des manières les plus fortes de résister à l’occupation est de rester unis peu importe la position politique ou religieuse des Palestiniens.

 

       Source : Palsolidarity      
       Traduction : MR pour ISM

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