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La boucherie humaine de Dir Yassin… Des souvenirs d’une blessure malgré les décennies

mercredi 9-avril-2014

« J’ai visité le village en 1974 pour la première fois après le massacre J’y ai vu ma vie et ma famille… Mon père mon fils et ma mère… malgré le fait que ce village était totalement vidé d’un quelconque signe de vie. J’ai amené ma famille au village en 1994 mes enfants ont dit qu’ils voulaient retourner à leurs terres. Le massacre a renforcé leur sentiment d’appartenance et ils n’en ont pas eu peur »

C’était les paroles de Haj Samir Abdelaziz Salah qui habitait ce village de Baîtine à l’est de la ville de Ramallah au cœur de la Cisjordanie occupée. Sa famille et lui ont été chassés de la ville de Dir Yassine qui a vécu le pire massacre qu’a commis l’occupation.

Des souvenirs amers

Le 9 avril est un jour essentiel dans l’histoire de la question palestinienne  qui était soumise aux britanniques et aux milices sionistes pendant que les arabes étaient dans un sommeil profond malgré le sang qui a coulé malgré les familles exilés et toutes les histoires qui n’ont pas encore été racontées.

Haj Salah président de l’association des scouts de Dir Yassine déclare à notre CPI: « Le jeudi 8 avril était le jour de la bataille de Qastal les révolutionnaires se sont réfugiés dans les villages. Les villageois se sont regroupés pour défendre le leader Abdelkader Houseîny. Un grand nombre de révolutionnaires s’est rendu au village de Qastal qui se situe à 3 ou 4 km de Dir Yassin afin de le protéger et de combattre à ses côtés ».

Pendant ces temps il y avait des altercations entre les habitants du village et des colons à Jifaat Chaoul. Quelques  hommes du village se sont rendus au village de Qastal et d’autre y sont restés afin de mener la garde. Parmi ceux qui sont parti pour défendre Houseîny il y avait mon père Abdelaziz Salah il a été touché par huit balles au bas du ventre lors d’une guerre non équilibrée à cause du manque de soutien des arabes et le faible nombre des groupuscule de résistance ».

Salah poursuit « les troupes juives ont atteint le village à 2h30 du matin avec des véhicules blindés et des chars qu’ils avaient pris aux britanniques avant leur retrait de la Palestine. Les colons extrémistes se sont réunis sous le commandement de Menahem Begin et Isaac Shamir. Ils étaient les leaders des troupes de Shatrine et Lehy  et ils ont attaqué le villages selon trois axes de l’est du nord et du sud ».

Il souligne que « l’éveil des jeunes a fait échouer leur plans et se sont battus contre les soldats ils ont fait face aux colonisateurs et ont défendu le village avec les moyens du bord. Il avait deux pistolets mitraillettes de type berne. Le premier était chez Amer Hamida et s’en était fort bien servi le second était chez Mohamed Othmane Hamida ils ont résisté de façon héroïque jusqu’à ce qu’ils eurent un peu de temps ».

« Quand les munitions ont manqué les combattants sont sortis du villages après une lutte qui a duré 12 heures. C’est après cela que les juifs ont violé le village et ont entamé le massacre. Ils ont tué et égorgé les femmes les enfants et les vieillards qui étaient encore présents. Le résultat de ce massacre était de 96 dont 93 du village et 3 de l’extérieur du village : c’étaient un instituteur de la famille Balbissi de Jérusalem ainsi qu’un homme d’Hébron accompagné de son fils. Les martyrs étaient issus des familles de Zahrane Hamida Yassini et d’autres encore malgré le fait que le nombre des habitants de ce village soit de 700 personnes uniquement »

De son côté Haja Oum Said Zaydane rescapée de la boucherie déclare à notre CPI: « après avoir exilé tous les habitants ils ont emprisonné 25 femmes qui brandissaient des drapeaux blancs ils les ont incarcérées ils ont dansé comme victorieux alors qu’elles étaient dans leur bus puis les ont relâchées près de Bab Amoud à Masrara »

Haja Zaydane a raconté la migration des habitants vers les zones de Salwane Chaafat et Abou Dis à Jérusalem occupée et ensuite vers Aqba Jabar à Jéricho et Beïtine à Ramallah.

Camoufler le crime

Des habitants du village qui étaient témoins du massacre racontent à leurs enfants qui connaissent de leur Nakba par cœur que le village est toujours vide d’une quelconque action colonialiste mais l’occupation brouille les monuments petit à petit.

Haj Ahmad Hamidane déclare égalemment à notre CPI: « Je me souviens lorsque j’avais 5 ans ma mère disait que la Qestal a été perdu et qu’ils attaqueront surement Dir Yassin. Ma mère a eu peur pour nous elle nous a alors pris de ce village vers celui de Ardh Oum Al-Mich de peur de ce qu’il pouvait arriver dans le village dans le cadre des rumeurs selon lesquelles il se produira un génocide que l’or sera volé les femmes violées et les enfants kidnappés ».

Hamida souligne que l’occupation a volontairement changé quelques monuments afin de camoufler son crime dont la résonance est parvenue aux oreilles du monde entier.  

 « L’occupation a posé des barbelés sur les maisons qui se trouvent à l’intérieur du village ils ont interdit de s’y rendre ils y ont construit un hôpital pour les maladies psychiatriques  et ont interdit aux citoyens de rentrer dans le village 66 ans après les avoir blessés » a-t-elle ainsi souligné. 

Les chants de mon père continent à hanter nos oreilles alors qu’il était sur son lit de mort il répétait « nous avons patienté comme a patienté Ayoub  mais Dir Yassine est gravé dans notre mémoire… Dans une semaine nous y retournerons mais les années sont longues je me lamente sur la position des Arabes qui ont facilité l’existence des massacres suivis de massacres même à notre époque à cause de leur recul et leur indifférence face aux cris des femmes et des enfants ».

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