Ottawa – Agences
Un certain nombre de cinéastes, d’artistes et de militants antisionistes ont brièvement boycotté la première de Bliss au 49e Festival international du film de Toronto. Dans leur déclaration, les manifestants ont souligné le lien du film avec l’entité sioniste.
Le film, connu en hébreu sous le nom de Hemda, est le seul film israélien figurant sur la liste du Festival du film de Toronto de cette année, qui est le plus grand festival de cinéma d’Amérique du Nord. Le film a été choisi pour figurer dans la liste des films participant à la compétition officielle du festival, et ses événements tournent autour d’un couple de personnes âgées vivant dans le nord d’Israël, confronté aux difficultés quotidiennes de la vie familiale.
Les militants estiment que le film viole les directives du mouvement international de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël. Selon les manifestants, et selon ce qui a été indiqué dans la publicité promotionnelle du film, l’œuvre a été financée par des institutions et des entreprises israéliennes, notamment le Conseil israélien du film, qui oblige tous les cinéastes bénéficiant d’un financement à s’engager à s’abstenir de soumettre toute œuvre qui est offensant pour l’État ou ses forces armées. Il est également financé par le ministère israélien des Sports et de la Culture, qui exige que les artistes prêtent allégeance au sionisme et promeuvent une image publique positive de leur pays lorsqu’ils exposent leurs œuvres à l’étranger.
Quant à la société de télévision par satellite israélienne qui a supervisé la production du film, elle est répertoriée dans la base de données des Nations Unies comme opérant dans les colonies occupées de Cisjordanie, ce qui n’est pas légal au regard du droit international.
Divers groupes ont participé à ce boycott, notamment « Juifs contre le génocide », « Artistes contre le lavage de l’art » et « Écrivains contre la guerre contre Gaza ».
Selon le communiqué publié sur les réseaux sociaux, les manifestants cherchent à attirer l’attention sur les attaques israéliennes en cours dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée, qui ont jusqu’à présent coûté la vie à plus de quarante et un mille Palestiniens.
La manifestation a commencé alors que l’un des organisateurs du festival présentait le film au Scotiabank Theatre, dans le centre-ville, et a été interrompue par des militants qui sont montés sur scène en scandant « Palestine libre ».
Les manifestants ont brandi des banderoles dénonçant l’agression contre la bande de Gaza et la participation israélienne au festival, et un état de chaos a régné parmi le public suite à ces mouvements.
Des images qui circulent montrent un membre de la foule essayant d’arracher des banderoles des mains des manifestants tout en scandant : « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre », tandis que d’autres membres de la foule criaient aux manifestants : « Rentrez chez vous ». ! »
La manifestation s’est poursuivie sur le lieu de projection du film pendant quelques minutes avant que la sécurité n’intervienne pour contrôler la situation et expulser les manifestants. À l’extérieur du bâtiment, des manifestants ont organisé une manifestation dans laquelle ils ont accusé le Festival international du film de Toronto de complicité.
La documentariste palestino-canadienne Cyrine Hosni, qui a participé au sit-in à l’extérieur du bâtiment, a commenté sur son compte Instagram que la décision de l’administration du festival de projeter un film financé par l’État d’occupation israélien pendant l’agression en cours contre la bande de Gaza véhicule un « un message hostile et politique » adressé aux membres de la société palestinienne.
Hosni a ajouté : « Il semble que le festival soutienne ce racisme contre nous, qui ajoute encore plus de souffrance aux Palestiniens », critiquant la déclaration publiée par la direction du festival de Toronto, dans laquelle elle appelle à la paix, à un cessez-le-feu immédiat, à la fin du conflit, à la fin des souffrances des civils palestiniens et au retour des prisonniers israéliens.
Hosni a souligné que la déclaration évite clairement de décrire l’agression israélienne comme un génocide, une description déclarée par la Cour internationale de Justice et de nombreuses organisations humanitaires, juridiques et internationales. Cette déclaration montre clairement, dit Hosni, que l’administration du festival « ne reconnaît pas l’existence de ce génocide et que, par conséquent, le gouvernement canadien n’assume aucune obligation morale ou légale ».
Hosni estime que soutenir l’appel au boycott, au désinvestissement et à l’imposition de sanctions contre Israël n’est pas un devoir moral pour les seuls cinéastes, mais c’est aussi un devoir moral pour tous les Canadiens.
Il est à noter que le Festival international du film de Toronto projetait habituellement quatre ou cinq films israéliens, mais ce nombre a commencé à diminuer ces dernières années, et la participation israélienne cette année est la plus faible depuis des années. Les cinéastes israéliens se plaignent de la diminution du nombre de participations israéliennes aux grands festivals de films internationaux et attribuent ce problème à la guerre israélienne contre Gaza et au mouvement de boycott culturel de l’entité sioniste.
Depuis le 7 octobre 2023, les festivals de cinéma sont devenus une plateforme supplémentaire d’expression politique, notamment pour les artistes et cinéastes solidaires des Palestiniens de la bande de Gaza. En lien avec la Mostra de Venise, un groupe de cinéastes a envoyé une lettre ouverte à l’administration du festival, exprimant son refus de voir des films israéliens participer à l’événement, à la lumière des circonstances actuelles dans la bande de Gaza et des massacres incessants contre les civils.