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Le « droit au retour » : Terreur de la pensée politique israélienne

lundi 26-mars-2007

Nous avons supporté les conditions et « lignes rouges » israéliennes concernant l’initiative de paix arabe dont l’article concernant le droit au retour des réfugiés palestiniens qui fut remplacé par l’ouverture d’un dialogue politico-médiatique en Israël sur cette question.  

En effet depuis l’émergence de la question des réfugiés palestiniens suite à la catastrophe de 1948 les leaderships politique et militaire israéliens ont adopté une politique méthodique claire ainsi qu’un discours médiatique visible inchangé jusqu’à nos jours en refusant totalement tout droit au retour des réfugiés palestiniens et en agissant au niveau de la communauté internationale contre cette demande considérée par l’ensemble des israéliens comme une menace stratégique à leur Etat. 

Ceci montre que les israéliens ont géré et gèrent encore le dossier des réfugiés politiquement diplomatiquement et médiatiquement comme étant le plus dangereux des dossiers d’après 1948.

Cette question est à l’origine des inquiétudes et cauchemars vis-à-vis du futur de l’Etat hébreux et c’est pourquoi il est difficile de trouver un responsable israélien prêt à écouter ou à étudier la question du droit de retour des réfugiés palestiniens.

Tous ne parlent que de la manière avec laquelle ces réfugiés seront « nationalisés » dans leurs Etats d’accueil afin d’en terminer avec eux une fois pour toute. 

Ainsi l’échiquier politique israélien dans son ensemble de l’extrême droite à l’extrême gauche des Rabbins à Meretz de plus petit soldat au général tous refusent le principe du retour des réfugiés palestiniens.

Durant ces dernières années depuis les années des négociations politiques stériles jusqu’à la « feuille de route » que certains endossèrent dans le processus de négociation aucun changement n’a eut lieu que ce soit sur le plan politique ou idéologique à l’égard du droit de retour des réfugiés ni même en ce qui concerne le regard humain (et non politique) porté à l’égard de ces réfugiés… pas même sur le plan médiatique.

La société israélienne bâtie par les armes et la terreur n’a connue aucun changement remarquable par rapport à cette problématique ; et si certains écrits et voix isolés ici ou là apparaissent en demandant le « droit au retour aux palestiniens comme il est le cas pour les juifs » ils sont très vite étouffés dès le début.  

La position israélienne de rejet du droit de retour des réfugiés s’est basée dès les débuts sur des quantités accumulées d’écrits et de communiqués politiques et médiatiques ininterrompus depuis l’émergence du problème.  

L’information la plus dangereuse vis-à-vis de la position israélienne est sans doute celle avancée par le D. Elia Zeriq dans son étude intitulée : « les réfugiés palestiniens et le processus politique » (al Destour le 28/9/1997) où il indique :

« Le 5 juin 1948 Joseph Fayez président de la caisse nationale juive rencontre Ben Gurion premier chef de gouvernement de l’Etat d’Israël et propose un plan pratique qui empêcherait tout retour possible à leurs maisons des réfugiés palestiniens en créant une situation de facto qui préviendrait le retour :

1-     La destruction par des opérations militaires du plus grand nombre possible de villages arabes.

2-     Empêcher les arabes de travailler à nouveau leurs terres abandonnées en interdisant la récolte ou l’agriculture.

3-     Faire en sorte de prévenir la création de « vides » en installant des colons juifs dans certaines villes et villages arabes abandonnés.

4-     Promulgation de lois interdisant le retour des réfugiés.

5-     Lancement de campagnes médiatiques contre le retour des réfugiés.

6-     Aider les pays arabes à intégrer les réfugiés.  

Ben Gurion accepta l’ensemble du plan à l’exception de la dernière disposition qui n’était pas à l’époque au sommet de ses priorités.

Cependant il a étudié et débattu en profondeur ce plan lors d’un meeting tenu le 26 Août 1948 en annonçant que le retour des réfugiés doit être empêché car ceux-ci constitueront une catégorie d’espions potentiels dont les Etats arabes devraient gérer leurs affaires et qu’Israël ne doit pas plier face aux pressions de la communauté internationale.  

Quelques semaines plus tard le premier ministre des affaires étrangères d’Israël : Moshé Shertok (Sharett) annonça aux médias son refus des recommandations du Compte Bernadotte pour le retour des réfugiés.

Bernadotte fut l’intermédiaire des Nations Unies en Palestine afin d’arriver à une solution pacifique au conflit et afin de garantir la sécurité de ses habitants (cf. La décision 186 annexe 2 de l’Assemblée Générale des Nations Unies prise le 14 avril 1948).

La position israéliennes a ensuite dépassée toutes les décisions traités et lignes rouges en demandant aux palestiniens de « renoncer au droit de retour s’ils veulent parvenir à une solution politique ».  

Le général réserviste Shlomo Gazet chercheur israélien en Stratégie exprime très bien la position officielle israélienne quand il écrit dans le quotidien Ma’ariv : 

« Tout ceux qui souhaite une solution aux conflit israélo-arabe savent très bien qu’il n’y aurait jamais de paix réelle tant que la question des réfugiés palestiniens ne serait pas réglée.

Il y a dans la région des millions de réfugiés qui restent sans logis ni solutions depuis 1948 victimes de la guerre et des provocations politiques arabes. 

Gazet conclue : « Des concessions palestiniennes et arabes sur ce point précis seraient une preuve formelle que les arabes acceptent  l’existence d’Israël et qu’ils sont désespérés de pouvoir l’anéantir».  

L’écrivain et chercheur en stratégie Amos Galbo dans un article publié dans Ma’ariv insiste sur les mêmes implications en affirmant : « le droit au retour des palestiniens signifie clairement la fin de l’Etat hébreux ».

 Moshé Chakah le ministre de l’énergie israélien avait affirmé à l’époque : « l’abandon par les palestiniens du droit au retour et du terrorisme sont les conditions de tout retour aux négociations » (quotidien Haaretz).  

L’un des pôles du camp de la paix en Israël : Are Aveneri explique les raisons des attaques contre le droit du retour en affirmant dans un article paru dans « Ha’olam Hezia » que ce droit « terrorise les israéliens ».

C’est pourquoi certains écrivains politiques et chercheurs israéliens dont le D. Yohanan Bader ont écrit dans Ma’arif : « Tant que le palestinien met en avant son droit au retour l’israélien répondra : voici la preuve formelle qu’il n’y a pas de solution possible au conflit et qu’il n’y a pas moyen de discuter : ce que les palestiniens veulent c’est Yafa ».

Ainsi grâce à cette étude de la pensée politique et des propositions et projets politiques et médiatiques israéliens on note que ces idées et ces projets sont acceptés quasiment unanimement dans la scène politique d’Israël.

Ces projets appèlent à la destruction totale de la question des réfugiés par tous les moyens possibles : soit par la « nationalisation » et l’intégration des réfugiés dans les pays arabes soit par les dédommagements.

C’est en se basant sur cette pensée intellectuelle et politique israélienne que les gouvernements israéliens successifs ont insistés sur la renonciation aux demandes palestiniennes et arabes concernant le droit de retour comme condition préalable au lancement de toutes négociations de paix.

C’est en se basant sur ces mêmes principes que le gouvernement israélien actuel refuse de se lancer dans toute discussion sur la question des réfugiés.

Ceci doit pousser les palestiniens et les arabes à rechercher d’autres solutions efficientes autres que les négociations stériles qui ne bougerons pas le moindre soldat sioniste de la terre d’al Quds et qui ne permettront pas le retour du moindre réfugié à son pays et sa maison à sa terre en Palestine occupée en 1948.   

Journal Jordanien al Destour 19/3/2007.

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