Du 13 au 20 juin 2009 le Comité Action Palestine propose une semaine de débats autour du thème de la Palestine et du fait colonial en général. En lien avec plusieurs associations le CAP organisera chaque soir des moments de réflexion ouverts au public avec des personnalités qui militent en faveur de l’auto-détermination du peuple palestinien et contre toutes les formes de colonialisme. Cette semaine se terminera par un concert de soutien à la résistance palestinienne avec le groupe de rap « Ministère des Affaires Populaires » (MAP) et le groupe « Fils du Béton et Khalifrat ».
S’il n’existe pas de savoir neutre (même le savoir le plus « objectif » en apparence contient une vision politique) il ne peut non plus exister à notre sens un engagement militant qui ne soit porté par une réflexion théorique sur l’oppression en général et l’oppression coloniale et néocoloniale en particulier.
Ce Forum sur la Palestine sera l’occasion de traiter différents thèmes : le colonialisme ; la nature du sionisme et ses objectifs ; le lien entre le sionisme et l’impérialisme occidental ; l’évolution de la résistance palestinienne ; la nature de la société coloniale juive ; la mobilisation en France des minorités issues de la colonisation en faveur de la cause de la résistance palestinienne l’expérience « chaviste » au titre de son combat contre l’impérialisme et du soutien du Venezuela à la cause du peuple palestinien.
Le CAP considère qu’il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de multiplier les initiatives de ce type pour élargir la connaissance des mécanismes de l’oppression coloniale et néocoloniale au-delà du petit cercle de militants. Il considère surtout que le combat politique en faveur de la cause du peuple palestinien est un combat qui se mène également ici en France. Sur un double front : la dénonciation du sionisme français et une activité d’information qui renforce la prise de conscience. Parce que le faire et le comprendre l’action et la théorie sont intimement liés le forum sur la Palestine n’a d’autres impératifs que de fournir des outils de compréhension des enjeux à tous ceux qui militent en faveur de l’émancipation des peuples ici ou là-bas.
Calendrier de la semaine :
Samedi 13 juin à 19h00
« Chavez les médias et nous » avec Michel Collon et la participation de Dardo Scavino
suivie à 21h00 de la projection du film de Thierry Deronne
« Le passage des Andes »
au cinéma Jean Eustache à Pessac (Tram B arrêt Gare de Pessac).
En lien avec France Amérique Latine
Lundi 15 juin à 19h00
« Moyen Orient : quel est le jeu des puissances occidentales ?i> » avec Michel Collon
Université de Bordeaux II place de la Victoire Bordeaux (Tram B arrêt Victoire)
En lien avec France Amérique Latine et le Cercle des Universitaires et Artistes Algériens de Bordeaux
Mardi 16 juin à 19h30
«L’histoire de la Résistance Palestinienne» avec Raghida Ousseiran
Centre Social Alain Couderc de Saige à Pessac (tram B arrêt Saige).
Mercredi 17 juin à 19h30
« La nature de la société coloniale israélienne » avec Fida Abu Ata
Athénée municipal (place St Christoly Bordeaux Tram A et B arrêt Hôtel de ville).
En lien avec ITTIJAH
Jeudi 18 juin à 19h30
« Qu’est ce que le colonialisme ? » avec Mohamed Tahar Bensaada et la participation de Nadine Rosa Rosso
Athénée municipal place St Christoly Bordeaux
En lien avec ISM-France et Survie
Vendredi 19 juin à 19h30
« La France : minorités issues des anciennes colonies et soutien à la cause palestinienne » avec Saïd Bouamama
Salle Paul Langevin 129 bis Rue Lauriol Bègles
En lien avec Delaba&Dissi
Samedi 20 juin
. 10h00
« La France société néocoloniale ? » avec Sadri Khiari
Blabladej au Centre social Génicart (4 place de la Révolution française Lormont tram A arrêt Gravettes).
En lien avec l’association Didée
. 20h00
En soutien à l’autodétermination et à la résistance du peuple palestinien
Grand concert de rap avec le Ministère des Affaires Populaires
Première partie : Fils du Béton + Khalifrat
RockSchool Barbey 18 cours Barbey à Bordeaux.
Concert : prix des places 10 euros (8 euros tarif de groupe > 10 personnes). La vente des billets est ouverte auprès de la FNAC et du Comité Action Palestine.
Manifeste politique du Forum Palestine
Le Comité Action Palestine lance un projet de réflexion et de débats autour du thème de la Palestine et du fait colonial en général. Du 14 au 19 juin le CAP compte organiser chaque soir des moments de réflexion ouverts au public avec des personnalités qui militent en faveur de l’auto-détermination du peuple palestinien et contre toutes les formes de colonialisme. S’il n’existe pas de savoir neutre (même le savoir le plus « objectif » en apparence contient une vision politique) il ne peut non plus exister à notre sens un engagement militant qui ne soit porté par une réflexion théorique sur l’oppression en général et l’oppression coloniale et néocoloniale en particulier.
La centralité de la cause palestinienne s’explique non seulement par le caractère dramatique de la situation des Palestiniens mais aussi par les formes multiples et combinées qu’emprunte la domination sioniste : elle renvoie à l’occupation coloniale et à la question de l’épuration ethnique aux rapports Nord/Sud {la dimension de la domination économique et culturelle occidentale} et enfin à la place du fait religieux dans ce contexte de lutte sans merci.
Depuis 1948 l’observation historique montre que le modèle colonial sioniste repose sur des formes coloniales qui ont prévalu dans d’autres zones géographiques. Pour le militant et intellectuel palestinien Azmi Bishara « le colonialisme sioniste occupe l’espace entre deux modèles disparus – ceux fournis par l’Afrique du Sud et la France coloniale en Algérie. Ce n’est pas un mélange des deux mais plutôt une distillation du pire de chacun… » C’est un modèle politique où les colonisés subissent à la fois la ségrégation et la séparation physique matérialisée par le mur les barrières les check-points etc. Azmi Bishara fait même la comparaison avec le fascisme : « Il est difficile de décrire le dédale de murs et de barrières construit à proximité de Jérusalem. Il est difficile d’imaginer sa laideur destinée à contrôler les gens et la terre : des portes et des tours de guets des doubles murs des clôtures barbelées et électriques. Ce que nous avons ici est une re-création moderne à grande échelle de ce que Giorgio Agamben a appelé l’essence de l’état fasciste moderne. C’est un lieu où l’exception devient la règle et où l’état d’urgence est permanent pour reprendre les mots de Walter Benjamin ».
Pour le sionisme la ségrégation raciale n’est-elle qu’une étape un moment transitoire vers la destruction du peuple autochtone ? L’objectif du sionisme serait-il similaire à celui de la colonisation de l’Amérique du Nord et de l’Australie ? La judaïsation c’est-à-dire l’expulsion des Palestiniens à l’œuvre dans certaines villes de Cisjordanie mais aussi dans les territoires de 48 constitue des faits qui vont dans ce sens.
Cette spécificité du sionisme comme objet politique difficilement identifiable est renforcée par le soutien inconditionnel des Etats occidentaux et notamment des Etats-Unis. En effet le sionisme ne peut s’analyser sans décrypter les enjeux impérialistes dont il est la sécrétion : pour le bloc impérialiste il s’agit de soutenir une entité occidentale dans un environnement arabe et musulman qui joue le rôle de gendarme pour défendre notamment les intérêts économiques occidentaux. Les guerres de 1948 de 1967 et de 1973 celles de 1982 et 2006 au Liban la destruction de l’Irak par Américains interposés les menaces qui pèsent sur l’Iran montrent en effet que l’État sioniste a comme démarche la guerre permanente et pour objectif la domination dans la région. Comme le soulignait déjà le fondateur et le théoricien du mouvement sioniste T. Herzl l’État juif joue le rôle de sentinelle du « monde civilisé » au Moyen-Orient.
Mais cet Etat à propulsion génocidaire a rencontré une farouche résistance. Son échec face à la résistance à Gaza en 200 5 et 2009 mais aussi face à la résistance libanaise en 2000 et 2006 constitue une rupture historique. Depuis 1948 l’Etat sioniste a défait des armées arabes mais a échoué face à une résistance populaire au sein même des territoires occupés. Afin de comprendre ces faits historiques nouveaux il importe aujourd’hui de faire une sociologie historique mettant en perspective l’évolution ainsi que les ruptures de la résistance palestinienne.
Il existe une autre dimension peu mise en relief ou analysée : la nature de la société coloniale. Le mouvement antisioniste a privilégié une approche par le haut du sionisme {la nature de l’Etat sioniste} aux dépends d’une approche par le bas {la nature de la société coloniale}. Au-delà du caractère segmentaire d’un tel type de société comment comprendre l’adhésion massive des juifs israéliens au projet sioniste ? Le carnage commis à Gaza a reçu un soutien quasi unanime parmi les juifs d’Israël. Et l’histoire montre que la légitimité « populaire » d’un homme politique israélien tient à son engagement radical contre la résistance du peuple palestinien ; ce que les médias appellent la « droitisation » de la classe politique sioniste israélienne. L’explication commune souvent défendue par les mouvements dits pro-palestiniens impute ce comportement à la propagande sioniste. Mais peut-on envisager une autre hypothèse de nature structurelle qui met plutôt l’accent sur le caractère propre à toute société coloniale : sa radicalisation dès lors que ses privilèges et donc son existence sont remis en cause ?
Cette radicalisation de la société coloniale se mesure aussi au traitement réservé à cette composante du peuple palestinien qui est restée en Israël après la purification ethnique de 1948. En effet plusieurs personnalités politiques israéliennes se sont prononcées pour le transfert des Palestiniens de 1948 qui vivent depuis la fondation de l’État sioniste le racisme et la discrimination.
Racisme et discrimination sont des mécanismes sociaux de domination qui ne sont pas propres à la société coloniale. Au sein de la société française ces mécanismes sont toujours à l’œuvre.
Peut-on dire alors que les minorités issues des anciennes colonies sont soumises à des formes nouvelles de gestion coloniale ? Ce paramètre est-il pertinent pour expliquer la mobilisation de ces populations en faveur de la cause palestinienne ? Se joue-t-il ici des mécanismes d’identification entre les classes populaires issues des anciennes colonies et la cause du peuple palestinien ?
Ce Forum sur la Palestine sera l’occasion de traiter ces différents thèmes : la nature du sionisme et ses objectifs ; le lien entre le sionisme et l’impérialisme occidental ; l’évolution de la résistance palestinienne ; la nature de la société coloniale juive ; la mobilisation en France des minorités issues de la colonisation en faveur de la cause de la résistance palestinienne.
Le CAP considère qu’il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de multiplier les initiatives de ce type pour élargir la connaissance des mécanismes de l’oppression coloniale et néocoloniale au-delà du petit cercle de militants. Il considère surtout que le combat politique en faveur de la cause du peuple palestinien est un combat qui se mène également ici en France. Sur un double front : la dénonciation du sionisme français et une activité d’information qui renforce la prise de conscience.
Parce que le faire et le comprendre l’action et la théorie sont intimement liés le forum sur la Palestine n’a d’autres impératifs que de fournir des outils de compréhension des enjeux à tous ceux qui militent en faveur de l’émancipation des peuples ici ou là-bas.
COMITE ACTION PALESTINE
6 bis rue de Janeau
33100 BORDEAUX
06 74 60 02 36
[email protected]
www.comiteactionpalestine.org
Source : Comité Action Palestine