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Jérusalem: La colonisation israélienne menace un village palestinien témoin de l’histoire

jeudi 16-novembre-2017

Près de la maison en ruines de son enfance Yacoub Odeh craint que la colonisation israélienne oblitère ou défigure à jamais le vieux village palestinien de Lifta où il a grandi.
« Je veux revenir chez moi dans ma maison dans mon village sur ma terre » a expliqué ce Palestinien âgé de 77 ans.
Lifta village palestinien annexé désormais à la municipalité d’occupation israélienne de Jérusalem occupée.
Les défenseurs du lieu le décrivent comme un exemple unique et largement intact de village palestinien traditionnel avec ses dizaines de maisons arabes en pierre à flanc de colline dans un cadre bucolique à l’entrée de la partie occidentale de Jérusalem occupée.
Mais Lifta est aujourd’hui menacé par un projet de colonisation israélienne y compris de villas et de commerces.
Déserté par les gangs sionistes en 1948 Lifta à la différence de tant d’autres villages palestiniens n’a jamais retrouvé de seconde vie ni n’a été démoli disent ses défenseurs. Il a ainsi conservé ses bâtisses anciennes à une entrée voûtée les vestiges de son système de pressoirs de sa mosquée et de ses terrasses.
Une piscine naturelle dans le centre du village continue à servir à la baignade par les chaudes journées estivales. Amandiers figuiers et oliviers parsèment les collines environnantes.
Lifta figure sur une liste indicative de candidats à l’enregistrement au patrimoine mondial de l’Unesco. L’organisation World Monuments Fund (Fonds des monuments mondiaux) l’a inscrit sur sa liste de sites menacés.
Des villas un hôtel
Les Palestiniens comme Yacoub Odeh qui ont été chassés de leurs maisons en 1948 par les féroces gangs sionistes espèrent récupérer leurs terres un jour.
D’autres veulent perpétuer avec Lifta le souvenir des épreuves endurées par les Palestiniens.
Pour les Israéliens membres de la coalition « Sauvons Lifta » le village doit être préservé comme un site unique.
« C’est le plus bel endroit du monde » a estimé Yoni Yochanan 57 ans dont ses parents se sont installés à Lifta en 1951 après leur arrivée en provenance du Kurdistan.
Face aux résistances une commission de la municipalité israélienne de Jérusalem a reporté en août l’examen du dossier dont la dernière version en date prévoit 212 villas avec un espace commercial et un hôtel indique l’architecte Shmuel Groag membre de « Sauvons Lifta ».
Mais les autorités d’occupation israéliennes qui forment de longue date des projets de développement (Colonisation) à Lifta ne baissent pas les bras. L’organisme public chargé d’administrer les terrains compte lancer la commercialisation dans les mois à venir selon une porte-parole.
L’histoire de Lifta remonterait au moins au 13e siècle avant l’ère commune note Dafna Golan membre de « Sauvons Lifta ».
« Je dirais que c’est un témoignage figé dans le temps de la destruction des villages » de 1948 note l’architecte Shmuel Groag.
C’est pourquoi le village agace autant les autorités qui « ne veulent pas que cela devienne une sorte de monument officieux à la mémoire des villages détruits » explique-t-il.
Des centaines de milliers de Palestiniens dont les habitants de Lifta avaient alors fui leurs villages. Les Palestiniens appellent la création d’ »Israël » la Nakba ou catastrophe.
Après 1948 les autorités israéliennes ont favorisé l’installation à Lifta de juifs venus de régions comme le Kurdistan ou le Yémen.
Yacoub Odeh montre les anciens fours où sa mère faisait cuire le pain. Il suit le chemin qui menait à la maison familiale. « Je suis content de venir voir ma maison (…) de respirer la terre » confie-t-il. « Mais en même temps je suis triste de ne pas pouvoir rester. »

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