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Quel avenir pour les réfugiés palestiniens?

mercredi 9-mai-2018

Les manifestations de ces derniers vendredis à Gaza nous rappellent l’importance centrale de la question des réfugiés dans le conflit israélo-palestinien. Appelées «marches du retour» elles rassemblent chaque fois 30 000 à 40 000 personnes.
Après la résolution du Conseil de sécurité sur le partage de la Palestine (1947) une guerre éclate entre les juifs et les Etats arabes qui eux ont rejeté la résolution. Durant cette guerre les organisations juives armées ont contraint des populations palestiniennes à quitter leurs villages. Selon Benny Morris historien israélien 228 villages sur 369 ont été vidés de leur population arabe et 750 000 Palestiniens ont été forcés à se déplacer ou à s’exiler auxquels s’ajouteront 245 000 autres réfugiés au moment de la guerre des Six-Jours (1967).
Aujourd’hui les réfugiés sont au nombre de 3 millions: un tiers vit dans des camps au Liban en Jordanie en Irak et en Syrie et les deux autres millions s’entassent dans des camps à Gaza et en Cisjordanie. Au total à peu près la moitié de la population palestinienne est réfugiée ou déplacée ce qui constitue l’une des questions cruciales de la problématique israélo-palestinienne. Cette population qui vit dans la précarité ressent comme une profonde injustice le fait d’avoir dû quitter son foyer et d’avoir tout perdu pour vivre dans des camps. Cela explique pourquoi le Hamas djihadiste y a tellement de succès et que c’est d’un camp de Gaza (Jabalya) qu’est partie la première Intifada (décembre 1987). Actuellement le gros des troupes des «marches du retour» est formé de jeunes des camps gazaouis.
En 1948 l’Assemblée générale de l’ONU s’était préoccupée du sort des réfugiés en ces termes: «Il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible… et des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer et pour tout bien perdu ou endommagé.» Cette résolution n’a jamais été appliquée et depuis la communauté internationale ne s’est plus jamais intéressée à cette question. Sur le plan humanitaire l’UNRWA (organisation pour les réfugiés palestiniens) a été créée en 1949 pour organiser et financer les services sociaux de santé et d’éducation. Sur le plan politique cependant rien n’a été fait et les accords d’Oslo (1993) ont délibérément mis la question de côté.
Cette absence d’initiative politique est une catastrophe car les camps sont une véritable bombe à retardement qui empêche toute résolution du conflit. Il serait nécessaire qu’Israël reconnaisse enfin ce problème qui découle de la création de son Etat. Bien sûr tous les réfugiés ne pourront pas rentrer en Palestine mais l’UE et les Etats-Unis avec Israël ont le devoir de trouver des arrangements pour que soit accordé aux réfugiés palestiniens dans les divers pays un statut national comme c’est déjà le cas en Jordanie.
On en est bien loin et aucun des acteurs concernés ne semble être conscient de la gravité de cette problématique des réfugiés pourtant l’une des clés de la solution au conflit.

www.laliberte.ch

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